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Alpes de Haute-Provence : l'assassinat de Josiane Bézard à la barre des Assises

JUSTICE / C'est son mari, avec qui elle avait entamé une procédure en divorce, qui est accusé. Le corps de Josiane Bézard n'a jamais été retrouvé

 

- Alpes de Haute-Provence - 

 

C’est un nouveau procès qui s’ouvre ce mercredi devant la Cour d’Assises des Alpes de Haute-Provence. Un procès pour assassinat, celui de Josiane Bézard, dont le corps n’a jamais été retrouvé. C’est son mari Philippe Bézard qui comparait à la barre. Ce Bas-Alpin de 65 ans a été placé sous mandat de dépôt depuis février 2014, il est accusé d’avoir prémédité le meurtre de sa femme, le 9 janvier 2014 à Sainte-Tulle, alors qu’elle avait demandé le divorce.

 

Elle emmène son fils à la gare, et ne donne plus signes de vie

Le 9 janvier 2014, Josiane Bézard, qui vit à Sainte-Tulle, ne donne plus signes de vie. Depuis quelques mois, cette dernière a demandé le divorce à son mari, Philippe, non sans mal, son époux multipliant les menaces de mort à son égard. Il va même, quelques semaines auparavant, jusqu’à incendier son véhicule.

Ce matin du 9 janvier 2014, Josiane se lève tôt, elle doit emmener son fils, qui va passer des examens, à la gare. Cette mère de famille décrite comme très présente et impliquée doit ensuite rentrer chez elle pour se préparer, avant de prendre son travail à la mairie de Manosque. Mais cette employée, consciencieuse, ne viendra pas. Alors que sa sœur, Sylvie, multiplie les appels et messages, aucune réponse.

Sylvie décide alors d’aller à son domicile, et y découvre le sac à main de Josiane, sa veste retournée, et le collier qu’elle portait le matin même arraché et sur le sol dans l’entrée. Philippe est là, alors qu’il ne vit plus dans cette villa, des griffures au visage. Face à cette présence douteuse, et un comportement décrit comme « bizarre », le Bas-Alpin explique qu’il vient chercher du bois pour se chauffer. Des recherches pour retrouver Josiane sont menées sur plusieurs sites, notamment Sainte-Tulle, Manosque, Vinon sur Verdon, Corbières, Saint Julien La Montagne, Pierrevert et Vachères. En vain. Son corps ne sera jamais retrouvé.

 

En dépit de découverte de corps et d'absence d'aveux, le procès repose sur les experts et les témoins

Ce seront donc les différents témoignages ainsi que la personnalité de l’accusé qui vont peser dans ces débats. Car immédiatement après la disparition de Josiane, les soupçons de la famille se dirigent vers Philippe. Y compris ses propres enfants.  Rapidement entendus, son fils et sa fille sont persuadés que leur père est mêlé à la disparition de leur mère. Car ils l’ont déjà entendu à de multiples reprises la menacer de mort, l’ont déjà vu dans des colères ravageuses. Comme ce 28 décembre 2013, moins de deux semaines avant la disparition, où Philippe dit avoir la « haine » contre sa femme, « elle va morfler même si je vais en taule ».

 

« Ses déclarations demeurent incohérentes »

 

Pourtant, les premières constatations au domicile de Josiane ne relèvent pas de traces de lutte, pas de traces de sang ni d’acide dans les siphons de l’habitation. Quant aux analyses réalisées sur Philippe, aucune présence d’un ADN tiers. Par contre, dans sa voiture que, fait rarissime comme le notent les enquêteurs, il a lavé le matin de la disparition, le profil ADN de Josiane est retrouvé, notamment sur le tapis de sol du coffre, ainsi qu’une trace de sang sur le tapis de sol côté passager.

Autre fait qui interpelle les gendarmes : l’homme a l’habitude de conserver son téléphone sur lui, et de répondre immédiatement aux appels, notamment ceux de ses enfants… mais pas ce 9 janvier 2014. Entendu, ses déclarations sont faites d’incohérences : il dit être allé chercher des champignons ce matin-là, alors que ce n’est plus la période, qu’il portait des claquettes et qu’il ne semblait plus intéressé ces derniers temps par la cueillette. Autre interrogation : alors qu’il devait manger chez sa fille, il déclare être victime d’une intoxication alimentaire après avoir ingurgité des coquillages… sauf que son précédent repas était fait de poulet.

Sa personnalité également interpelle, lui qui a déjà fait plusieurs séjours en hôpital est qualifié par le psychiatre comme un « individu manipulateur, qui roule son monde en permanence ». Il est capable d’avoir des accès de violence et des comportements menaçants. Sa procédure en divorce est un effondrement et le psychiatre estime qu’il « est capable de passer à l’acte tant sur lui-même que sur autrui ». Il alerte même d’un danger sur ses enfants envers qui il multiplie les menaces de mort. Philippe Bézard, cet homme féru de séries policières, comparait donc dès aujourd’hui devant les Assises des Alpes de Haute-Provence, lui qui plusieurs fois a lancé que personne ne retrouverait Josiane.  

 

C. Michard