Hautes-Alpes : la mort de Blessing Matthew, une affaire judiciaire qui n’est pas si close que ça

JUSTICE / L'association "Tous Migrants" et la famille de la jeune Nigériane de 20 ans ont fait vendredi dernier une demande de réouverture d’information judiciaire auprès du parquet de Gap

 

- Hautes-Alpes -

 

La mort de Blessing Matthew, une affaire judiciaire qui n’est pas si close que ça. Le corps de cette Nigériane de 21 ans avait été découvert le 9 mai 2018, dans la retenue d’eau d’un barrage hydroélectrique de la Durance à Saint Martin de Queyrières, deux jours après son décès. À l’époque des faits, l’association "Tous Migrants" dénonçait la conduite des forces de l'ordre lors d'un « guet-apens » qui se serait conclu selon eux par ce drame. Une version qui n'a pas convaincu la justice car l’enquête avait été classée sans suite en mai 2019. Une plainte avait alors été déposée par l’association briançonnaise mais une ordonnance de non-lieu a été rendue en juin 2020 et a été confirmée en février 2021 par la cour d’appel de Grenoble.

 

« Ce témoignage confirme, ce qui a toujours été nié, qu’il y a bien eu une course-poursuite des gendarmes et ils étaient au courant du danger imminent de la situation », Maitre Vincent Brengarth

 

Cette décision quasi-définitive n’a pas découragé « Tous Migrants » et la famille de la victime dans leur quête de justice car ils ont annoncé ce lundi une demande de réouverture d’information judiciaire auprès du parquet de Gap. Effectuée vendredi par Maitre Vincent Brengarth, elle présente notamment le témoignage d’Hervé, l’un des deux exilés qui avait traversé la frontière avec Blessing Matthew.

 

Une reconstitution qui décribilise les propos des gendarmes

Pour appuyer sa démarche juridique, « Tous Migrants » a alors contacté Border Forensics, une agence suisse qui maitrise avec son équipe de chercheurs des méthodes d’analyse spatio-temporelle développées dans le cadre d’enquêtes déjà menées suite à des décès de migrants notamment dans la Méditerranée.

 

« Notre reconstitution a montré que les déclarations des gendarmes sont systématiquement contradictoires entre elles, souvent incohérentes et parfois impossibles dans l’enchaînement des évènements », Sarah Bachellerie

 

Cette analyse réalisée par Sarah Bachellerie, doctorante au laboratoire PACTE de l’Université de Grenoble Alpes est le second élément qui est apporté pour convaincre le procureur de Gap d’ouvrir à nouveau cette enquête.

 

Contacté par la rédaction d’Alpes1, le procureur Florent Crouhy a confirmé la bonne réception par mail de cette demande de réouverture de l’instruction judiciaire. Elle n’est cependant pas encore étudiée dans l’attente de la transmission par voie postale des originaux de ces nouveaux éléments d’enquête.

 

C.Lourenço