- Hautes-Alpes -
Les Alpes du Sud font partie de ces territoires en France qui ont vu lors des dernières élections départementales le vote du Front National se décomplexer, en bousculant le jeu du bipartisme traditionnel, droite-gauche, au point d’occuper assez largement le devant de la scène jusqu’au second tour dans les Alpes de Haute-Provence (sur 15 cantons, 7 avaient vus des candidats FN arriver soit en tête, soit en 2ème position pour le second tour), sans pour autant remporter au final de canton.
Les Hautes-Alpes avaient quant à elles pu présenter des candidats sur 6 cantons sur 15, une performance pour un FN qui ne partait de presque rien. Une présence qui n’a pas suffi pour se qualifier pour le second tour.
Deux territoires fertiles que le FN compte bien valoriser dans les années à venir en nommant un cadre, pur produit politique, afin de structurer le département des Hautes-Alpes. Et c’est à Amaury Navarranne que revient la tâche de structurer le parti dans les Hautes-Alpes. Choisi par les instances nationales et intronisé ce samedi 20 juin par Dominique Martin, député européen et délégué territorial sud-est, il précise être là « parce que les Hautes-Alpes avaient besoin d’un renouvellement de cadre, d’un cadre régional ».
Portrait d’un bébé Le Pen, en mutation politique pour créer la synthèse politique du père et de la fille
Natif de Toulon, amoureux de l’ovalie, Amaury Navarranne a 30 ans et déjà un long parcours au sein du mouvement frontiste. Parcours qui débute après la victoire du FN en 1995 lors des municipales à Toulon remportées par Jean-Marie Le Chevallier.
Le jeune Amaury Navarranne est alors happé par la verve de Jean-Marie Le Pen à l’Opéra de Toulon, à l’occasion du XVe anniversaire du Baptême de Clovis. Depuis, participation aux campagnes, collage d’affiches, et farouche conviction en la personne de Jean-Marie Le Pen qui atteint le second tour des présidentielles en 2002.
2003, il intègre le bureau départemental varois du Front National, c’est aussi cette même année, celle de ses 18 ans, qu’il devient responsable du FNJ 83.
2005, il rejoint la direction nationale du FNJ et se charge désormais de la structure jeune du Front en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, nommant pour le remplacer dans le Var un autre jeune homme, David Racheline (actuel maire de Fréjus).
2008, première candidature sur la liste municipale de Toulon.
2009, il mènera la campagne jeune des Européennes pour Jean-Marie Le Pen dans les départements de la région PACA.
2010, Le président du Front National lui demandera de récidiver pour les élections régionales avec la « paternité » de la célèbre affiche « Non à l’islamisme » qui défraya la chronique.
La même année, Amaury Navarranne, devenu entre-temps pilier de l’équipe de Bruno Gollnisch (le coordinateur national des Jeunes avec Gollnisch. Ndlr), sera suspendu de ses responsabilités départementales et détaché de son investiture pour élections cantonales de mars 2011, à la demande de Jean-Marie Le Pen. On lui reproche l'une de ses interventions à Villepreux lors d’un déplacement au côté de Bruno Gollnisch : A. Navarranne y qualifie de « répression scandaleuse » l'exclusion du FN d'Edouard Le Bourgeois, (exclu après avoir tenu des propos homophobes et discriminatoires). Problème: cette sanction a été prise par la commission de discipline présidée par... Jean-Marie Le Pen.
« M. Navarranne a attaqué vivement la décision de la commission de discipline, confiera Jean-Marie Le Pen (…) Il y a une incompatibilité avec des responsabilités, même départementales ». Et le président du FN de qualifier la sanction d' « indulgente ». En effet, A. Navarranne ne sera pas renvoyé devant la commission de discipline du Front. « Il a reçu un avertissement, c'est une mesure d'indulgence que l'on prend pour les très jeunes qui font des bêtises », ironisait alors J-M Le Pen.
Très proche de Bruno Gollnisch, Amaury Navarranne l’est aussi du milieu nationaliste, même s’il n’a jamais tenu des propos racistes ou homophobes, il était un proche du sulfureux Yvan Benedetti, (se qualifiant lui-même d'« antisioniste, antisémite, anti-juif » et ex-dirigeant de « l’Œuvre française » (un mouvement pétainiste dissout à l’été 2013 après la mort de Clément Méric). Une proximité qu’il nuancera : « Oui, j’étais très proche d’Yvan Benedetti, mais dans le cadre du Front national, pas au sein de l’Œuvre française. Aujourd’hui, je ne le suis plus politiquement.»
2015, A. Navarranne, se présente aux municipales de Toulon sur la liste Bleu Marine portée par Jean-Yves Waquet, une liste qui récoltera 20,47% des voix, face à Hubert Falco élu avec 59,26% des voix (Liste union de droite). Élu 4eme sur la liste d’opposition, il se lancera alors dans la campagne des départementales sur le canton de Toulon 1, et se placera jusqu’au second tour avant d’être battu par la droite.
Pourquoi les Hautes-Alpes en 2015 ?
Haut-alpin pour les vacances du côté de St Léger-les-Mélèzes, « je vais maintenant joindre l’utile à l’agréable » et au-delà « d’un besoin de renouvellement de cadre », Amaury Navarranne vient en mission : « l’objectif que m’a donné le bureau national est de restructurer la fédération et reprendre certains fondamentaux en main (…) mais il y a déjà des cadres locaux, des implantations, des candidats aux départementales qui n’ont pas démérité, et c’est avec eux que le travail pour l’avenir va se construire », assure le nouveau secrétaire départemental.
Proche de Jean-Marie Le Pen, et Bruno Gollnisch, deux cadres laissés sur le bord de la route du FN, quel courant portera-t-il ?
L’un exclu du FN et de son statut de président d’honneur du parti (Jean-Marie Le Pen), l’autre mis à l’écart du groupe parlementaire européen fraichement créé à Bruxelles (Bruno Gollnisch) par Marine Le Pen, la question se pose de savoir quel souffle Amaury Navarranne insufflera sur le territoire haut-alpin ? « Une synthèse (…) celle qu’attendent les Françaises et les Français, c’est-à-dire pouvoir réunir l’ensemble des citoyens attachés à la pérennité du pays (…) je suis un acteur du Front National, prêt à s’ouvrir à d’autres horizons, qui permettront à la France de s’en sortir et non pas à travers les divisions, et de cette unité sortira la victoire ».
Enfin à la question de savoir qui dirige aujourd’hui le FN en région PACA, fief du fondateur du parti, la réponse se décompose en organigramme : « Marine Le Pen est présidente du FN, Jean-Marie Le Pen est président du groupe FN à la région PACA, nous n’avons plus de responsable régional, et c’est Dominique Martin (député européen et délégué territorial sud-est, sous l’égide du secrétaire National Nicolas Bay), qui vient aujourd’hui me confier le poste de secrétaire départemental et de délégué territorial, et il y a une candidate aux élections régionales qui est Marion Maréchal-Le Pen. Aucune source de trouble derrière tout cela ».
