Hautes-Alpes : une prostitution assumée chez un hôtelier gapençais qui ne dit rien savoir

Hautes-Alpes : une prostitution assumée chez un hôtelier gapençais qui ne dit rien savoir

JUSTICE / Cette affaire de prostitution et de proxénétisme était, ce jeudi, au coeur de la journée d'audience du tribunal correctionnel de Gap

 

- Hautes-Alpes -

 

Tout est parti d’une procédure d’infraction pénale pour trafic de stupéfiants en novembre 2021, mais les écoutes téléphoniques ont orienté les enquêteurs de la police de Gap vers une toute autre affaire avec deux personnages principaux tout aussi différents. Renvoyés ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Gap, une Varoise de 60 ans est poursuivie pour travail dissimulé et tentative de proxénétisme, alors qu’un gérant d’un hôtel l’est pour tolérance habituelle de la prostitution du 3 avril 2019 au 6 juillet 2022. 

 

« J’aime le sexe ! Je suis addict mais je ne compte pas me soigner »

 

Ce sont avec ces propos, qui ont provoqué quelques gloussements dans la salle d’audience, que cette aide-soignante justifie son « activité d’appoint ». Une activité qu’elle pratique depuis une dizaine d’années sur Gap, mais son mode opératoire change en avril 2019 grâce au site internet Sexemodele.com. Sous le pseudonyme de « Natasha 83 », elle donne rendez-vous à de nombreux clients à un rythme de 3 à 4 hommes par jour, sur une vingtaine de nuitées par an. On compte en effet en nuitée car cette Gardéenne, qui fait 13 heures de transports en commun pour rejoindre la cité-préfecture des Hautes-Alpes, retrouve ses amants rémunérés dans les chambres 52 ou 54 de ce complexe hôtelier gapençais.

Ce ne sont pas des chambres fétiches mais bien un moyen de faire preuve de discrétion, car elles sont accessibles sans passer par la réception. Une petite entreprise qui « marche plutôt pas mal » selon ses dires avec 11.700 euros cumulés entre 2019 et 2022. Cet argent n’a bien entendu pas été déclaré et la prévenue ne s’en cache pas, mais elle nie le second chef d’accusation, la tentative de proxénétisme. Absente car sous curatelle, la victime via sa déposition assure que la sexagénaire lui a proposé 5 fois en 20 ans de suivre sa voie dans la prostitution. Des propos assumés mais prononcés sur le ton de la désinvolture afin de donner la volonté à son amie d’enfance de « trouver du boulot et arrêter de lui demander de l’argent ». Il s’agit alors du seul moment d’agacement de la part de la prévenue, lors de ce procès qui s’est également penché sur le cas de ce Gapençais de 76 ans, le gérant de l'hôtel, en lui posant une question :

 

Était-il au courant des activités de Madame dans son établissement ?

Même si l’audition laisse transparaitre une sorte d’aveu que le Parquet s’est empressé d’exploiter, il se défend « j’avais des doutes oui, mais je n’ai rien remarqué. Pour moi, c’était une réservation et ça s’arrête là ! ». Son avocat n’hésite pas pour sa part à pointer du doigt les questions orientées des enquêteurs lors de son audition car dans ce dossier, « il y a une grande place au doute alors qu’il faut caractériser les faits ». Pour la procureure de l’audience Mélodie Fevre, il n’y a pas d’hésitation, elle les considère tous les deux coupables. Avec leur casier judiciaire vierge, elle ne requiert cependant pas de prison ferme mais respectivement 12 mois de sursis et 10 mois avec une amende de 15.000 euros dont 7.000 en sursis.

 

Un délibéré plus clémént que les réquisitions

À la suite d’une après-midi chargée au tribunal correctionnel de Gap avec des affaires de violences conjugales, de refus d’obtempérer ou de trafic de stupéfiants, la présidente Sophie Boyer a finalement dévoilé en début de soirée un délibéré plus clément que les réquisitions. En effet, la Varoise est relaxée pour tentative de proxénétisme mais est bien jugée coupable pour travail dissimulé avec 10 mois de sursis. Il en va de même pour le gérant hôtelier qui écope, lui, de 6 mois avec 10.000 euros d’amende.

 

C.Lourenço