- Alpes du Sud -
Dernier épisode, de cette série d’été sur les 80 ans du débarquement en Provence, le 15 août 1944. Ce vendredi, place à une grande figure de la résistance haut-alpine : Paul Héraud. Plusieurs lycées portent son nom dans le département car ce vendeur de tapis dans Gap pendant l’occupation était le chef de la Résistance des Hautes-Alpes. Soldat pendant la drôle de guerre en 1940, il a appris les techniques militaires jusqu’à organiser par la suite le sabotage des mines de l’Argentière (évoqué dans le deuxième épisode). Seulement, le résistant n'a jamais vu le drapeau français flotter sur la cathédrale de Strasbourg : le 9 août 1944, alors qu’il circule à moto au nord de Tallard pour alerter une épouse de l’arrestation de son mari, il est abattu par les Allemands entre Gap et Tallard.
« Là c'est la stèle où lui-même sur le porte-bagages de la moto du gendarme ont été arrêtés par Les Allemands. Meyere a été abattu. Paul Héraud s'est enfui. » J.-P. Pellegrin
Il est allé se cacher dans les buissons près de la rivière où il est resté quelques heures. Vers 15h, il est sorti de sa cachette. Ce qu'il ignorait c'est que les Allemands continuaient à l'attendre. Il a été abattu ailleurs, dans un endroit où il y a aussi une stèle.
Est-ce de la malchance ou un guet-apens ?
Il y a toute une série de malentendus qui a conduit à cette thèse de la malchance. Il est tombé sur ce convoi en panne explique Jean-Pierre Pellegrin.
« Mais cette thèse du hasard, n'a jamais été acceptée par ses proches. Pour eux, il a été trahi d'où l'idée qu'il était nécessaire de venger sa mort » J.-P. Pellegrin
Vers 2015, l'historien a rencontré le fils du successeur de Paul Héraud à la tête de la résistance des Hautes-Alpes, monsieur Moreau. « Existe-il encore des gens qui ont connu Paul Héraud ? » demande Jean-Pierre Pellegrin. Trois ou quatre noms émergent. Curieux, Jean-Pierre part à leur rencontre. À l'occasion de l'un de ces entretiens, une personne évoque l'hypothèse de la trahison.
Une vengeance sans preuve de trahison
À la sortie de la guerre, à la caserne Reynier, les résistants étaient en charge de garder les collaborateurs emprisonnés, en attendant un jugement par une cour de justice.
« Parmi ses collaborateurs, il y avait deux personnes qui ont été successivement les chefs de la milice. Les résistants ont décidé de liquider ces deux types » J.-P. Pellegrin
Ils ont décidé de les enlever dans un premier temps. « On a l'ordre de vous transférer à la prison de Digne-les-Bains » prétendent les résistants. Pour éviter qu'il y ait des témoins de cette entreprise, les résistants emmènent tous les prisonniers présents avec les miliciens dans la cellule : une douzaine de personnes embarque dans la camionnette. Une fois arrivés près d'un pont sur la Durance, les résistants ont décidé d'exécuter tout le monde.
« C’est assez impressionnant quand quelqu'un vous raconte comment il a abattu 12 personnes à la mitraillette » J.-P. Pellegrin