Hautes-Alpes : hôpital de Gap, « une terreur de rencontrer le docteur Hammami »...

SANTÉ / ...« avec une angoisse de se faire agresser physiquement ou avec une arme », voilà l'une des conclusions des médiateurs du CNG dépêchés au sein du centre hospitalier début avril. Le docteur Hammami est clairement identifié dans le rapport comme étant à l'origine de la crise, il a depuis été suspendu

 

- Hautes-Alpes -

 

Ils attendent toujours une décision définitive quant au docteur Hammami. Dans la crise qui a secoué le centre hospitalier de Gap ces dernières semaines, ce chirurgien orthopédique a été suspendu pendant cinq mois à titre conservatoire par l’Agence Régionale de Santé. Décision salutaire, pour les personnels soignants réunis au sein du Collectif pour l’Avenir du CHICAS, mais provisoire. Ils réclament une vision à long terme. Car ce seul praticien serait parvenu à créer un climat délétère au sein de l’hôpital, provoquant une crise sans précédent menaçant la continuité des soins. C’est en tout cas la conclusion de l’audit des deux médiateurs du Centre National de Gestion des médecins hospitaliers, ils se sont rendus sur Gap fin avril. Alpes 1 s’est procuré les conclusions de cet audit, on y parle de « pressions », « menaces » ou bien encore de « réactions anxio-dépressives ».

 

Pressions, menaces, actes intrusifs, investigations systématiques... des risques psychosociaux avérés

Les 22 et 23 avril dernier, deux médiateurs se rendent au sein du CHICAS de Gap. Ils y trouvent un établissement hospitalier dans une « crise majeure ». Alors qu’ils reconnaissent que l’hôpital évoluait « vite sur le plan médical » aux côtés d’une administration qualifiée de « compétente et à l’écoute », tout a basculé en mars, après la réintégration du docteur Raouf Hammami. Ce n’est pas le dossier de la cimentoplastie discale qui en est à l’origine. En 2018, le praticien avait dénoncé cette méthode pratiquée par l’un de ses confrères, le docteur Norotte. Depuis, une procédure judiciaire est en cours.

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« Huit personnels sur dix expriment une terreur (...) de rencontrer le docteur Hammami avec une angoisse de se faire agresser physiquement ou avec une arme », médiateurs du CNG

 

C’est bien son retour dans les services qui semble avoir provoqué un séisme hospitalier avec des arrêts maladie successifs et des démissions à la chaîne. Les médiateurs rencontrent fin avril 30 personnels, notamment le docteur Hammami, mais aussi des praticiens, des secrétaires, infirmières, personnels administratifs, pharmaciens ou représentants syndicaux. Le constat est troublant : huit personnes sur dix « expriment une terreur (...) de rencontrer le docteur Hammami avec une angoisse de se faire agresser physiquement ou avec une arme ». Les médiateurs témoignent de réactions anxio-dépressives, plus de la moitié des personnes auditionnées ont pleuré en leur présence. Ils relèvent des pressions constantes pour faire adhérer le personnel aux démarches engagées par Hammami contre ses collègues orthopédistes, d’actes « intrusifs » avec des investigations systématiques de l’activité de certains praticiens. Si au départ, Raouf Hammami avait visé ses confrères, selon les conclusions, il s’en serait ensuite pris à toute la sphère hospitalière puis à l’établissement entier. Aucune médiation n’est rendue possible voire envisageable pour les médiateurs.

 

Raouf Hammami candidat pour la présidence du Conseil de l'Ordre des Médecins

C’est sur ces conclusions que l’ARS a décidé d’une suspension provisoire de cinq mois. Le Collectif pour la survie du CHICAS demande aujourd’hui une procédure pérenne, avec un éloignement définitif. Les maires de Gap et Sisteron, Roger Didier et Daniel Spagnou, président et vice-président du Conseil de Surveillance, ont convoqué un conseil exceptionnel. Ils y présenteront une motion pour l’avenir de l’hôpital.

Notez que le docteur Raouf Hammami considère que le Collectif pour l’Avenir du CHICAS a voulu « fabriquer un personnage diabolique et complétement fictif » et que sa suspension est « abusive ». De plus, il avait présenté sa candidature pour être président du Conseil de l’Ordre des Médecins dans les Hautes-Alpes fin avril. Avec seulement 28 voix sur les 343 votants, les médecins libéraux ne lui ont pas accordé leur confiance qu’on lui avait accordé deux fois par le passé entre 2008 et 2018.

 

C. Cava Michard