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« Les Jeux d’hiver 2030 sont une absurdité » selon l’ancien maire d’Albertville

« Les Jeux d’hiver 2030 sont une absurdité » selon l’ancien maire d’Albertville
Albertville 1992 © CIO

SPORTS / Interrogé sur Alpes 1, Albert Gibello estime que « c’est un non sens au moment où l’on parle d’empreinte carbone », l’affaire de « présidents de région qui font de la politique sur du sport »

 

- Région - 


Son ton est posé, son parler calme et franc. Albert Gibello n’a pas de mal à dire qu’aujourd’hui ses « propos sont libres, je ne cherche pas à faire des contents ». Alors que l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver 2030 dans les Alpes Françaises, notamment dans le Briançonnais, fait débat entre ceux qui y voient une opportunité de réaliser des projets d’aménagement et les autres qui redoutent un impact environnemental, l’opinion de l’ancien élu savoyard pourrait trancher les discussions. 

Albertville, non je ne regrette rien

Albert Gibello a occupé les fonctions de maire de la cité savoyarde de 1995 à 2008. Mais quand les Jeux Olympiques d’hiver s’installent en 1992, il est adjoint aux sports et assistant d’un certain Michel Barnier, devenu aujourd’hui Premier ministre, « j’ai fait à peu près 20 ans de carrière à ses côtés. Dès l’instant où il a organisé les JO d’Albertville qui furent un succès, j’imaginais difficilement qu’il ne signe pas la garantie de l’État pour ceux de 2030 ». 

« Albertville 92, ce n’était pas les jeux pour les jeux mais un projet d’aménagement »

Retour en arrière, en 1986, Albertville obtient les Jeux d’hiver. « Notre candidature a eu comme fondement non pas les Jeux pour les Jeux, mais un levier pour l’aménagement des territoires savoyards », se rappelle Albert Gibello.

« L’épicentre était l’accès à la Tarentaise, avec une situation tendue compte tenu des engorgements ferroviaires et routiers pour accéder aux stations », poursuit l’ancien édile, dans un constat qui n’est pas sans résonner dans l’esprit des Haut-Alpins, dont certains élus qui voient 2030 comme un wagon d’investissement sur les rails et les routes entre Marseille et Briançon.  

« Avant les Jeux, nous avions 15 ans de retard. Après, 15 ans d’avance »

Pendant positif de ces jeux d’Albertville : les projets sortent de terre à foison, « il y a eu une dizaine de stations d’épuration, cinq gares routières, un hôpital neuf, l’électrification de la voie ferrée, la restauration d’une soixantaine d’églises baroques, la réalisation d’un théâtre ou d’une médiathèque. Albertville était une ville moyenne qui avait 15 ans de retard dans ses équipements avant les Jeux. Après, nous avions 15 ans d’avance ». 

Pendant négatif : prendre de l’avance a un coût, celui d’une hausse des impôts locaux de 30 % entre 1986 et 1993, « il faut aussi comparer avec les équipements et les services à la population qui ont été créés », modère Albert Gibello. 

Des Jeux 2030 « sobres et durables ? c’est une absurdité »

Lors de la présentation de la candidature des Jeux Olympiques 2030 dans les Alpes françaises, deux adjectifs ont été martelés : ils devront être « sobres » et « durables ». 

Si Albert Gibello est un défenseur des jeux comme accélérateur d’aménagements pour son territoire, vous ne le trouverez pas par contre sur le banc des JO 2030, « tels qu’ils sont organisés, c’est une absurdité, un non-sens absolu. Alors que l’on parle de respect de l’environnement et de bilan carbone, il y a une dispersion géographique des sites allant du Grand Bornand à Nice ».

« On a deux présidents de région qui ont voulu faire de la politique. On ne fait pas de la politique sur les Jeux »

Albert Gibello plaide pour une « concentration des sites. Si on voulait des Jeux d’hiver en France, ça aurait pu être la Savoie avec la Haute-Savoie. Je ne dis pas ça par égoïsme territorial »

Une déclaration qui ne fera pas sourire Renaud Muselier, le président de la région qui a positionné le sud dans cette aventure aux cinq anneaux, « je ne suis pas là pour faire des contents. Ça me parait absurde d’arriver à une organisation aussi éclatée parce qu’on a deux présidents de région qui ont voulu faire de la politique. On ne fait pas de la politique sur les Jeux ». 

Autre bémol dans la composition d’Albert Gibello, « on organise des jeux d’hiver, donc on met un focus sur le ski au moment même où son devenir reste un point d’interrogation ». 

Après cette double croche, perçue par certains comme un double crochet, l’ancien élu savoyard ne manque pas de sympathie envers ses homologues haut-alpins, « je leur souhaite bon courage car il en faut. Mais c’est une expérience absolument extraordinaire car c’est le Monde entier qui vient vers vous ». 

Retrouvez en suivant ce lien l'intégralité de l'entretien avec Albert Gibello ce mardi dans "Le 8:30". 

C. Cava Michard