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Affaire Céline Jourdan : le père persuadé d’un complot judiciaire

Le 27 juillet 1988, le corps sans vie de Céline Jourdan est retrouvé près de La Motte du Caire

Alpes de Haute-Provence – Le 26 juillet 1988 Céline Jourdan se trouve en vacances chez son père à La Motte du Caire. Le lendemain, après avoir disparu, le corps sans vie de l'enfant est retrouvé dans un taillis, en bordure d'un torrent asséché, à quelques centaines de mètres seulement du village. Elle présente une profonde blessure à la tête et a vraisemblablement subi des violences sexuelles. Mais tandis que les recherches se poursuivent, deux hommes sont arrêtés et placés en garde à vue. Il s'agit de deux marginaux du nom de Richard Roman (29 ans) et Didier Gentil (25 ans). Devant les gendarmes, ce dernier craque et avoue avoir violé Céline mais rejette le meurtre sur Richard Roman qui confirme ces dires quelques heures plus tard.

Les deux hommes sont inculpés d'assassinat, séquestration, viol aggravé avec tortures et actes de barbarie. Mais lors de la confrontation avec le juge d’instruction de Digne-les-Bains, Richard Roman se rétracte et explique qu'il a avoué sous la pression des gendarmes.

Le premier coup de théâtre a lieu plus de deux ans après les faits. Le 22 octobre 1990, le juge d'instruction rend une ordonnance de non-lieu en faveur de Richard Roman, convaincu qu'il n'a pas eu le temps matériel de commettre les actes incriminés. Après six mois de liberté, Richard Roman est de nouveau placé en détention.

Quatre ans et demi après le drame, le procès s’ouvre devant la Cour d'Assises de l'Isère. A la barre, les deux assassins présumés de la petite Céline exposent des versions totalement contradictoires. La seule preuve scientifique valable de ce dossier accable Didier Gentil. C'est bien son sperme que l'on a trouvé sur le corps de la fillette. En revanche, rien de clair et définitif du côté de Richard Roman. C'est donc sur la base d'aveux discutables et d'absence de preuves matérielles que l’avocat général requiert l'acquittement de Richard Roman. 

Finalement, après trois semaines de procès et de tensions, Richard Roman est bel et bien acquitté, Didier Gentil, lui, est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Mais, selon le père de la victime, Gilbert Jourdan, le verdict aurait pu être inversé si plusieurs témoignages n’avaient pas été volontairement ignoré : « Lorsque Richard Roman était en détention, il interpelle un docteur en visite et dit qu’il a quelque chose d’horrible à lui confesser. Là il lui explique tout. Le jour du procès, ce docteur a voulu venir témoigner à Grenoble mais on ne l’a jamais convoqué ». Pour Gilbert Jourdan, ce témoignage « étouffé parmi tant d’autres » prouve l’existence d’un complot judiciaire dans le seul but d’innocenter le présumé coupable Richard Roman « car celui-ci avait de la famille très haut placée » déclare-t-il.

Aujourd’hui, 24 ans après les faits, le père de la victime reste convaincu que tout a préparé pour innocenter Richard Roman :  « Ce que je dis depuis des années, c’est que Didier Gentil est le violeur de ma fille et Richard Roman est le violeur et l’assassin. Gentil ne peut pas avoir fait ça tout seul. Mais pour moi, qu'il y ai un ou deux assassins ne change rien, ça ne fera pas revenir Céline ».

Richard Roman, libéré, fera plusieurs séjours en hôpitaux psychiatriques. Il est retrouvé mort à son domicile d’Annecy en 2008 suite à l'absorption de médicaments et de stupéfiants.

Pour en savoir plus sur cette affaire, consultez le site celinejourdan1.free.fr. Il s’agit d’un livre numérique écrit par Gilbert Jourdan et le journaliste Robert Darenc.