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Le retour des débats sur le statut du loup depuis le vote européen

Le retour des débats sur le statut du loup depuis le vote européen

ENVIRONNEMENT / Si les éleveurs poussent un enfin de soulagement, les associations de défense s'inquiètent pour l'animal. Les chercheurs cherchent une voie intermédiaire

 

- Région -

L’Europe a donc dit oui la semaine dernière pour déclasser le loup. Un vote attendu depuis longtemps pour les partisans du déclassement. Il y a quelques années, la Région PACA avait étudié ce déclassement avec un cabinet d’avocats, en vain à l’époque. Une attente qui s’est avérée fructueuse avec ce vote la semaine dernières des États membres de l’Union Européenne. Ce passage d’espèce strictement protégée à protégée fait renaître le débat avec un peu plus de vigueur mais aussi des nuances de part et d’autre.

Parmi les défenseurs des canidés, Ferus, qui voit en ce vote une véritable menace. « On ouvre la boite de Pandore » pour l’association. Si elle se dit bien consciente des difficultés des éleveurs, elle estime que déclasser le loup « faciliterait radicalement un abattage massif et le recours systématique et abusif aux autorisations de tirs ». Pour la SAPN, la Société Alpine de Protection de la Nature dans les Hautes-Alpes, et sa référente loup Catherine Boutheron, on prône encore le triptyque clôtures-patous-berger.

 

« Le tir reste la solution ultime en cas d’attaque. On prône vraiment la protection sur place avec les chiens, les bergers et les clôtures. C’est la solution qui semble le mieux marcher » C. Boutheron

 

"Éduquer le loup"

De l’autre côté, les syndicats d’exploitants agricoles qui poussent un « enfin », à l’image de Laurent Depieds, président de la FDSEA des Alpes de Haute-Provence, également numéro 1 de l’organisation au niveau régional. 

 

« L’idée c'est de mettre en place un système qui éduque le loup et que le loup comprenne que lorsqu'il s'approche des troupeaux, il est en danger » L. Depieds

 

« Eduquer le loup » comme le déclare Laurent Depieds. Jusqu’il y a peu en arrière, ceux qui étaient opposés au canidé y voyaient une vulgarité, une utopie. Ils y reviendraient donc peu à peu. Une position qu’a adopté depuis longtemps COADAPHT, réseau de chercheurs sur les processus de coadaptation entre prédateurs et humains.

 

Effectuer des "tirs intelligents" pour les chercheurs

Contacté, Michel Meuret l’animateur du réseau, voit en ce déclassement potentiel un point positif : on facilite les procédures de défense et on simplifie le cadre administratif. Conséquence : moins de risques qu’un préfet ne soit systématiquement attaqué dès lors qu’il décide d’un tir.

Par contre, le réseau de chercheurs prône une forme de tirs intelligents, basés non pas sur le quota de loups présents dans telle ou telle zone, mais plutôt sur le comportement du canidé. Concrètement, s’il faut tuer un loup, autant tirer sur celui qui menace directement les troupeaux, afin d’éduquer le reste de la meute, plutôt que tuer un canidé qui passerait par chance sous le canon d’un lieutenant de louveterie. Un message que porte aussi le Champsaurin Jean-Michel Bertrand, le réalisateur qui a suivi pendant de nombreux mois les loups.

 

« Le trait du populisme c'est de donner des solutions simples à des problèmes complexes. Le fait de dire d'un côté, « Il ne faut absolument pas tuer le loup » c'est aussi débile que de dire « Si vous êtes embêtés on va tuer des loups et vous ne le serez plus » 


 

 

Le comité de la Convention de Berne doit encore approuver ce projet de déclassement en décembre prochain. Pour rappel l’an dernier en France, selon l’association Ferus, 207 loups abattus ont été décomptés sur un plafond autorisé de 209 individus. Selon l’association, 38 l’ont été dans les Alpes de Haute-Provence et 19 dans les Hautes-Alpes.

C. Cava Michard / N. Dalbera