Hautes-Alpes : la France décide de la fin de l'opération Barkhane

SÉCURITÉ / « Les conditions ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement l’engagement militaire », a justifié Emmanuel Macron. Depuis le début de l’opération Barkhane, six militaires du 4ème Régiment de Chasseurs de Gap sont décédés au Mali, dont cinq au combat

 

- Hautes-Alpes - 

 

La France se retire du Mali, l’opération Barkhane prendra fin dans ce territoire. L’annonce a été faite officiellement ce jeudi matin par Emmanuel Macron, le chef de l’État français. Une décision qui concerne directement les Alpes du Sud. Depuis le début de cette opération de lutte contre les groupes djihadistes présents dans la bande sahélo-saharienne, des troupes du 4ème régiment de chasseurs de Gap ont été envoyées sur place.

 

« Les conditions ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement l’engagement militaire », E. Macron

 

À la veille du Sommet entre l’Union européenne et l’Union africaine, l’annonce se dessinait. La France, ses partenaires européens et le Canada l’ont confirmée conjointement ce jeudi matin. Les opérations militaires Barkhane et Takuba prendront fin au Mali. Le contexte politique dans ce pays est l’un des facteurs aggravants avancé pour justifier de cette décision. Le gouvernement du Mali a été renversé lors d’un double coup d’État en 2020 et 2021, aboutissant à l’arrivée au pouvoir d’une junte qui refuse d’organiser des élections avant plusieurs années. Les autorités maliennes fustigent également la présence militaire occidentale sur leur sol et font désormais appel, selon l’Europe, aux mercenaires russes de la société Wagner. « En raison des multiples obstructions des autorités de transition maliennes, le Canada et les États européens estiment que les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel dans la lutte contre le terrorisme au Mali et ont décidé d’entamer le retrait coordonné du territoire malien de leurs moyens militaires respectifs dédiés à ces opérations », écrit l’Élysée.

 

Une action étendue aux pays voisins                                                                                                       

Si la France annonce un retrait au Mali, l’action devrait toutefois s’étendre aux pays voisins de la région du Sahel, notamment au Niger et dans le golfe de Guinée « sur la base de leurs demandes ». Les « paramètres » de cette réorganisation seront arrêtés d’ici « juin 2022 ».

 

« La France n’oublie aucun des 53 morts », Emmanuel Macron

 

Dans une prise de parole, Emmanuel Macron a tenu à adresser un message aux familles des militaires tombés au Sahel, « la France n’oublie aucun des 53 morts, aucun de ses blessés ».

Depuis le début de l’opération Barkhane, six militaires du 4ème Régiment de Chasseurs de Gap sont décédés au Mali, dont cinq au combat. Parmi ces derniers, le maréchal des logis Alexandre Protin, 33 ans, décédé dans la collision de deux hélicoptères en novembre 2019 lors d’une opération anti-djihadiste. Son père, Dominique Protin, avait adressé il y a quelques semaines une lettre ouverte à destination du colonel Assimi Goïta, président de la transition de la République du Mali. « Il se revendique militaire mais en a oublié les codes. S’il est au pouvoir, c’est bien parce que nous sommes intervenus. Sinon, ce serait un régime islamique », avait-il déclaré sur Alpes 1. En parallèle, Renaud Muselier, président de la Région Provence Alpes Côte d’Azur salue « le choix de la lucidité » du Président de la République et annonce un hommage régional ce vendredi midi, à Marseille pour les soldats morts au combat au Sahel. Les drapeaux des bâtiments régionaux seront également mis en berne pour l’occasion.

 

C. Cava Michard