-Hautes-Alpes-
L’affaire des coups de feu tirés mardi à Gap, près du centre de tri postal, jugée devant le tribunal correctionnel. Un homme de 38 ans comparaissait pour violence avec usage d’une arme sur son ancien employé, âgé de 48 ans. La victime avait été lourdement blessée au pied.
Un litige commercial et la peur : voilà ce qui aurait conduit le prévenu à cet acte
À la barre, c’est un homme semblant sincère qui s’exprime. Il reconnait sa faute, celle d’avoir tiré en direction de la victime, celle de l’avoir touchée, « je m’excuse profondément mais on ne vole pas des clients, il faut être honnête ».
Dans ses déclarations, la trahison semble lourde : avoir été trahi par celui à qui il a laissé sa chance il y a deux ans, « quand il est venu, c’était pratiquement un SDF ». Trahi, parce que son entreprise, cet homme né en Russie l’a montée « au prix de sa sueur », comme l’explique son avocat Maître Charmasson. Il y a travaillé énormément, pour la faire fructifier, en faire vivre sa famille, mais aussi sept employés sous sa houlette aujourd’hui.
Quand en décembre dernier, la victime lui dit démissionner, il ne sait pas que c’est pour ouvrir une entreprise identique à la sienne. Puis quelques semaines après, il voit certains clients refuser ses contrats et embaucher son désormais concurrent, il le soupçonne d'ailleurs d’être parti avec des devis pour proposer moins cher. « Qui n’aurait pas été en colère ce jour là ? » demande son avocat.
La colère, c’est justement ce qui le pousse, mardi, à appeler son ex employé. Le ton monte au téléphone, son ex-employé qu'il décrit avec « un passé de voyou m’a dit qu’il viendrait chez moi, je ne voulais pas, devant mon enfant ». Il prend le volant de son véhicule, avec une arme, une sorte de pistolet chargé de poudre et de plomb mais qui peut être mortelle selon les experts. Et quand il croise la victime 300 mètres plus loin, il sort de son véhicule, « il mettait sa main dans sa poche en s’approchant de moi. J’ai eu peur qu’il ait un couteau ». Le prévenu tire, en visant le sol, deux fois mais son ancien employé est touché au pied.
« On ne se défend pas en attaquant », parquet
« Peut être que vous avez eu peur », réagit la substitut du procureur, « mais la question est : comment réagissez-vous quand vous avez peur ? On ne se défend pas en attaquant », avant de requérir un an de prison ferme avec placement sous mandat de dépôt.
C’est « l’incompréhension totale » pour l’avocat de la défense, Maitre Charmasson, « sa société, sa vie vont voler en éclats ». S’il plaide le moment d’égarement, « ça n’est pas un dingue », il rappelle l’intégration sociale de son client dont la justice n’a jamais entendu parler, qui paye ses impôts en France, « un sursis simple est suffisant pour quelqu’un qui a montré son honorabilité ». « Je m’excuse, je ne veux pas être prisonnier », termine le prévenu.
Après quelques minutes de délibéré, le tribunal décide finalement d’une « peine d’avertissement » comme souligne le président : trois ans de prison avec sursis probatoire avec l’interdiction d’entrer en contact ou de se rendre au domicile de la victime.
C. Cava Michard