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Alpes du Sud : portrait de femmes, quand la parité en politique n’avait pas de sens

POLITIQUE / Toute cette semaine, Alpes 1 dresse le portrait de femmes d'actions avec la semaine internationale de lutte des femmes, pour l'égalité des droits. Portrait aujourd’hui d’Henriette Martinez, première femme élue au conseil départemental des Hautes-Alpes et première députée des Alpes du Sud.

 

- Alpes du Sud -

 

Une semaine sur Alpes 1 en faveur de la journée internationale du droit des femmes. La radio des Alpes du Sud poursuit sa série sur ces femmes remarquables dans nos départements. Après le tourisme, le sport, l’agriculture et l’économie, dernier épisode avec la politique. Alors qu’en 2017, les Alpes de Haute-Provence voyait la première femme élue au poste de députée, avec l’élection de Delphine Bagarry, les Hautes-Alpes ont su passer le cap 24 ans plus tôt avec l’arrivée à l’Assemblée Nationale d’Henriette Martinez.

Une femme politique qui aura ouvert la voie, à une époque où « le mot parité n’existait pas, dans un monde exclusivement masculin où les femmes n’étaient pas les bienvenues. » Mais la fille du quincailler, née le 10 juillet 1949 à Laragne-Montéglin, a su avoir les reins assez solides pour se battre dans la cour des hommes. Parfois inflexible, quelquefois cinglante avec ses adversaires, mais aussi au sein de sa famille politique lorsqu’elle a présidé durant une vingtaine d’années la droite départementale (entre RRP et UMP).  Henriette Martinez espère surtout qu'à l'avenir « il n’y aura plus besoin de loi pour imposer les femmes, mais que les femmes s’imposeront d’elles-mêmes ».

 

« Loyale et fidèle à ses convictions , elle a été la 1ère femme à s’imposer sur la scène politique haut-alpine... à la force des poignets à une époque bien macho et pour cela elle mérite le respect », Joël Giraud, député (LREM) des Hautes-Alpes.

 

Bio express :

Elle est candidate pour la première fois en 1989, à l’occasion de l’élection municipale de Laragne-Montéglin. Élue, elle entre au conseil municipal. En 1991, elle devient maire, en cours de mandature, après le décès à 67 ans de Pierre Bini. Elle conserve ce siège à trois reprises, en 1995, 2001 et 2014. Un siège d’édile dont elle fut dépossédée en 2008, par le socialiste Auguste Truphème, s’installant alors dans le fauteuil de l’opposition. L’un de ses « plus grands échecs politiques » de son propre aveu.

Elle sera également présidente de la Communauté de communes du Laragnais, de sa création en 1995 jusqu’en 2008, avant d’occuper la place de vice-présidente de la nouvelle intercommunalité du Sisteronais-Buëch en 2017.

Une année 1991 qui fit date dans les Hautes-Alpes, puisque là aussi, suite au décès de Pierre Bini, Henriette Martinez est la première femme élue à siéger au sein du conseil général des Hautes-Alpes (canton de Laragne-Montéglin). Une accession qui ne sera pas due qu’au hasard, puisqu’elle sera cette fois élue sur son nom en 1994, mais ne sera pas candidate à sa succession en 2001.

Elle est également à deux reprises conseillère régionale de Provence-Alpes-Côte-d'Azur. La première fois entre 1992 et 1993, la seconde entre 1998 et 2004. Et encore une fois, elle sera la première femme élue à la région sur une liste nominative.

Au niveau national, Henriette Martinez est élue députée de la première circonscription des Hautes-Alpes en 1993 et signe l’arrivée de la première parlementaire des Alpes du Sud au sein du palais Bourdon. Après avoir dû s’incliner en 1997, elle retrouve son siège lors du scrutin de 2002 et est réélue en 2007. Trois mandats de parlementaire à son actif, elle renoncera en 2012, pour laisser la place à une autre femme, la socialiste Karine Berger. À l’Assemblée Nationale, elle est membre du groupe Union pour un Mouvement Populaire (UMP) et de la commission des Affaires étrangères. Parmi ses grands engagements : la protection de l'enfance, la francophonie, l'aide au développement, ou encore le droit de mourir et plus localement l’A51 et le pastoralisme.

 

Henriette Martinez lors de sa campagne aux légisaltives de 1993.

 

Une carrière politique placée sous le symbole du gaullisme, dont le mentor politique fut Joseph Comiti (ex- secrétaire d'État sous la présidence de Charles de Gaulle) et dont l’événement politique le plus marquant fut « l'élection de Jacques Chirac, en 1995. » Avec comme dernier combat politique : la campagne de François Fillon pour la présidentielle de 2017. Un combat perdu, mais une amitié et un soutien qu’elle n’aura jamais retiré à l’ex-premier ministre de Nicolas Sarkozy.

 

« Elle ferait mieux de s’occuper de ses gosses et de sa famille »

Nous somme en 1983, Michel Sardou chante déjà depuis 2 ans « Femme des années 80 » et Henriette Martinez décide de s’engager dans un monde d’hommes qui affichent la couleur :

Voilà à quoi se résumait la place de la femme en politique, quant au début des années 80 Henriette Martinez décide de se lancer… bien loin donc de l’idée de la parité votée en 2000. Elle, qui fit la fierté de son père, mais s’ouvrant à plus d’inquiétudes du côté d'une mère femme au foyer, a donc dû faire preuve de volonté personnelle :

Si la situation a progressé depuis, de grè ou de force, le seul regret du maire de Laragne est de savoir qu’il faut encore des lois pour que les femmes puissent se faire une place dans la société. Une société française qui, selon elle, a maintenant « bien compris que les femmes ne valaient pas la moitié d’un homme.» Alors, face à un certain complexe féminin ancré par des années de rôle relégué au second plan, Henriette Martinez appelle les femmes à ne plus baisser la tête, souhaitant qu’elles soient maintenant non plus jugées sur leurs appartenances, mais sur leurs compétences.

D’ailleurs, la loi sur la parité, Henriette Martinez ne l’a pas vue arriver d’un bon œil. Une loi qu'elle vivra comme une certaine reconnaissance d’un handicap quand on née femme.

Une vie politique qu’a dû embrasser Henriette Martinez en même temps que sa vie de femme, divorcée et mère de deux enfants entre Paris et Hautes-Alpes, avec un lourd sentiment de négligence alors que les moyens de communication ne se conjuguaient pas encore entre smartphones, Internet et autres Skype. Des enfants qui se sont vite rendus compte de la liberté dont ils pouvaient jouir. Une liberté mais pas un abandon ouvert à toute inattention de la part d’une élue jonglant alors entre fauteuils rouges de l’Assemblée et devoirs à distance.

Des remords parfois face « un engagement qui fut total » entamé il y a 34 ans, afin de « s’occuper des autres et d’agir pour la société » dont seule Henriette Martinez connaît l’épilogue, mais dont elle ne dévoile pas encore la date… Alors, encore une campagne municipale pour 2020 ?

L’âge le permettrait, la volonté de porter encore des dossiers pour sa commune, certainement. Ses amis politiques n’en doutent pas : « elle fera encore une campagne pour Laragne ». Et pourquoi pas face à un autre Laragnais, l’ancien président de la CCI des Hautes-Alpes, Maurice Brun… Mais c’est un autre épisode politique.

 

A. Cam