Hautes-Alpes : éducateur dans la vie, prédateur sexuel en ligne

Hautes-Alpes : éducateur dans la vie, prédateur sexuel en ligne

JUSTICE / De novembre 2019 à décembre 2020, cet enseignant gapençais de 61 ans s’est fait passer pour un jeune homme de 20 ans et engager une conversation virtuelle avec une adolescente de 14 ans. Il a reçu de sa part des photos et vidéos à caractère pédopornographique

 

 - Hautes-Alpes -

 

Ancien directeur adjoint d’un collège gapençais et professeur au sein de la section d’enseignement général et professionnel adapté (SEGPA), cet individu de 61 ans a comparu ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Gap pour corruption de mineur de moins de 15 ans. De novembre 2019 à décembre 2020, le prévenu s’est fait passer pour un jeune homme de 20 ans afin d'engager une conversation virtuelle avec une adolescente de 14 ans. Un mensonge qui lui permet de recevoir de la part de la victime des photos et des vidéos à caractère pédopornographique. Se rendant compte de cette supercherie ô combien traumatisante, cette jeune Jurassienne a porté plainte et l’enquête a permis de remonter jusqu’à ce Manosquin, qui a rapidement avoué lors de son interpellation en mai 2021. Près de deux ans plus tard, le procès s’est révélé très pesant avec un homme qui se dit en reconstruction à la barre.

 

« Je suis passé de celui qui a vécu des choses à celui qui les a faites vivre et c’est insupportable ! »

 

« Je suis catastrophé de ce que j’ai pu faire à cette jeune fille » affirme sans détours le mis en cause, suivi psychologiquement depuis sa sortie de la prison des Baumettes. Sous contrôle judicaire jusqu’à ce procès, il ne botte pas en touche et reconnait les faits qui lui sont reprochés, mais ce n’est pas pour autant que sa narration a été simple à entendre pour un auditoire silencieusement en colère. Une colère qui s’explique par les nombreuses photos, vidéos, conversations et fichiers audio retrouvés dans ses différents appareils numériques. Les preuves irréfutables du comportement déviant d’un homme alcoolique, qui se perdait sous l’identité de Mael, le personnage qu’il a inventé de toutes pièces afin de séduire et soudoyer cette mineure. « Tout ce qui était virtuel, je n’avais pas conscience que ça pouvait faire du mal dans la réalité. J’étais tordu ! Tout n’était que jeux de manipulation pervers » admet ce Bas-Alpin qui assure aujourd’hui se sentir à l’abri de ses pulsions passées grâce à son travail avec ses thérapeutes. Un élément rassurant pour le risque de récidive selon le Procureur de Gap Florent Crouhy mais la gravité de ses actions mérite bel et bien sanction. Après délibération, le tribunal l’a donc condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis, accompagné d’une obligation de soins, d'une inscription au fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes et d'une interdiction d’être en contact avec des mineurs en dehors de ceux de sa famille.

 

Des associations engagées en soutien à la victime

Absente à l’audience, la victime n’a pas été représentée mais son père s’est porté à la dernière minute partie civile à l’instar des associations « Agir contre la prostitution des enfants » et « Enfant en danger » qui ont voulu montrer leur soutien même si elles n’ont pas été directement impliquées dans cette affaire. Jugé donc coupable, cet ancien enseignant gapençais doit verser en dédommagement 3.000 euros à la famille de la jeune fille et 1.800 à chaque association.

 

C.Lourenço