Hautes-Alpes - Un nuage de sable au-dessus de l’Embrunais : chaque printemps, entre février et mai, le scénario se répète depuis 50 ans et la création du lac de Serre-Ponçon. Lorsque le lac est à six mètres sous sa côte optimale, le vent emporte les limons et crée un nuage de poussière. Outre les désagréments pour les habitants, avec du sable qui s’infiltre partout, les automobilistes ont aussi une visibilité très réduite. Ce fut le cas cette semaine, sur près de 25 hectares. Et cela devrait se poursuivre puisque Météo France a placé les Hautes-Alpes en vigilance jaune, pour des vents violents.
Cette année, 100.000 m3 de sédiments ont déjà été retirés de la retenue.
Du côté de la digue de Crots-Baratier, EDF procède à l’arrosage et au hersage sur 25 hectares. « Ça nous permet d’agglomérer les matériaux, de faire en sorte que les particules fines soient mises sous les particules plus lourdes. » Des mesures insuffisantes cette semaine, avec des rafales de vent à 110 km/h. « Dans ces moments-là, le phénomène de vents de sable est généralisé et ne se limite pas à cette queue de retenue. Là, les moyens qu’on a mis en œuvre sont insuffisants », reconnait sur Alpes 1 le directeur d’EDF Durance-Verdon, Franck Belotti.
Une nouvelle retenue d’eau ?
Trop de vent même pour réussir une nouvelle solution, une expérimentation balayée : « Dès le mois de juin, on avait prévu de travailler sur une solution de végétalisation. » Sur 10 hectares, le long de la digue de Crots, a été plantée une orge spécifique car « on ne peut pas planter n’importe quoi dans le lac ». « On avait prévu une orge, avec une pousse rapide, qui devait nous permettre de lutter contre le phénomène de vents de sable. Malheureusement, on a procédé à l’égrenage juste avant le vent exceptionnel ».
Alors, depuis plusieurs années, certains parlent de la création d’une retenue d’eau nouvelle, en queue de lac. « Le problème, c’est que si on met en place une digue, ça va vite devenir un obstacle à la navigation. De plus, les matériaux viendraient se stocker derrière. Immanquablement, il faudrait traiter ces matériaux, d’une manière ou d’une autre. Troisième chose, une digue à tendance à chenaliser le lit naturel de la Durance et elle ne ferait que transporter les sédiments plus loin », soit déplacer le problème. EDF qui préfère se concentrer sur la queue de la retenue du lac de Serre-Ponçon, cherchant à contenir ses matériaux volatiles.
Une réunion avec les commerçants du secteur sera organisée d’ici une quinzaine de jours, avec les représentants d’EDF, le Syndicat mixte d’aménagement du lac, le SMADESEP et les élus.