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Hautes-Alpes : les chantiers d'insertion en situation mortifère ?

ÉCONOMIE / Plusieurs responsables de chantiers d'insertion étaient réunis devant le Conseil Départemental des Hautes-Alpes et la préfecture de Gap. Alors que le Conseil Régional PACA a annoncé son désengagement de ces structures, ce sont 14 chantiers qui sont menacés dans le département et avec eux 400 personnes en insertion et 90 emplois

 

- Hautes-Alpes - 

 

Des chantiers d’insertion pris à la gorge dans les Alpes du Sud, face au revirement du Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur. Décembre 2017 : les paroles sont rudes, le coup est dur pour ces structures.  « Nous procédons à un désengagement progressif d’ici à l’année prochaine », avance Renaud Muselier, le président de l’hémicycle marseillais. Une parole suivie par des actes : de 5,8 millions d’euros, l’enveloppe aux chantiers d’insertion est désormais de 3,5 millions d’euros pour cette année. Avant une suppression totale d’ici l’année prochaine. « Le problème, c’est qu’il n’y a rien de clair. On a annoncé une baisse des financements mais on ne sait pas dans quelles conditions va être opérée cette baisse », expliquent Bernard Delmas, président des Environneurs et représentant du Collectif des Associations d’utilité sociale des Hautes-Alpes et Claude Maumet, président de la Petite Ourse. Une épée de Damoclès qui menace aujourd’hui 14 chantiers, 400 personnes en insertion et 90 emplois permanents dans les Hautes-Alpes.

 

« L’État et le Département nous soutiennent… mais pas financièrement »

 

Dans les Hautes-Alpes, c’est 500.000 euros en moins dans les budgets des structures, « aux départements de compenser », estime la Région. Sauf que le Département abonde déjà à hauteur de 315.000 euros au fonctionnement des chantiers et 415.000 euros pour les postes de travail, et l’État à hauteur de 2,4 millions d’euros.

Si le président Jean-Marie Bernard et la préfète Cécile Bigot-Dekeyzer, au sortir d’une réunion vendredi, qualifiaient ces structures d’« indispensables », la collectivité locale et l’État sont aussi pris à la gorge par la décision marseillaise. « Ils soutiennent les structures, mais c’est un soutien qui n’est pas financier. La seule solution qui s’offre à nous est de faire évoluer nos métiers pour trouver des ressources nouvelles », expliquent les deux présidents.

 

Chantiers d’insertion : l’impossibilité de dépasser 30 % d’autofinancement

Plusieurs pistes « à court et moyen terme », comme l’explique la Préfète, ont été avancées notamment l’Activation du Fonds Social Européen, « mais le temps de l’activer ne comblera pas immédiatement la carence de la Région». L’Etat proposait également de mettre une clause sociale dans les appels d’offre, « mais cela ne comble pas une subvention ». Autre difficulté : il est interdit aux chantiers d’insertion de dépasser 30 % d’autofinancement, « soit 70 % de financement public ».

 

« Renaud Muselier se trompe : les chantiers d’insertion font partie de ses compétences »

Si l’argument de la Région est d’évoquer le recentrage sur ses compétences obligatoires, exit donc le social, les responsables des chantiers d’insertion dans les Hautes-Alpes estiment qu’il se trompe : « les chantiers d’insertion font partie du développement économique, de la formation et de l’emploi, des compétences régionales ». Des structures qui permettent chaque année 60 % de sortie dite positive ou dynamique, c’est-à-dire soit une insertion vers un emploi ou une formation qualifiante ou l’obtention d’un permis de conduire, « les personnes suivies deviennent donc davantage employables ».

Retrouvez l'émission "Au bout de l'Actu" consacrée aux chantiers d'insertion ici.

 

C. Michard