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Le 8:30 avec le colonel Nicolas de Chilly

Le 8:30 avec le colonel Nicolas de Chilly

SÉCURITÉ / Après deux ans passés à la tête du 4ème régiment de chasseurs de Gap, le colonel Nicolas de Chilly quitte la capitale douce pour Saumur, avec un poste tourné davantage vers l'étude de l'avenir de l'armée

 

- Hautes-Alpes - 

 

Il a voulu travailler à la mémoire du 4ème régiment de chasseurs de Gap, pour que les Hautes-Alpes connaissent leur régiment et leurs militaires. Mais son nom restera probablement dans la mémoire du quartier du général Guillaume. Le colonel Nicolas de Chilly est sur le départ, après deux ans de mandat. Deux années marquées par un livre « Edelweiss », un monument mémoriel et des victimes tombés en novembre 2019 au Mali. Entretien avec Nicolas de Chilly, quelques heures avant la cérémonie de passation.

 

Après deux ans de mandat au sein du 4ème régiment de chasseurs de Gap, on part avec quel état d’esprit ?

Je pars avec un état d’esprit mêlé de fierté du chemin parcouru, avec les projets accomplis ensemble, de reconnaissance envers mes subordonnés, de confiance aussi parce que j’ai eu sous mes ordres des hommes et des femmes extraordinaires.

 

Vous êtes un enfant du 4ème régiment de chasseurs. Qu’est ce que cette mission de chef de corps vous a apporté personnellement et professionnellement ?

Je suis en effet arrivé au sein du 4ème il y a 20 ans, en 2001, en tant que lieutenant avec les fonctions de chef de peloton. Etre chef de corps, c’est un point culminant dans une carrière d’officier, où l’on accède à une plénitude du commandement qui n’a pas d’équivalent. C’est une étape majeure dans un parcours. Cela m’aura permis de rendre à ce régiment tout ce qu’il m’a apporté pendant ces 20 ans, un immense épanouissement.  

 

Direction Saumur, pour l’école de la Cavalerie en tant que directeur des études et de la prospective. C’est-à-dire ?

Je vais être en charge de l’avenir de l’arme de la cavalerie, de concevoir les capacités dont aura besoin la cavalerie de demain, les chars dont l’armée française aura besoin dans 10-20 ans. Je quitte un tems de troupe tourné vers l’opérationnel vers un poste d’état-major où la réflexion prendra plus de place.

 

Ces deux ans de mandat ont été intenses, comment on parvient à aborder cela en tant que chef de corps, militaire et homme ?

Ça a été tout sauf un long fleuve tranquille ! Mais nous sommes préparés à cela. J’ai connu des expériences diverses, certaines difficiles. Ce que nous apprend ce métier, c’est que seul, nous ne sommes pas grand-chose mais collectivement, on a parfois une force insoupçonnée.

Lors de la perte de nos quatre camarades, je me souviens de cette immense force dans la cohésion de l’unité, dans la solidarité, dans l’entraide, le soutien. Nous avons traversé cette épreuve ensemble et nous en sommes sortis grandis.  

 

Quel souvenir vous laissera le 4 ?

Je partirai avec pleins d’images dans la tête et dans le cœur, beaucoup de visages. Il y a forcément un évènement qui restera gravé dans ma mémoire : ce sont les heures qui ont suivi le dramatique accident de novembre 2019 avec la perte de quatre hommes au Mali. Ce moment de communion avec la population gapençaise où de nombreux habitants et militaires se sont retrouvés devant la mairie pour un recueillement. Le silence était assourdissant, cela restera gravé dans le cœur.

 

Quel conseil vous donnerez à votre successeur ?

La confiance, ce n’est pas simple quand on arrive jeune colonel. Il y a forcément un peu d’appréhension. Il faut faire confiance aux hommes et femmes dont il aura le commandement. Dans la compétence, l’état d’esprit, la cohésion, la force collective. Cela lui permettra de dépasser ces appréhensions naturelles.

 

2 ans c’est bien assez ou ce n’est pas suffisant ?

C’est court et tellement intense. Mais cela met en garde le chef de ne jamais se sentir propriétaire de l’unité qui lui est confiée. Ça nous donne une grande humilité. On hérite du travail de notre prédécesseur et on le lègue à notre successeur avant même d’avoir pu mener à bien la totalité des projets que l’on avait initiés. C’est assez vertueux, même si j’ai le cœur qui pleure d’avoir à quitter ce régiment.