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Hautes-Alpes : dans l’envers du décor d’un crime sanglant

JUSTICE / Procès de l'assassinat de Gilbert Félix : un déferlement de violence avec 26 coups de couteau au niveau du visage, du cou et plus généralement dans le haut du corps, a été dépeint à la barre

 

- Hautes-Alpes -

 

Jour 2 ce mardi du procès à la Cour d’Assises des Hautes-Alpes d’Omar.F pour l’assassinat de Gilbert Félix en août 2018 à Gap. Après une première journée où les réticences à s’exprimer de l’accusé étaient au cœur des débats, ce dernier a commencé à se livrer un peu plus sur son histoire et ce qui l’a amené à commettre l’irréparable : un homicide violent et sanglant qu’il n’a jamais nié.

 

Le problème de l'homosexualité

La langue d’Omar.F se délie enfin. Après une enquête psychiatrique qui a mis en avant les mêmes réponses évasives aux questions et une mauvaise gestion de ses émotions, cet Irakien de 26 ans a évoqué un père violent dans un pays où la guerre et la pauvreté étaient son quotidien. Un quotidien qui le pousse à migrer en France pour travailler et aider financièrement sa famille. « C‘était ma responsabilité » explique-t-il. Avec une volonté de s’intégrer par l’emploi et l’apprentissage de la langue française, il se laisse même aller à l’alcool, la drogue et les sorties en boîte de nuit. Une « occidentalisation » qui va se confronter à l’homosexualité et sa perception dans son pays d’origine. Amnésique et persuadé d’avoir été violé par Gilbert Félix lorsqu’il se réveille en caleçon au petit matin chez le septuagénaire, un jour avant le passage à l’acte mortel où il rentrait ivre d'une boite de nuit, cette conviction de soumission chimique n’a cependant pas pu être confirmée ou infirmée par les analyses toxicologiques mais ce qui est certain par contre, c’est son meurtre.

 

Un acte violent dans un moment d' "égarement"

Alors que la question de la préméditation est au cœur des arguments de la défense autour de la véritable raison de l’achat du couteau qui est devenu l’arme du crime, le témoignage de la médécin-legiste a mis en avant un déferlement de violence avec 26 coups de couteau au niveau du visage, du cou et plus généralement dans le haut du corps. Omar.F dit qu’il « a vu noir » et ne souvient plus de rien de son acte barbare. Sauf cette phrase qui aurait été lancée par Gilbert Félix, déclenchant un déferlement de violence, « on est en France, on peut faire ça » sous-entendant un rapport homosexuel consenti. L’ambivalence de son comportement oscille alors entre des volontés suicidaires et de se rendre ou entre une tentative de s’enfuir et de se faire attraper. Lorsqu’il se fait finalement interpeller trois jours après à la frontière serbe, il se dit même « soulagé » car « je suis coupable et je mérite la prison ». Omar F. n'hésitera pas à lancer à la barre ses remords envers la victime et sa famille. « J’aimerais demander sincèrement pardon. Je n’étais pas moi-même. Je suis désolé ! Pardon… » clame-t-il en se dirigeant vers la sœur de la victime, partie civile de ce procès qui se conclura ce mercredi. Pour ce dernier jour d’audience, place aux plaidoiries de Maitre Kadder Sebbar pour les parties civiles et Maitre Grégoire de Petiville pour la défense ainsi que les réquisitions de l'avocat général. Pour rappel, le dernier mot reviendra à l’accusé avant la délibération des jurés.

 

C.Lourenço