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Alpes de Haute-Provence : ITER, opération de levage du premier module de vaisseau sous vide

ENVIRONNEMENT / Et toujours un projet qui fait s'élever des voix discordantes pointant des défauts de fabrication et des retards qui s'accumulent...

 

- Alpes de Haute-Provence - 

 

C’est une vaste opération qui est attendue dans les prochains jours, voire les prochaines heures au sein d’ITER. La grosse machine qu’est le Tokamak, et qui permettra de recréer en son sein l’énergie du soleil avec la fusion nucléaire, continue d’être assemblée. On va lever le premier module de vaisseau sous vide, il y en a neuf. L’essai a eu lieu la semaine dernière et probablement ce mercredi, les équipes devraient l’insérer directement dans la fosse.

 

Un lanceur d’alerte continue de dénoncer les défauts de fabrication et les retards

 

Du côté de Saint-Paul-Lez-Durance, ce défi aussi bien scientifique que technique se poursuit. Mais les voix discordantes continuent de s’élever. Notamment celle du lanceur d’alerte, ancien porte-parole du projet ITER, Michel Claessens.

Selon lui, le calendrier fixé par ITER ne sera pas respecté en raison de défauts de fabrication, « trois secteurs sont arrivés de Corée, fabriqués par Hyundai. Ils sont endommagés et présentent des défauts de conformité, ils doivent d’abord être réparés », explique l’ancien responsable du projet.

Du côté de l’organisation ITER, on tempère, « ce sont des pièces qui mesurent 18 mètres de haut et qui pèsent à peu près 450 tonnes. C’est 350 tonnes, pour comparaison, pour un Boeing 747 à pleine charge », précise Robert Arnoux, l’un des responsables de la communication. Ce type de « défauts » est donc « normal, inévitable que par rapport à la pièce idéale comme conçue initialement, on ait des variations de dimension. Nous avons les moyens de compenser de manière à pouvoir assembler les pièces ».

 

ITER, un retard de quelques mois ou plusieurs années ?

Quant à cette question, les avis aussi s’opposent. Pour Michel Claessens, le projet ITER devrait accuser un retard « entre 5 à 7 ans et nous ne sommes qu’au début de l’assemblage ». Alors que pour l’organisation, ce retard ne sera que de quelques mois, « nous sommes en train de l’estimer mais peut être 10-12 mois », annonce sur Alpes 1 Robert Arnoux. Un retard dû, pour les porteurs du projet, à la pandémie qui a retardé la fabrication de plusieurs pièces. Quand Michel Claessens lui pointe du doigt une nouvelle fois les défauts de fabrication et le point d’arrêt mis par l’ASN, l’Autorité de Sûreté Nucléaire, en janvier dernier quant à l’assemblage du Tokamak. Elle avait par ailleurs demandé des compléments d’information.

 

« Ces points d’arrêt font partie des procédures normales qui jalonnent tous les processus d’autorisation au cours de l’installation nucléaire », R. Arnoux

 

ITER ne voit là aucune raison de reporter le calendrier, « l’ASN a posé un point d’arrêt non pas pour l’assemblage mais pour le soudage des deux premiers secteurs.  Pour le moment, ça ne nous impacte pas en termes de calendrier parce que nous n’avons pas encore descendu le premier secteur. Nous aurons alors fait les procédures d’ajustement nécessaires pour être autorisé par l’ASN à souder », poursuit le porte-parole.

Notez que 35 pays travaillent et financent ce projet, dont les 27 membres de l’Union Européenne.

 

C. Cava Michard