- Hautes-Alpes -
Le procès des « 7 de Briançon » a débuté ce jeudi matin, 8h30, au sein du tribunal correctionnel de Gap. Eleonora, Bastien, Théo, Mathieu, Juan, Benoit, Lisa comparaissent pour aide à l'entrée de personnes en situation irrégulière et en bande organisée. Le 22 avril dernier, ils auraient fait partie du cortège de plus de 150 manifestants ayant forcé le barrage de gendarmerie de Montgenèvre, avant de prendre la direction de Briançon. Parmi les mobilisés, une 20aine de migrants en situation irrégulière.
Le procès, qui devait se tenir au départ le 31 mai dernier, avait été renvoyé à ce jeudi en raison d'une question de constitutionnalité. Le Conseil Constitutionnel avait été saisi par Cédric Herrou, cet agriculteur de la Vallée de la Roya condamné pour avoir aidé des migrants. Finalement, le principe de fraternité avait été reconnu par l'instance des Sages : « la liberté d’aider autrui, dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national ».
1h30 : La présidente du tribunal correctionnel de Gap, Isabelle Defarge a annoncé que le jugement était mis en délibéré au 13 décembre prochain.
22h30 : les réquisitions du Procureur de la République tombent. Pour Bastien, Théo, Lisa, Benoît et Eleonora, qui est absente lors de l'audience, il requiert six mois de prison avec sursis. Pour Jean-Luc, également appelé "Juan", ce sont 12 mois de prison dont quatre ferme. Quant à Mathieu, qui comparait également pour rébellion lors de son contrôle d'identité, le 22 avril dernier, mené par la police de Briançon, ce sont aussi 12 mois de prison, dont quatre ferme et une période de mise à l'épreuve de huit mois. Au tour désormais des avocats de la défense d'entamer les plaidoiries.
20h : la présidente du tribunal, Isabelle Defarge, constate quatre heures de retard dans le procès. Les débats ont en effet pris plus de temps, en début d'après-midi, sur les faits de rébellion qui sont reprochés à Mathieu lors de son contrôle d'identité. Assis sur le banc des partis civiles, cinq policiers du commissariat de Briançon. Après une suspension d'audience de cinq minutes, les débats reprennent avant les réquisitions du Procureur peu après 20h30.
18h : Selon le commissariat de Gap, les manifestants ne sont plus que 200 devant le tribunal.
17h : Le débat démarre autour de l'aide à l'entrée de personnes en situation irrégulière en bande organisée. Les prévenus se suivent à la barre, et tour à tour, avancent la même version : alors que Génération Identitaire avait occupé le col de l'Échelle pour mener une opération anti-migrants, la réponse s'est organisée depuis Briançon et Clavière. Une réponse « sous forme de manifestation, contre la militarisation de la frontière, et en réaction à ces activistes », explique Théo. Pour lui, pas question de parler de bande organisée, « c'est une manifestation, un mécontentement ». « Une manifestation contre les violences policières », ajoute Lisa. Et elle le souligne à la barre, « l'intention n'était pas de faire passer la frontière à des personnes en situation irrégulière ». La jeune femme s'appuie sur le droit pour tous de manifester, « pourquoi des migrants n'auraient-ils pas pu ? ». Quant à son interpellation, elle la juge basée sur un préjugé « raciste, car je tenais par la main une personne noire. Sauf qu'elle avait ses papiers ».
Benoît Ducos est aussi à la barre depuis ce jeudi matin, ce bénévole à l'association « Refuge Solidaire » est connu de l'actualité face au drame migratoire. Alors qu'il réalisait une maraude en mars dernier, c'est lui qui a aidé une jeune femme nigériane en plein accouchement, en la conduisant à l'hôpital de Briançon. Alors qu'une enquête pour aide à l'entrée avait été ouverte, elle a finalement été classée sans suite. Benoît porte au tribunal le même discours que Jean-Luc, « il y avait ce week-end là Génération Identitaire qui paradait dans les montagnes. On ne pouvait pas laisser faire ». Quant aux migrants parmi le cortège, « c'était des marcheurs parmi les marcheurs ».
Des déclarations qui interpellent le Procureur, Raphaël Balland, « pourquoi ne pas avoir répondu aux questions lors de vos garde à vue ? Pourquoi ne pas avoir dit qu'il s'agissait d'une simple manifestation ? ». Théo sera le seul à répondre, « parce que je n'avais pas confiance en l'office de police judiciaire en face de moi ».
15h30 : Des centaines de personnes manifestent désormais dans les rues de Gap. La circulation est compliquée. Une mobilisation qui a également donné lieu à une récupération politique avec notamment la venue de Philippe Poutou, Le candidat NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) aux élections présidentielles de 2012 et 2017 :
© E. Ducos