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Hautes-Alpes : 1 an avec sursis requis contre l'ancien président du Gap HAFC

JUSTICE / L'ancien président du Gap HAFC Michel Martin et deux autres personnes étaient jugées ce jeudi en correctionnel

Hautes-Alpes – Après deux ans d'enquêtes et d'instruction judiciaire, le procès de l'affaire du Gap Hautes-Alpes Football Club s'est tenu ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Gap. Le Gap HAFC, entre juin 2011 et la liquidation judiciaire en janvier 2012, c'est l'histoire d'un homme présent à la barre et poursuivi pour banqueroute, faux et usage de faux. Michel Martin, aujourd'hui déchu, a voulu dans la panique sauver ce club de nationale dont il était le président depuis 2007. Dans cette histoire, « personne ne s'est enrichi et je me suis demandé si d'une souris on ne faisait pas une montagne », a d'ailleurs déclaré le Procureur de la République, Raphael Balland.

La justice reproche à Michel Martin d'avoir transformé des prêts privés en dons pour un montant de 150.000 euros, et d'avoir faussé la comptabilité « pour duper en juin et juillet 2011 la Direction Nationale du Contrôle de Gestion (DNCG) afin d'éviter que le club ne soit rétrogradé en CFA », a expliqué le Procureur de la République. « Résultat : le club n'était pas obligé de rembourser les sommes et le prestige du club était intact vis à vis de la DNCG et des collectivités qui apportaient des subventions », a soutenu le magistrat qui a requis 12 mois de prison avec sursis et l’interdiction de gestion professionnelle pour une durée de deux ans.

« Je me suis senti obligé de sauver le club. Mais je n'ai pas aggravé la situation financière du club » s'est défendu Michel Martin qui a reconnu à demi-mot avoir « tout fait pour éviter la relégation ». Son avocat Gapençais, Me Philippe Lecoyer a plaidé la relaxe évoquant « un homme seul qui a dû faire face à une pression et à l'abandon des anciens dirigeants ».

Poursuivi pour complicité de banqueroute, un banquier Gapençais de 41 ans à qui on reproche de vouloir « s'investir et de s'impliquer » dans le club a expliqué devant le tribunal « avoir abandonné l'idée de rentrer dans le comité de direction du club » après le passage devant la DNCG. « Après la réunion, je me suis rendu compte que la situation financière du club était compromise », a-t-il expliqué à la barre. Son avocat Me François Leclerc du barreau de Gap a plaidé la relaxe. Le procureur de la République a d'ailleurs estimé que l'infraction n'était pas caractérisée.

Mis en examen pour « exercice illicite de la profession d'agent de joueur et pour complicité de banqueroute », Régis Dupuy 51 ans, avait rejoint officieusement le Gap HAFC en 2009 en tant que conseiller. « Le président m'a demandé un coup de main » a déclaré l'agent de joueur sportif depuis 1995. « Je donnais mon avis mais je n'étais pas décisionnaire », a soutenu celui qui est considéré comme l'homme de l'ombre de Mr Martin. La justice lui reproche cette double casquette de dirigeant et d'agent de joueur ce qui a pu constituer un conflit d'intérêt. Le procureur a requis à son encontre 4 mois de prison avec sursis. L'avocate du prévenu a plaidé la relaxe : « mon client n'a jamais envisagé de diriger le club ».

Enfin, le tribunal a ordonné la disjonction des poursuites à l'encontre d'un entrepreneur Gapençais de 45 ans poursuivi pour « faux et usages de faux ». L'homme qui a accordé au club un prêt de 100.000 euros aurait finalement déclaré à l'administration fiscale un don, voyant qu'il ne verrait jamais son argent compte tenu des difficultés financières du club. Son procès a été renvoyé au 22 mai, le fisc ne s'étant pas porté partie civile.

Du côté des parties civiles, l'avocat du mandataire judiciaire a regretté « l'absence d'une expertise comptable » qui aurait pu « quantifier le délit de banqueroute et les faits de Mr Martin ». Pour l'avocat de la Fédération Française de Football (FFF), « la DNCG a été trompée dans cette affaire ». L'avocat du Conseil Général a plaidé 1 euro de dommages et intérêts pour « un préjudice à l'image », le département ayant accordé au Gap HAFC une subvention de 228.000 euros en 2011. Seul absent de ce procès : la mairie de Gap qui s'est pourtant portée partie civile durant l'instruction. Le délibéré sera rendu le 22 mai prochain.