- Hautes-Alpes -
Les Hautes-Alpes, un département « plus paisible que nos voisins », mais la lutte contre la délinquance se poursuit au sein du Parquet de Gap. Le Tribunal de Grande Instance tenait son audience solennelle de 2018 ce lundi matin. Une rentrée en quelques chiffres afin d’effectuer un bilan de l’activité l’an dernier.
Un taux de réponse pénale à 97 %, « plus de personnes ont été poursuivies », R. Balland
Le Parquet a reçu 9.128 procédures (contre 9.744 en 2016), 25 % des affaires étaient susceptibles d’être poursuivies (2.324 affaires). Le taux de réponse pénale est l’un des plus élevés depuis ces six dernières années, il se situe à 97 % « ce qui veut dire que plus de personnes ont été poursuivies par le tribunal correctionnel », explique le Procureur Raphaël Balland. 539 alternatives aux poursuites ont été prises, contre 918 en 2016. Autre chiffre : les gardes à vue augmentent de 22 %, 396 mesures ont été prises l’an dernier. Une hausse qui symbolise, selon le Parquet, « une délinquance qui baisse. Beaucoup d’énergie est déployée pour que la délinquance ne s’enracine pas dans notre département » saluant au passage les forces de l’ordre déployées sur le terrain et qui doivent également faire face « à une implantation de trafics locaux de stupéfiants », déplore Raphaël Balland.
La toxicomanie, à quand un « véritable débat national » ?
Le Procureur qui fait de la lutte contre la drogue et la toxicomanie l’une de ses priorités, au même titre que les violences. « Le prix moyen du gramme de cannabis a baissé en l’espace de trois ans, en particulier à Gap, alors qu’il augmente en France », s’alarme-t-il, tout en regrettant « la modestie dans les campagnes de prévention en matière de toxicomanie ».
Le Procureur, Raphaël Balland, qui a félicité les gendarmes et policiers, ces derniers étant notamment au cœur d’une importante saisie de cannabis, cocaïne et ecstasy en décembre dernier au quartier du Forest d’Entrais à Gap.
« À force de crier dans le désert, je deviens aphone », R. Balland
Une justice qui doit lutter contre les délits et infractions malgré « la faiblesse des moyens humains, nous pourrions faire tellement plus et tellement mieux », souligne le Parquet. Faire mieux et plus si la France était seulement à la moyenne des pays appartenant au Conseil de l’Europe, « nous aurions 15 magistrats au Parquet au lieu de trois et on compterait 75 fonctionnaires de justice au sein du tribunal au lieu d’une trentaine aujourd’hui ». Des moyens laissés à la justice considérés comme « misérables voire méprisants depuis une dizaine d’années », regrette Raphaël Balland.
Le Parquet, engorgé par les Mineurs Non Accompagnés
Un Parquet qui, d’autant plus, a dû faire face en 2017 à un afflux de migrants se prétendant être Mineurs Non Accompagnés. Si l’évaluation et la mise à l’abri sont effectuées par le Conseil Départemental, c’est à la justice que revient la décision de placement. « De 24 Mineurs non accompagnés en 2015, nous sommes passés à 65 en 2016. Et 1.238 personnes affirmant être MNA en 2017 », comptabilise le Parquet qui a ainsi rendu 617 décisions individuelles, dont 572 ordonnances de placement provisoire, le reste ayant donné lieu à des refus. 26 ont été confiés au Département des Hautes-Alpes et 546 autres ont été placés dans le département. « Seules les Bouches du Rhône ont refusé 61 jeunes », pointe Raphaël Balland, en violation avec leurs obligations. Le Parquet qui désormais se pose la question de « déjudiciariser » le dispositif, qui serait alors entièrement géré par l’administration. Le Procureur Raphaël Balland :