- Hautes-Alpes -
« J’ai porté un masque tout ce temps là mais aujourd’hui j’évacue. J’ai besoin de reprendre ma vie, pour moi, mes enfants et mon mari », ce sont les propos de Cécile, 48 ans. Elle est venue ce jeudi matin à la barre de la Cour d’Assises des Hautes-Alpes témoigner dans l’affaire de Jean-François Hahn. Quatrième jour de procès pour l’ancien maire d’Agnières en Dévoluy et ex-kinésithérapeute, qui est accusé de viols et agressions sexuelles entre 2008 et 2015 dans ses cabinets de Gap et la Saulce. C’est dans cette dernière commune qu’entre décembre 2007 et juillet 2008, cette quadragénaire a consulté le professionnel, suite à une méningite. Une maladie qui l’a mise dans le coma pendant 17 jours et hospitalisée pendant quatre mois. Une fragilité mentale qu’un expert psychiatre a révélé et qui ne lui a pas permis de percevoir la gravité des actes pratiqués par l’accusé. C’est lorsqu’une amie, également partie civile dans ce procès, lui fait part de l’enquête menée contre le kiné, qu’elle n’hésite plus à déposer plainte. Lors de son audition, le regard « décomposé » du gendarme lui fait alors comprendre qu’elle a été victime d’un viol. En effet, lors de ces séances, en plus de l’obliger à déambuler nue dans son cabinet, il lui aurait fait subir une pénétration digitale.
Des dégats psychologiques et physiques chez les victimes
Laetitia, dernière victime à passer à la barre a vécu le même traumatisme alors qu’elle n’a réalisé qu’une seule consultation. Une consultation qui a eu un vrai impact psychologique comme l’atteste le spécialiste qui l’a expertisée. Elle avait seulement 18 ans lorsqu’elle entre dans le cabinet gapençais de l’ex-kinésithérapeute en 2009 et son rapport avec les hommes est changé à jamais. « Il y a toujours quelque chose de malsain dans le regard d’un homme », confie-t-elle. Elle devient alors encore plus introvertie en se terrant dans le silence durant neuf ans mais également agressive et anxieuse. Des troubles psychologiques qui sont même devenus physiques avec une importante prise de poids, de l’urticaire et de l’eczéma. Le clou final de trois jours de témoignages qui ont chamboulé les personnes présentes dans la salle et même l’accusé qui a complétement craqué à la barre face à ses remords et les dégâts de ses actes. Les plaidoiries ont alors pris le relais pour se poursuivre jusqu’à tard dans la soirée. Si le procès n’est pas prolongé jusqu’à samedi, le verdict est attendu ce vendredi après cinq jours de procès intense. Pour rappel, Jean-François Hahn encourt jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle.
C.Lourenço