Alpes du Sud - Les
Chambres d’Agriculture des Alpes du Sud croisent les doigts, face à la
directive européenne nitrate. Que dit cette directive nitrate ? Elle vise
tout bonnement à protéger les eaux de la pollution par nitrates, ces nutriments
que les agriculteurs donnent à la terre pour la rendre fertile. Alors que la
Commission Européenne vient de demander à la France de revoir sa carte des
communes vulnérables, c’est l’inquiétude dans nos départements…
Un brin d’histoire…
Il faut revenir un peu en arrière pour comprendre. 1991 : l’Europe vote cette directive nitrates, qui doit donc protéger l’eau de la pollution agricole. Elle impose ainsi à tous les pays membres de classer des communes en zones vulnérables, c’est-à-dire en zones polluées et où les agriculteurs doivent mettre en place des actions afin de faire redescendre les niveaux. La France présente alors sa carte… Bonnet d’âne pour l’Hexagone, la Commission Européenne considère que le pays n’est pas un bon élève et a minimisé les zones vulnérables. Il n’y en a pas assez.
L’histoire va devant la Cour de Justice de l’Union Européenne en mai 2012. La France ne peut plus reculer, si elle ne revoit pas sa carte, elle sera condamnée à payer une note salée : 20 millions d’euros d’amende et une astreinte de 3,5 millions d’euros par mois… De nouveaux critères beaucoup plus stricts sont alors décidés, et la polémique commence.
Les Hautes-Alpes,
qui n’étaient jusque-là pas concernées, voient trois de ses communes classées
vulnérables : Gap, Rambaud et Saint Laurent du Cros à cause de l’eutorphisation,
c’est-à-dire à la prolifération de végétaux liée à l’excès de nutriments. On
pense notamment aux fossoyeurs des cours d’eau, les algues vertes. Et pour les
Alpes de Haute-Provence, c’est pire, alors que le département était à trois
communes vulnérables en 2012, il passe à 58 en 2014 pour la qualité de ses eaux
souterraines.
Les Chambres d’Agriculture à la barre… l’accusation de l’Europe est jugée sans preuves
De leurs côtés, les organisations agricoles s’interrogent sur les bases scientifiques de ce classement. Selon elles, l’agriculture n’est pas la seule pollueuse, « le nitrate est parfois le fait de l’urbanisation, du développement de l’activité humaine. On le voit souvent par le dysfonctionnement de stations d’épuration », explique Pierre-Yves Motte, président de la Chambre d’Agriculture des Hautes-Alpes. Il faut préciser que selon le CNRS, 66 % de la pollution est due à l’agriculture, 22 % aux collectivités locales et 12 % aux industries.
Pierre-Yves Motte va même plus loin, selon lui, on a classé des communes, mais la France ne joue pas le jeu de la transparence. L’accusation est sans preuves, « aucun chiffre n’est disponible sur Saint Laurent du Cros par exemple. La commune a réalisé des analyses sur le même point de prélèvement, les taux de nitrate sont bien inférieurs à ce qui est dit pour être classé zone vulnérable ».
Rien n’est pour l’instant arrêté dans cette directive nitrate, chaque préfet doit consulter jusqu’au 30 novembre les conseils généraux et régionaux, les chambres d’agriculture et les conseils départementaux de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques. Le projet de zonage sera ensuite susceptible d’évoluer, avant d’être arrêté le 31 décembre.
Problème : cela laisse peu de temps pour apporter les preuves inverses. Et les conséquences pour les agriculteurs, hormis les investissements qui devront être engagés pour mettre en place des captages, seront contraignantes. « Les agriculteurs du plateau de Valensole ne pourront plus épandre d’azote, y compris l’agriculteur biologique », explique Frédéric Esmiol, président de la Chambre d’Agriculture des Alpes de Haute-Provence, qui craint également un déséquilibre économique, et un retour de la concurrence : « le Val de Durance cultive du blé dur, si on n’est plus capable d’apporter l’azote pour nourrir la céréale comme il faut, nos clients vont se retourner vers le Canada, notre concurrent ». Le chantier de révision devrait commencer au premier semestre 2015.
Retrouvez les communes classées zones vulnérables dans les Alpes de Haute-Provence :
Aiglun
Allemagne en ProvenceAubignosc
Barras
Bras d’Asse
La Brillanne
Brunet
Le Castellard Melan
Le Castellet
Le Chaffaut Saint Jurson
Champtercier
Château Arnoux Saint Auban
Chateauredon
Corbières
Cruis
Digne les Bains
Entrepierres
Entrevennes
L’Escale
Esparron de Verdon
Estoublon
Gréoux les Bains
Lurs
Malijai
Mallemoisson
Manosque
Les Mées
Mezel
Mirabeau
Montagnac Montpezat
Montlaux
Moustiers Sainte Marie
Niozelles
Oraison
Peipin
Puimichel
Puimoisson
Quinson
Riez
Roumoules
Sainte Croix du Verdon
Hautes Duyes
Saint Etienne les Orgues
Saint Jeannet
Saint Julien d’Asse
Saint Jurs
Saint Laurent du Verdon
Saint Martin de Brômes
Sainte Tulle
Salignac
Sigonce
Sisteron
Sourribes
Thoard
Valensole
Villeneuve
Volonne
Volx
Retrouvez les communes classées zones vulnérables dans les Hautes-Alpes :
Gap
Rambaud
Saint Laurent du Cros