Hautes-Alpes : la parole aux "victimes" de Gilles Norotte

JUSTICE / « Ils ne se considèrent pas comme des cobayes mais pas loin quand même. En tout cas, ils ont perdu toute confiance auprès des médecins », clame l’avocat de 12 des 16 patients qui se sont constitués parties civiles

 

- Hautes-Alpes -

 

Deuxième journée de procès de l’affaire de la cimentoplastie discale et le public est toujours au rendez-vous de cette audience un peu particulière au tribunal correctionnel de Gap qui s’achèvera donc ce vendredi avec la fin des plaidoiries et le réquisitoire du procureur, Florent Crouhy. Ce jeudi, les débats se sont clairement divisés en deux temps avec une matinée où le docteur Gilles Norotte était à la barre et une après-midi dédiée aux patients qui se sont constitués parties civiles. 

 

« Cette technique n’a pas été favorable pour moi », Bruno Chevalier

 

La salle Thémis du tribunal de Gap aurait très bien pu être confondue avec une conférence universitaire face à ce qui ressemblait par moments à un cours magistral du docteur Gilles Norotte sur la cimentoplastie discale. À l’aide d’un modèle réduit de la zone opérée et même du fameux ciment injecté, le chirurgien gapençais a pu expliquer en longueur sa technique et ses bienfaits qu’il inscrit dans une stratégie thérapeutique selon ses dires.

Des bienfaits qui n’ont pas été constatés par ces quatre anciens patients qui se sont présentés à la barre ce jeudi après-midi. Entre une victime d’origine russe qui n’hésite pas dire qu’elle a été torturée et une autre native du Portugal qui considére que sa vie s’est arrêtée lorsqu’elle a été opérée, un élu local a eu l’opportunité de raconter son histoire. Maire de Trescléoux depuis le début de semaine et membre du collectif « des victimes de la cimentoplastie discale » présidé par Bruno Chevalier qui était lui aussi présent à la barre, Jean Schüler souffre de douleurs dorsales persistantes lorsqu’il consulte le docteur Norotte au printemps 2015. Il se fait opérer en septembre mais les douleurs persistent. Pire, il doit de nouveau passer sur le billard pour « libérer un nerf » en novembre qui l’oblige à résider au centre médical « La Durance » de Tallard durant deux mois. C’est à ce moment qu’il entend les mots de « cimentoplastie discale » pour la première fois.

 

Une opération sans consentement pour certains...

La question du consentement éclairée se pose alors et c’est bien sur ce point que la plaidoirie de Maitre Guillaume Pialoux s’est appuyé. « Ils ne se considèrent pas comme des cobayes mais pas loin quand même. En tout cas, ils ont perdu toute confiance auprès des médecins », clame l’avocat de 12 des 16 patients qui se sont constitués parties civiles dont Eliane Bernard, la mère du champion olympique de natation Alain Bernard à l’origine de la médiatisation nationale de cette affaire.

 

... mais pas tous !

Il est important de noter que toutes les personnes qui ont eu droit à cette opération ne partagent pas le constat porté par les parties civiles. Une patiente est en effet venue à la barre pour louer cette opération qui lui a permis de vivre à nouveau sans douleurs. Absente au procès, une dizaine de personnes a même tenu à envoyer une lettre au tribunal pour clamer son soutien à un Gilles Norotte traumatisé par ces quatre dernières années qui ont chamboulé sa vie explique-t-il.

 

C.Lourenço