Les faits requalifiés en violences volontaires avec armes ayant entrainé la mort
20h : Loïc Toninelli condamné à 10 ans de réclusion criminelle après près de cinq heures de délibération. L'Argentiérois de 20 ans a été condamné ce mercredi soir devant la Cour d'Assises des Hautes-Alpes, le jeune homme était accusé du meurtre d'Océane Bigaré, 18 ans, le 16 août 2015, et de trois tentatives de meurtre sur ses amis. Ce soir d'été, à la sortie de la boîte de nuit du "Baroque" à Briançon, il avait foncé avec sa voiture sur le groupe, rue des Maisons Blanches. Si trois ont réussi à éviter le véhicule, la jeune femme a été mortellement percutée. Loïc Toninelli n'a pas été condamné pour "meurtre", la Cour d'Assises a considéré qu'il "n'était pas le meurtrier d'Océane" et a donc retenu contre lui des violences volontaires avec armes ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Il a été reconnu non coupable de tentatives de meurtre sur les amis d'Océane mais coupable de violences volontaires agravées.
15 ans de réclusion criminelle requis
17h : Le verdict doit tomber dans la soirée. Depuis ce lundi, Loïc Toninelli, 20 ans, comparait pour meurtre et triple tentative de meurtre. Le soir du 15 août 2015, à la sortie de la boîte de nuit « Le Baroque » à Briançon et suite à un différend entre son groupe et celui appelé « Les Toulouzanes », il fonce au volant de sa voiture sur quatre jeunes gens. Si trois d’entre eux parviennent à l’éviter, Océane Bigaré, 18 ans, est violemment percutée. « Il lui a manqué un quart de seconde pour pouvoir s’en sortir, car la voiture l’a percutée de profil » alors qu’elle devait tenter de se dégager de la trajectoire du conducteur.
« C’est un océan de malheurs qui a touché cette famille », Maître C. d’Arrigo
Un dernier jour de procès lourd émotionnellement au sein de l’audience. Finis les débats, témoignages et expertises, place ce mercredi matin aux plaidoiries. Notamment de l’avocate de la partie civile. Maître Christine d’Arrigo ne peut retenir quelques larmes face à la famille d’Océane aujourd’hui brisée par la mort de la jeune fille.
Une famille qu’elle défend depuis trois ans maintenant, « c’est un océan de malheurs qui les a touchés. Océane, c’était une force de vie, elle a survécu, elle s’est battue mais cela n’a pas suffi ». Pour l’avocate, l’intention de tuer de Loïc T. était bien là, derrière le volant de « son véhicule lancé à plein régime, 70 km/h, si bien que le corps d’Océane s’imprime dans la tôle, ses cheveux sont même retrouvés dans le pare-brise ». Selon l’expert judiciaire entendu mardi, le conducteur circulait bien ce soir là à contresens dans cette rue des MaisonsBlanches, fonce « dans le tas, un tas de quatre jeunes » comme le souligne l’avocate de la partie civile. « C’est comme un bazooka », ajoute Maître d’Arrigo, « sauf que c’est plus lâche de foncer dans son véhicule que d’être derrière une gâchette ». Elle demande à la Cour et aux jurés de rendre justice.
L’avocat général retient l’intention de tuer
15 ans de réclusion criminelle sont requis par l’avocat général pour un acte qui « n’est pas une erreur de jeunesse, pas un accident mais bien un acte meurtrier ». L’avocat général qui s’attelle dans son réquisitoire ce mercredi matin à démontrer que Loïc, ce jeune Argentiérois, avait bien l’intention de tuer. « Je ne crois pas à sa version », lance-t-il à La Défense. Le parcours alerte déjà le Magistrat : à trois reprises, le conducteur passe devant le groupe malgré la menace présente, il y avait « une intention meurtrière ».
"Choisir, c'est parfois renoncer. À aucun moment, il ne renonce"
Ce parcours aurait dû, selon lui, permettre au jeune homme de « faire preuve de réflexion, de faire des choix ». D’autant qu’il a, certes quelques « fissures » comme le souligne la partie civile, mais a tout de même « une éducation, des codes, des repères donnés par sa famille. Il est structuré ». Sauf que ce soir-là, Loïc ne rentre pas chez lui, il veut « s’expliquer » avec ce groupe qui selon lui le malmène depuis plusieurs mois, « il veut en finir. Choisir c’est parfois renoncer. Mais Loïc T. monte sur le trottoir, roule à contresens » et fonce. Fonce à une « vitesse certaine », souligne l’avocat général, « pour qu’un corps soit dans cet état-là ». Sous le choc, Océane souffrait en effet de multiples hémorragies, sa moelle épinière avait par ailleurs été sectionnée ce qui a laissé la jeune fille dans un état de tétraplégie.
Le Magistrat détaille également qu’après la collision, Loïc ne freine pas, ne s’arrête pas, n’appelle pas les secours. Il roule pendant 27km pour placer sa voiture dans un ravin à Freidsinieres, « une mise en scène. Puis il rentre et fume un joint. Ce n’est pas une erreur de jeunesse », termine l’avocat général qui requiert donc 15 ans de réclusion criminelle. Avant de s’adresser à la famille d’Océane, « vous avez été victime, nous avons entendu votre douleur. J’espère que ce procès vous apportera justice et apaisement ».
C. Michard / A. Vallauri