Votre ville : BRIANCON | Changer de ville

Hautes-Alpes : procès du lac du Sautet, accusé et témoin à la barre

JUSTICE / Virginie Morvan maintient son témoignage : elle aurait bien entendu trois coups de feu ce soir du 13 décembre 2011

Hautes-Alpes - Procès du Lac du Sautet, devant la Cour d’Assises des Hautes-Alpes : les plaidoiries des avocats sont attendus ce jeudi. Ce mercredi, les experts ont témoigné. Si Najoua Nemri, la victime de 28 ans, est décédée immédiatement d’une balle dans la poitrine, Amar Zidi, 33 ans, aurait pu succomber par noyade. Journée importante dans ce procès puisque le témoin principal, ainsi que l’un des accusés ont pris la parole.


Un procès où accusés, victimes et témoins sont liés


C’est un petit monde qui comparaît depuis lundi, à la barre de la Cour d’Assises des Hautes-Alpes. Avec au cœur de ce réseau social champsaurin Bernard Blanc, le sexagénaire. L’homme que tout le monde qualifie de « gentil », voire même de « bien », mais qui est accusé du double homicide. Il semble être le « second père », l’oreille, celui vers qui se tourner de plusieurs des protagonistes. Laurent Tedeschi, tout d’abord, l’autre accusé qui comparait pour recel de cadavres. Bernard, il le connaît depuis toujours, c‘est l‘ami de son père : « Je ne pourrais jamais l’imaginer faire cela. Il aimait bien trop Najoua pour la tuer ». Car la victime de 28 ans, rappelons-le, entretenait une relation intime avec Bernard.


« Je veux dire la vérité ! »


Ce sexagénaire, qui avait pris pour habitude également de dépanner Virginie Morvan, le témoin principal de ce macabre soir du 13 décembre 2011. « Il me payait parfois mes loyers, il ne jugeait personne », explique t-elle dans un sanglot à la Cour. Pourtant, c’est elle qui continue d’affirmer devant les neuf jurés que ce soir de décembre, alors qu’elle était venue « fêter » son contrat de saisonnière à Orcières chez Bernard, elle a vu arriver Najoua et Amar dans une voiture. Cette fameuse Clio blanche qui sera retrouvée un mois plus tard immergée, avec les deux corps dans le lac du Sautet. « Bernard est sorti, il y a eu des cris, Amar voulait défoncer le portail »… Silence dans l’audience… « Puis j’ai entendu un coup de feu, puis deux. Je veux dire la vérité ! ».


Pas de traces ADN et un témoin qui n’a pas vu


Une vérité qui n’est pas évidente, car les deux accusés nient les faits et aucune arme, aucune trace ADN, ou matérielles n’ont été retrouvées. Quant à Virginie, elle n’a pas vu Bernard tirer. Elle n’a vu les corps, ni de traces de sang quand elle est retournée à sa voiture. De peur d’être la troisième sur la liste de Blanc, la femme aurait alors consommé près de 10 grammes de cocaïne et avoir bu de la bière comme de l’eau. « Je ne veux pas voir ce qu’il se passe, je ne veux pas savoir », crie t-elle en se prenant la tête entre les mains.


La défense plaide à la responsabilité de Virginie


La défense est toute faite pour l’avocat de Bernard Blanc, il joue sur sa surconsommation de stupéfiants pour plaider une altération de la réalité. Quant à l’avocat de Laurent Tedeschi, pour lui, Virginie aurait pu procéder à l’élimination. Elle affirme que Laurent est venu dans la ferme de Saint-Julien-en-Champsaur, après qu’elle l’ait appelée au secours. Puis l’avoir vu comploter, puis pousser, avec Bernard Blanc, la voiture des deux victimes dans le garage.


« Je suis l’alibi de Virginie ! »


Une version que détricote Laurent Tedeschi. S’il avoue s’être bien rendu dans la ferme ce soir-là, quand il est arrivé, il n’y avait ni voiture, ni traces de sang, tout semblait normal. À part Virginie, qu’il dit dans un « état second ». « Je suis son alibi ! », hurle-t-il . Selon Laurent, tout le procès tourne autour de la version de la jeune, s’il hésite à prendre parti dans l’accusation de Bernard Blanc, pour ce Champsaurin, on a déjà vu des femmes meurtrières ou inculpées pour recel de cadavres. L’absence de preuves matérielles plaide à son avantage. « S’il faut aller en prison pour soulager les familles, j’irais. Mais vous n’aurez pas eu la vérité », lance Laurent.