80 ans du Débarquement de Provence : les Alpes du Sud se souviennent des agents secrets britanniques

80 ans du Débarquement de Provence : les Alpes du Sud se souviennent des agents secrets britanniques
© Nino Dalbera

CULTURE / Un agent, Leslie Fernandez, a été parachuté dans les Alpes de Haute-Provence en août 1944 pour saboter le col de Larche

 

- Alpes du Sud -

Il y a 80 ans, le 15 août 1944, les forces alliées débarquaient en Provence. Alors qu’il devait avoir lieu quelques jours seulement après celui de Normandie, il est reporté à plusieurs reprises en raison de l’utilisation des barques de débarquement sur les plages normandes. Entre les deux débarquements, les mouvements de résistance des Alpes du Sud se sont mobilisés avec l’aide des Alliés par les parachutages de matériel, d’armes et d’explosifs. Des hommes étaient également envoyés par la France Libre et les Alliés.

 

Leslie Perceval Fernandez, le S.O.E. ubayen

Winston Churchill le Premier ministre anglais a installé, en France, un réseau d’espion du SOE, le Secret Special Operations Executive. Leslie Perceval Fernandez était l’un d’eux dans l’Ubaye. Champion de boxe et étudiant en langue étrangère, il s’est engagé dans l’armée anglaise pendant la Seconde Guerre mondiale. Un engagement courageux pour son fils Nicolas 

 

« C’est l'inconscience de la jeunesse. Tous ces SOE venaient se battre pour un pays qui n'était pas le leur. Il prenait des risques énormes. Il était assez discret sur toutes ces choses-là », N. Fernandez

 

Sa mère, Charlotte Franquebalme a également participé à la résistance en portant des messages. C’est à cette occasion qu’elle rencontre Leslie du SOE, avec qui elle se marie à la fin du conflit. Conflit au cours duquel le Britannique a échappé du massacre du Vercors et a été parachuté par la suite dans l’Ubaye en août 44. Un lieu stratégique à ce moment du conflit.

 

« Les armées de Patton en Italie avaient conquis Rome. Il restait une forte concentration de SS en Lombardie. Pour éviter qu'ils reviennent dans la zone du débarquement, les résistants ont fait sauter toutes les routes : Montgenèvre, col de Larche… Partout », N. Fernandez

 

À l'assaut de la route du col de Larche

Pour mener à bien ces sabotages, l’agent du SOE a des missions très précises selon Antoine Arnoux, auteur de "La Guerre secrète dans les Alpes du Sud" aux éditions du Fournel.

 

« Il y avait des maquis qui étaient communistes, il y en a qui était gaullistes, d'autres issus de l'armée. Donc il y avait des petites guéguerres internes », A. Arnoux

 

Le rôle du SOE, c'est simplement d'armer la résistance, et d'organiser les actions entre les maquis pour que ce soit efficace. Les habitants de l’Ubaye au départ sont plutôt réticents à accueillir Leslie car ils craignent que les SS commettent des massacres en recherchant l’Anglais. Finalement, Leslie va s’avérer être une aide précieuse. 

 

« Pour faire sauter le col de Larche, ils avaient beaucoup d'explosifs. Ils ont mis des explosifs là où la montagne pouvait s'effondrer. Toute une falaise est tombée : il a fallu deux ans de travaux pour remettre la route », N. Fernandez

 

 

À la fin de la guerre, le mythe du résistancialisme français va s’imposer en occultant le travail des alliés selon Nicolas né en 1946 au sortir de la guerre. L’union des parents n’a pas tenu par la suite, le père de Nicolas a continué son travail auprès du SOE en effectuant des missions en URSS notamment.

Retrouvez l'épisode 1 sur l'attaque de Verclause ici

Retrouvez l'épisode 2 sur le sabotage de l'Argentière ici

Retrouvez l'épisode 3 sur les cheminots pendant la guerre ici

Retrouvez l'épisode 5 sur le mystère qui entoure la mort de Paul Héraud ici

N. Dalbera