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Affaire Trabuc/Gaillard : relaxe requis en appel contre la chef psychiatre

JUSTICE / La psychiatre de Joël Gaillard était jugée ce lundi devant la Cour d’Appel à Aix-en-Provence.

Hautes-Alpes – Le 18 décembre 2012 : c’était une première en France : la justice condamnait une psychiatre pour homicide involontaire à la suite du meurtre commis par l'un de ses patients. Le tribunal correctionnel de Marseille avait condamné à un an de prison avec sursis, Danièle Canarelli, chef du service psychiatrie de l’hôpital Edouard Toulouse à Marseille.

Le tribunal reconnaissait la responsabilité du Dr Canarelli qui avait suivi Joël Gaillard, un homme âgé de 44 ans, atteint de schizophrénie paranoïde. « Les défaillances dans le suivi du patient sont à l'origine de l'errance du patient, de la fuite de l'établissement puis du passage à l'acte », avait alors estimé le tribunal en première instance.

Joël Gaillard avait fugué du service psychiatrique de Marseille, quelques jours, avant de tuer le compagnon de sa grand-mère, Germain Trabuc âgé de 83 ans. La victime avait été tuée à coup de hache en mars 2004 à Gap (Hautes-Alpes). Joël Gaillard avait été déclaré irresponsable pénalement en raison de ses troubles psychiatriques.

Jugée ce lundi par la cour d'appel d'Aix-en-Provence, Danièle Canarelli, 59 ans, a évoqué un malade « sortant de l'ordinaire, un peu exceptionnel », dont « les symptômes disparaissaient rapidement à l'intérieur du service ».

« N'y avait-il pas de sa part un travail de manipulation ? », s'est interrogé le tribunal. « Je ne crois pas qu'on puisse jouer la comédie sur la durée (...). Je ne me suis pas laissé abuser par ce patient, j'ai pris des décisions en conscience », a répondu le docteur Canarelli, sans nier les "difficultés" que Joël Gaillard lui avait posées durant son suivi, de 2000 à 2004. A partir de 2000, Joël Gaillard avait été hospitalisé d'office après une série d'actes de violences, dont une tentative d'assassinat.

Parmi les témoins cités par la défense, le psychiatre Daniel Zagury a apporté un soutien sans faille à sa confrère : « A sa place, j'aurais fait exactement la même chose. Il est aisé de reconstruire les étapes du dossier quand on connaît le présent. Il y a 650.000 schizophrènes en France, 99,7% ne commettront jamais d'homicide ».

Dans le même sens, le président du Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH), Jean-Claude Penochet, a fait part de son « étonnement ». « Il y a un malentendu: le diagnostic en psychiatrie n'a pas la même clarté, pureté qu'un diagnostic somatique où on sait immédiatement s'il s'agit de varicelle ou rubéole », a-t-il témoigné à la barre, notant "la complexité" de cette discipline.

L'avocate générale Isabelle Pouey a écarté toute « faute caractérisée » de la praticienne de 59 ans et tout lien de causalité avec le crime, demandant par ailleurs aux juges de « constater la prescription de l'action publique » qui expirait en mars 2007, trois ans après les faits. Décision rendue le 31 mars.