Alpes du Sud : « les sages-femmes sont méprisées, invisibles, non revalorisées »

SANTÉ / Les sages-femmes sont en grève aujourd’hui partout en France. Une profession qui lance le code rouge alors qu’elle demande depuis plusieurs années une revalorisation qui ne vient pas. Pire, le corps de métier n’a obtenu aucune avancée lors du Ségur de la Santé en lien avec la crise sanitaire, alors que ces professionnels ont exercé à flux tendu ces derniers mois

 

- Alpes du Sud -

 

C’est une profession pratiquement à bout de souffle, mais qui se dit non entendue, méprisée, invisible. Les sages-femmes et maïeuticiens sont en grève aujourd’hui au niveau national. Ils lancent le code rouge, qui se dit d’une césarienne réalisée en extrême urgence pour sauver la mère et/ou l’enfant, « cela fait plusieurs années que l’on demande une revalorisation et que ça ne bouge pas » explique Claire Pouleau. Elle est sage-femme libérale dans les Hautes-Alpes.

Car la profession assure plus que l’accouchement, « nous sommes présents pour le suivi grossesse, le suivi gynécologique, le dépistage du cancer du col de l’utérus et du sein, la prescription de contraception, les actions de prévention dans le cadre de la vaccination ou des violences faites aux femmes. Pourtant, la population ne nous voit pas », poursuit Claire Pouleau. Tout comme les instances qui les catégorisent encore comme profession paramédicale « alors que notre formation demande cinq ans d’études dont la première année de médecine ».

 

Une profession qui ne répond pas simplement à une ordonnance mais qui diagnostique et dépiste

Une formation « rigoureuse et complète qui donne une compétence médicale » que les sages-femmes et maïeuticiens n’ont pas aujourd’hui. « Pourtant, nous sommes les spécialistes de la physiologie de la grossesse et de la santé génésique des femmes, de la santé reproductive et sexuelle. On ne fait pas que répondre à une ordonnance, mais on est capable de diagnostiquer et de dépister, et donc d’orienter ». Les sages-femmes demandent à être considérées, et donc revalorisées aujourd’hui, dans les professions médicales.

 

« En France, on est en moyenne une sage-femme pour 43 femmes alors que dans d’autres pays européens, on comptabilise une sage-femme pour 10 à 20 femmes », C. Pouleau

 

Des professionnels qui manquent d’effectifs, que ce soit au niveau libéral avec des conditions d’exercice qui découragent, et au niveau hospitalier « avec des petites maternités qui ferment, qui sont regroupées dans de grosses unités sans pour autant embaucher plus ». Un métier qui aura été boudé aussi des avancées du Ségur de la Santé. Si certains corps de la santé ont obtenu des primes suite à la crise sanitaire, pas les sages-femmes et les maïeuticiens « alors qu’ils ont été présents 24h/24 à prendre en charge les couples, les femmes et les enfants ». Et alors que le gouvernement a lancé des discussions autour des 1.000 premiers jours de l’enfant, la profession n’est pas convoquée autour de la table « alors qu’elle a un rôle entier dans les problématiques périnatales ». Retrouvez ici l'entretien dans son intégralité.

 

C. Cava Michard