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Hautes-Alpes : violences faites aux femmes, État et Justice main dans la main pour décliner des actions locales

SOCIÉTÉ / Emmanuel Macron, le chef de l'État, a lancé ce samedi un plan quinquennal pour la lutte contre les violences faites aux femmes. Trois priorités, huit actions déjà décidées dans le département des Hautes-Alpes par le préfet Philippe Court et le Procureur du Parquet de Gap, Raphaël Balland

 

- Hautes-Alpes - 

 

C'était un discours très attendu : Emmanuel Macron a déclaré ce samedi la lutte contre les violences faites aux femmes "grande priorité nationale". Le chef de l'État a détaillé "trois priorités" pour les cinq prochaines années : "l’éducation et le combat culturel en faveur de l’égalité", un "meilleur accompagnement des victimes" et un "renforcement de l’arsenal répressif". 

 

Un budget alloué qui augmente


Pour mettre à bien son plan quinquennal, le président de la République a annoncé une augmentation du budget alloué à la lutte contre les violences faites aux femmes, "son plus haut niveau jamais connu en 2018" : une hausse de 13 %, le budget pour l’égalité entre les femmes et les hommes doit être porté à 420 millions d’euros en 2018. Toujours "insuffisant" pour certaines associations, "je ne sais pas comment on fait changer les mentalités de 60 millions de personnes dans ce pays, sans aucun sou supplémentaire", s'interroge Caroline de Haas, cofondatrice de l'association Osez le féminisme !.

 

Un âge minimum de consentement sexuel à 15 ans


Depuis fin septembre, le débat de l'âge du consentement sexuel fait débat dans l'Hexagone, depuis que le parquet de Pontoise a estimé qu'une adolescente de 11 ans n'avait subi aucune contrainte lors d'une relation sexuelle avec un adulte de 28 ans alors qu'elle avait déposé plainte pour viol. "Nous devons aligner l’âge de consentement sur celui de la majorité sexuelle, à 15 ans, par souci de cohérence et de protection des mineurs", a déclaré Emmanuel Macron, mettant fin à la polémique. Un sujet qui sera tout de même débattu en 2018 dans le cadre d’un projet de loi contre "les violences sexuelles et sexistes".

 

Un délai de prescription à 30 ans pour les victimes de crimes sexuels


L'allongement du délai de prescription était préconisé dans le rapport de la mission menée par l'ancien magistrat Jacques Calmettes et l'animatrice Flavie Flament, auteure du livre "Consolation" dans lequel elle se confie sur les viols répétés du photographe David Hamilton Un délai de prescription fixé aujourd'hui à 20 ans après l'âge de la majorité, qui pourrait donc passer à 30 ans. "Le temps nécessaire à la parole épuise trop souvent le délai de prescription", a expliqué le président.

 

Vers la création d'un délit d'outrage sexiste


Alors que tous les départements de France sont en pleine discussion pour la création de la police de proximité, ce sera l'une des priorités de ces nouveaux fonctionnaires : le délit d'outrage sexiste. "Le harcèlement de rue pourra bientôt être verbalisable immédiatement pour un montant dissuasif", a avancé Emmanuel Macron, "les femmes ne peuvent pas en République avoir peur de sortir, (...) la rue ne peut pas être leur enfer quotidien".

 

Face aux violences faites aux femmes, des unités hospitalières spécialisées


Dix unités pourraient être créées dans les mois qui viennent en France "à titre pilote, les soins psychotraumatiques de ces violences pourront être pris en charge par la sécurité sociale". 

 

Vers une nouvelle éducation


Le chef de l'État compte s'appuyer sur le CSA  pour une meilleure régulation des contenus "audiovisuels en prenant en compte l'évolution du numérique" afin d'assurer un contrôle "indispensable sur tous les contenus qui peuvent conduire à la violence contre les femmes". Une extension qui comprend les vidéos en ligne et la pornographie sur Internet, mais aussi les jeux vidéos. Des modifications législatives sont également envisagées pour "poursuivre ceux qui agissent sur Internet pour harceler". 


Des modules d'enseignement devraient également être mis en place dans les écoles publiques, un moyen de faire de la prévention "et de la lutte contre le sexisme, le harcèlement et les violences". Les enseignants et les personnels scolaires verront également leur formation renforcée, quant aux parents, ils seront sensibilisés à la prochaine rentrée scolaire. 

 

Une déclinaison départementale


Dans la foulée de ce discours, le préfet des Hautes-Alpes, Philippe Court, et le procureur du Parquet de Gap, Raphaël Balland, ont décliné cette priorité nationale en actions locales. "Trois priorités et huit actions qui seront inscrites dans le prochain plan de prévention de la délinquance 2018-2022, pour à terme, prévenir et éliminer les violences faites aux femmes". Il s'agira tout d'abord de mieux repérer les violences faites aux femmes, notamment par l'ensemble des services de l'État et de former le monde médical et paramédical, hospitalier et libéral, à cette détection. 

 


Afin d'accélérer et faciliter la prise en charge des victimes, les officiers de police judiciaire poursuivront leur formation à l'audition des victimes de violences conjugales. L'accompagnement social par le CIDFF 05 sera systématisé, le Centre d'Information Départemental des Femmes et de la Famille sera contacté par les officiers de police judiciaire dès l'audition. Les déplacements de ces victimes en milieu rural seront pris en charge financièrement par des "bons de transport". Une maison des femmes a également ouvert ses portes depuis le 1er octobre dernier, elle est gérée par l'APPASE et permet la prise en charge de six femmes, jusqu'à leur orientation vers l'autorité judiciaire. Enfin, des lieux d'hébergement permettant l'éviction des auteurs de violences du domicile conjugal seront mis en place. Une éviction décidée par la Justice. 


Dernière priorité, intensifier la prévention : le milieu scolaire sera le lieu d'actions.