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Hautes-Alpes : si demain le Chum de Veynes ferme ? « Des jeunes dormiront à la rue »

JUSTICE / Le procès du Chum de Veynes pourrait être reporté. Un Centre auto-géré pour accueillir les migrants qui se retrouvent sans solution d'hébergement, mais qui occupe illégalement une maison inoccupée.

 

- Hautes-Alpes - 

 

Le drame migratoire devant la justice ce mardi. Le procès du CHUM de Veynes se tient aujourd’hui. Le CHUM, ou Centre d’Hébergement d’Urgence pour Mineurs Exilés, qui accueille depuis le 9 septembre dernier des migrants. Un acte citoyen illégal, puisque cette maison inoccupée, propriété d’un office foncier public marseillais, a été réquisitionnée de force. Le maire de la ville, René Moreau, parlait sur Alpes 1 d’une « effraction » et d’un « vol », témoignant de plusieurs plaintes déposées auprès de la gendarmerie et du procureur de la République. Mais de leur côté, les bénévoles évoquent une solution nécessaire et humanitaire face à une « situation d’urgence et la mauvaise volonté de l’État et du Département des Hautes-Alpes ».

 

Septembre 2017- mars 2018 : la mission a changé

Depuis son existence, le Chum de Veynes a permis la mise à l’abri d’une centaine de jeunes migrants. Chaque jour, ils sont entre 10 et 20 à être accueillis au chaud dans cette bâtisse veynoise. Cours de français, activités, accompagnement dans les démarches administratives : des bénévoles de tout le département font vivre cet espace pour ces personnes étrangères qui finissent dans les Hautes-Alpes.

 

 

Au sein du Chum, on témoigne de jeunes ayant franchi la Méditerranée dans des conditions épouvantables, qui ont souvent subi l’emprisonnement, le travail forcé, le viol… et qui ont laissé derrière eux leurs familles dans des pays ravagés par des guerres et des conditions de misère sociale.

Si au départ, le Chum de Veynes a vu le jour pour mettre à l’abri des jeunes en attendant les résultats de leurs évaluations par le Département, désormais « nous avons des jeunes qui sont perdus et n’ont aucun lieu où se réfugier », explique Mathilde Giroud, bénévole.

 

Les Bouches-du-Rhône n’assurent plus les ordonnances de placement

Des jeunes qui se retrouvent sans hébergement, car confrontés à plusieurs problématiques selon les bénévoles. La première : les Bouches-du-Rhône ne peuvent plus accueillir les mineurs non accompagnés placés provisoirement par la justice. « Plusieurs jeunes ont des OPP 13, des ordonnances de placement provisoire dans les Bouches-du-Rhône, mais ce Département n’a plus les structures nécessaires pour les accueillir. Ils dorment d’abord dehors à Marseille puis reviennent dans les Hautes-Alpes », poursuit la bénévole. En 2017, selon le Parquet de Gap, ce sont 61 MNA qui ont été refusés par les Bouches-du-Rhône et qui sont revenus dans les Hautes-Alpes.

 

 

« Une évaluation arbitraire des services du Département », Chum'minots

 

Autre problématique selon le Chum : les migrants qui ne sont pas reconnus mineurs et qui ne peuvent donc bénéficier d’un accompagnement. S'ils peuvent accéder aux dispositifs d’hébergement gérés par l’État, la préfecture fait face à une hausse des demandes. Les 140 places d’hébergement d’urgence sont saturées, 90 % des personnes accueillies sont étrangères selon l’État et en majorité en situation irrégulière. Des migrants trop systématiquement déminorisés selon le Chum de Veynes, qui juge arbitraires les évaluations du Département.

 

Mathilde Giroud :

 

Deux jeunes migrants au sein du Chum ont fait un recours face au refus du statut de MNA. Notez que le procès pourrait être reporté, l’assignation en référé ayant été délivrée à une personne qui ne réside pas au Chum. Mais les bénévoles seront devant les marches du Palais de Justice et du Conseil Départemental des Hautes-Alpes à Gap pour une mobilisation dès 9h30.

Interpellé, le Département se défend de s’adapter à la demande croissante des demandes de mise à l’abri pour des personnes se présentant comme mineurs. Près de 1.300 prises en charge ont été assurées en 2017, 58 % ont vu leur minorité confirmée.

 

C. Michard