Hautes-Alpes : l’agriculture est un gros paquebot qui ne peut prendre de virage à 180 »

AGRICULTURE / Éric Lions, le président de la Chambre d’Agriculture des Hautes-Alpes, était l’invité du « 8 :30 » ce mardi matin

 

- Hautes-Alpes - 

 

« L’agriculture est un paquebot, sur lequel on ne peut prendre de virages à 180, il faut anticiper les décisions ». Éric Lions, le président de la Chambre d’Agriculture des Hautes-Alpes, réagit alors que la France s’est engagée à se passer de glyphosate dès le 1er janvier 2021 dans ses principaux usages, et le 1er janvier 2023 pour l’ensemble de ses utilisations. Mais selon un rapport parlementaire, cela coûtera cher aux exploitants entre les frais de main d’œuvre, la consommation de carburant qui sera multipliée par trois ou quatre, les investissements en matériel nouveaux. L’interdiction alourdira les charges des exploitations entre 50 et 150 euros l’hectare.

« On met les agriculteurs au pied du mur sans avoir préparé d’alternatives », regrette le responsable, tout en précisant que les Hautes-Alpes n’utilisent que peu les produits phytosanitaires, « un agriculteur sur trois est en bio et 30 % des surfaces sont à plus de 2.000 mètres d’altitude ». Mais là où le bas blesse, selon Éric Lions, c’est que la France interdit d’un côté à ses agriculteurs ce qu’elle autorisera de l’autre. Alors que le traité transatlantique a été voté en première lecture pour faciliter les accords commerciaux avec le Canada, « certains produits provenant d’agricultures complètement liées au glyphosate seront importés ».

 

« Le monde agricole subit une pression importante », É. Lions

 

Alors qu’une agricultrice se donnait la mort il y a quelques jours à Risoul, le président de la Chambre d’Agriculture dans les Hautes-Alpes regrette ce phénomène d’agribasching qui s’installe, « il y a toujours des sujets où l’on appuie pour faire mal, c’est dur à supporter ». Associations Vegan ou « groupuscules extrémistes », on véhicule une mauvaise image de l’agriculture alors que les « produits consommés en France et en Europe sont parmi les plus sûrs au monde ». Mais le secteur est en crise : l’agriculture française qui affichait depuis l’après-guerre plusieurs milliards d’excédents commerciaux, désormais est en déficit, « pour la première fois l’année dernière nous avons accusé un déficit de 300 millions d’euros ».

 

C. Michard