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Hautes-Alpes : suicides dans la police, « des changements doivent s’opérer en interne » pour les syndicats

SOCIÉTÉ / 28 suicides ont eu lieu depuis le début de l’année dans les rangs de la Police Nationale

 

- Hautes-Alpes -

 

28 suicides depuis le début de l’année dans les rangs de la Police Nationale. ll y a une semaine, le Ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner a lancé « la Cellule Alerte Prévention Suicide ». Dans les Hautes-Alpes, les policiers s’étaient réunis, mi-avril, pour demander plus de moyens.

 

« Nous devons briser la peur et le silence », C. Castaner

 

Pour Jean-Marie Allemand, coordinateur zonal pour la Région méditerranée pour le syndicat Alliance, une « cellule Alerte Prévention » oui, mais le mal est plus profond. En 2018, 35 policiers se sont suicidés, selon les chiffres du Ministère de l’Intérieur. Un phénomène qui n’est pas récent, puisqu’en 1996, année noire, 70 suicides ont été enregistrés. Selon un rapport du Sénat, publié en juin 2018, le taux de suicides dans la police est supérieur de 36% à celui de la population générale, « c’est bien de lancer une cellule de prévention mais les suicides n’ont pas commencé au 1er janvier cette année. Pour moi, il y a trois facteurs : le facteur familial, le financier. Par exemple, en région parisienne, un policier touche 1.800 euros. Quand vous êtes déracinés, que vous vous trouvez à Paris tout seul, ça pèse aussi. Puis il y a le problème du travail avec la pression de l’administration et de la hiérarchie ».

 

Plus de missions, plus de pression, plus de compte à rendre

Le syndicaliste qui en attend aussi plus de la justice : « ce que l’on voit de plus en plus c’est une défiance de la justice par rapport aux interventions de la police nationale. »

Pour ce syndicaliste, après 31 ans au sein de la Police, les changements doivent aussi s’opérer en interne, « quand l’administration voit qu’il y a des collègues qui sont fatigués, qu’ils viennent le dire et l’écrire, il faut peut-être les enlever de la voie publique. Il faut écouter ces fonctionnaires-là. Et il faut passer aux actes ».

 

« Quand on fait un accident mortel, quand on fait un suicide, on n’a pas le temps de faire un débriefing », J.M Allemand

 

En 2014 et en 2017, deux policiers du commissariat de Gap se sont donnés la mort avec leur arme de service. Un geste qui a profondément marqué leur scollègues. Pourtant pour 140.000 policiers, on compte seulement 89 psychologues sur le territoire. « Les collègues ont leurs problèmes quand ils arrivent au commissariat, mais ils prennent encore les problèmes de la société et il n’y a pas de cellule pour débriefer de tout cela ».

Notez que dans le cadre de la Cellule Alerte Prévention, une ligne d’appel sera ouverte en juin. Son objectif : mettre en relation policiers et psychologue 24h sur 24.

 

A. Vallauri