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Alpes du Sud : malgré les préconisations de protection, « le loup s’habitue à tout ». C.Lambert

AGRICULTURE / La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, était au chevet d’éleveurs des Alpes du Sud à bout de souffle face à l’impact du loup sur les exploitations, demandant à Nicolas Hulot de revoir sa copie.

 

- Alpes du Sud -

 

Le loup encore et toujours au cœur des préoccupations des éleveurs des Alpes du Sud. Et ce sont toujours les départements des Alpes de Haute-Provence et des Hautes-Alpes qui font partie des territoires français où la prédation est la plus vigoureuse. Un constat qui pèse sur le quotidien d’exploitants, à bout de souffle, passés du statut d’agriculteurs à vigie de troupeaux y compris à proximité de leurs exploitations, de jour comme de nuit. Un mal être qu’est venu entendre ce lundi, à Valensole, la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert ainsi que Michèle Boudoin, présidente de la Fédération Nationale Ovine (FNO).

Sur place, une grande partie des représentants de la profession des Hautes-Alpes et des Alpes de Haute-Provence s’étaient donné rendez-vous : présidents des chambres d’agriculture 04 et 05, syndicats agricoles (FDSEA et Jeunes Agriculteurs 04 et 05) mais aussi de nombreux maires et élus locaux comme la vice-présidente de la Région PACA, déléguée à la ruralité et au pastoralisme, Eliane Barreille et le conseiller départemental délégué à l’agroalimentaire, Jean-Claude Castel.

 

Des attaques en baisse dans les Hautes-Alpes et en hausse dans les Alpes de Haute-Provence

Entre juillet 2017 et juillet 2018, les dommages causés par la présence du loup se sont accentués dans les Alpes de Haute-Provence, passant en un an de 531 victimes indemnisées à 835 en cours d’indemnisation (chiffres de la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement DREAL). Au contraire dans les Hautes-Alpes sur cette même période, le nombre de victimes indemnisées est passé de 374 à 247 en cours d’indemnisation.

Un constat que résume en une pensée Jean-Claude Castel : « dans un pays où l’on cherche de l’argent pour les hôpitaux, la modernisation des services de sécurité et j’en passe, on marche sur la tête quand on sait qu’on dépense près de 30 millions d’euros rien que pour indemniser et aider les éleveurs à se protéger du loup ! »

 

Trois attaques en 21 jours, « c’est difficilement supportable »

Une visite de terrain qui s’est déroulée chez Julien Giraud, exploitant ovin à la tête de 600 brebis-mères à Valensole. Un éleveur à bout de nerf, faisant part de ses propres déboires entre ses animaux et le loup, des trémolos dans la voix et le souffle court quand il s’agit de témoigner devant un parterre d’une centaine de personnes venues participer à la visite de Christiane Lambert.

34 bêtes « au tapis » et un éleveur qui attend que l’État prenne « ses dispositions ». Passé d’une à deux attaques par an sur les quatre dernières années, l’éleveur en a comptabilisé trois en 21 jours « ce qui devient difficilement supportable » alors que selon lui « la brigade loup n’a pas la volonté de tuer le loup ».

Un éleveur qui doit apprendre depuis le retour du loup à se protéger. Des moyens de protection que remet en question Julien Giraud :

Des moyens supplémentaires pour démasquer le loup, c’est le message qu’a souhaité envoyer le Département des Hautes-Alpes, ce lundi matin.  Simultanément à ce rendez-vous sur le pastoralisme à Valensole, les lieutenants de louveterie des Hautes-Alpes étaient ce matin à l'Hôtel du Département pour la remise officielle de leurs nouvelles caméras à vision nocturne. « Ces équipements leur permettent de mieux suivre l'évolution du loup dans nos contrées, afin de pouvoir toujours mieux agir auprès des éleveurs » déclarait le président du Département (LR) Jean-Marie Bernard. Actant par cette initiative que « le Département apporte ainsi une nouvelle fois la preuve de son engagement auprès du monde agricole. »

 

« Les éleveurs qui témoignent vivent des choses inhumaines »

Pour Christiane Lambert, qui doute d’une possible cohabitation entre les éleveurs en montagne et le loup, « le constat est sévère aujourd’hui : malgré les plans de régulation successive, les attaques ne baissent pas. »

Mais si tant est que le législateur français puisse agir directement sur la présence du loup, une autre réalité subsiste : ce sont bien les élus européens qui ont le pouvoir de faire bouger les lignes des textes et notamment dans la convention de Berne. Et selon la présidente de la FNSEA, « de plus en plus d’états européens sont prêts à suivre la France. »

 

« Nicolas Hulot doit changer d’avis »

Et pour faire changer d’avis le ministre de la Transition écologique et solidaire, Christiane Lambert compte sur le poids des élus, et notamment sur les sénateurs, dont le premier débat d’ouverture au mois de septembre portera sur le pastoralisme.

 

La fièvre charbonneuse en question

Outre la défense du pastoralisme, l’un des points noirs actuels de l’agriculture dans les Hautes-Alpes, c’est la fièvre charbonneuse. Alors que 23 foyers sont aujourd’hui comptabilisés et 54 bêtes sont mortes des suites de cette maladie, la FDSEA des Hautes-Alpes a porté plainte contre X. Une initiative que soutient Christiane Lambert.

 

A.Cam