- Hautes-Alpes -
À la barre, aucun aveu. Aucune reconnaissance des faits. L’assistante maternelle nie, non elle n’a pas secoué ces deux bébés, ces deux frères désormais âgés de 4 et 7 ans qu’elle gardait en 2010 puis en 2012. Non, elle met en avant auprès du tribunal son expérience professionnelle longue de 23 ans, la centaine d’enfants qu’elle a accueillis depuis le début de sa carrière à son domicile. Ses agréments consécutifs qu’elle a obtenus sans difficulté de la part du Conseil Départemental. Pourtant, pour le substitut du Procureur, « l’imputabilité ne fait aucun doute, l’auteure des faits est devant nous ».
« Augmentation anormale du périmètre crânien, anémie, vomissements, hématome sous-dural » : le diagnostic du bébé secoué tombe pour les deux frères
Car les conclusions de deux experts parisiens spécialisés dans le syndrome du bébé secoué sont formelles : les deux frères en ont bien été victimes, à deux années d’intervalle. En apportant une précision essentielle dans cette enquête : les syndromes interviennent immédiatement après que le bébé ait été secoué. Même si l’assistante maternelle tente à la barre de se défausser en insinuant que les parents pouvaient en être les auteurs, « je ne sais pas ce qu’il se passe derrière la porte des parents une fois fermées », les faits rappelés par le président du tribunal parlent d’eux-mêmes. Chaque fois que le plus jeune des frères a enduré des vomissements, malaises ou pertes de connaissances, comme ce fameux jour de janvier 2013 où il est hospitalisé en urgence à La Timone à Marseille et subit plusieurs opérations suite à un hématome sous-dural, chaque fois il était au domicile de la nounou. Tout comme son frère deux ans auparavant.
« La nounou balançait énergiquement avec le pied le transat de ma fille », témoigne une mère
Des faits parlants donc, et des témoignages accablants contre cette femme de 45 ans. Comme cette scène où une maman retrouve sa fille en larmes, assise dans un transat, l’assistante maternelle la balançant « énergiquement avec son pied ». Comme encore ces parents ayant relevé des pleurs anormaux, des vomissements et des hématomes sur leurs enfants. Ou bien un voisin témoignant de hurlements contre un bébé parce qu’il aurait vomi. Des « ragots » pour la défense, « un comportement inqualifiable et un préjudice immense », pour l’avocate des parents, Maître Lourenço qui demande que justice soit faite et reconnaissance du statut de victimes.
« On condamne une innocente », Maître Ludot
Quant à Maitre Ludot, avocat de la défense, il demande la relaxe expliquant que le lien entre les victimes et l’assistante maternelle n’est pas établi. Bien loin donc des réquisitions du parquet qui requiert cinq ans d’emprisonnement dont un ferme et l’interdiction définitive d’exercer une activité en lien avec les enfants. Un dernier point qui sera suivi par les magistrats du tribunal correctionnel de Gap, mais qui condamne la prévenue à 3 ans de prison délictuelle, dont 30 mois avec sursis. La défense a d’ores et déjà annoncé faire appel de cette décision, « on condamne une innocente » a réagi Maître Ludot.