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Alpes de Haute-Provence : C.Castaner, des bureaux du maire au bureau d’E.Macron

POLITIQUE / 2001-2017, des bureaux de la mairie de Forcalquier, aux bancs de l’Assemblée Nationale, n’y aurait-il qu’un pas pour rejoindre le gouvernement d’Emmanuel Macron ? Retour sur le jour où tout a basculé pour Christophe Castaner.

 

-Alpes de Haute-Provence-

 

À l’image de l’attente qui tourbillonnait autour de la nomination du nouveau Premier ministre du prochain gouvernement d’Emmanuel Macron, une certaine impatience tourne autour de la « Cité des quatre reines ». Forcalquier, la ville du député-maire et porte-parole d’Emmanuel Macron, Christophe Castaner, va-t-elle perdre son édile au profit d’un poste de ministre ou de secrétaire d’État dans le gouvernement ? À cette question, maintes fois ressassée auprès de  l’intéressé, pas de réponse, mais une affirmation : si le président ne le choisit pas, « pas de rancœur (…) les plus proches sont souvent les premiers sacrifiés. »

 

Un rocardien en congé du Parti Socialiste

Engagé à gauche dans les années 80, pour Michel Rocard qui fut son mentor. « Il était celui qui avait compris que l’économie passait par les entreprises, ce que la gauche a mis 30 ans à comprendre » rappelait Christophe Castaner le jour de la disparition de l’ex premier ministre de François Mitterrand. Un Parti Socialiste qu’il n’aura pas quitté, et dont il aura même accepté les décisions comme lors des élections régionales de 2015 où Jean-Christophe Cambadélis lui oppose un retrait plutôt que le maintien de sa candidature au second tour. Et c’est peut-être à cette date que tout bascule. Si l’élu a toujours assumé ce choix, la fissure avec de nombreux élus socialistes est creusée.

 

 

 

Rapporteur de la Loi Macron

Le maire de Forcalquier rencontre Emmanuel Macron pour la première fois en 2013, alors qu’il est encore secrétaire général de l’Élysée. « Je venais lui parler d’une grosse entreprise des Alpes-de-Haute-Provence et en quatre minutes, j’ai compris qu’il connaissait mieux le dossier que moi ! ». Quelques mois plus tard, il devient rapporteur de la loi Macron. « Mais ce n’était pas un choix du prince, c’est mon groupe qui m’a désigné car je suis spécialiste des questions d’épargne salariale, et qu’il y avait un volet là-dessus ».

 

« Assumer d’être des socio-démocrates »

C’est ce qu’il a toujours reproché au PS : faire de cette affirmation une insulte alors que la social-démocratie est pour lui une ligne qui «  dialogue et échange mais qui sait trancher (…) on a mis trop de temps à assumer cela et on en paye le prix aujourd’hui. » Alors quand Emmanuel Macron se lance pour la présidentielle, il est de ceux qui se rangent immédiatement derrière lui.

De là, il deviendra son porte-parole se transformant alors en « pestiféré » au sein de sa propre famille politique. Il se voit même refusé une question au gouvernement à l’Assemblée Nationale par une partie des élus PS, avant l’intervention du président de groupe. Menacé à plusieurs reprises d’exclusion par le premier secrétaire socialiste, Christophe Castaner rencontre une période d’isolement qui ne dura pas. La bulle Macron n’explosant pas en cours de route, et l’ex-ministre de l’économie devenu président de la République, le téléphone de Christophe Castaner s’est transformé en une porte d’entrée vers La République En Marche, pour opportuniste politique.  « Mais la règle est la même pour tous » affirme le porte-parole : « pas de passe-droit », qui parle d’un œil amusé de ce retournement de situation.

 

Il assume un « côté kéké »

Christophe Castaner le confesse, « dans un grand éclat de rire », lors d’une interview à 20 Minutes, : « Je suis une grande gueule, un frimeur. Je fais attention à ce que mes costumes soient originaux, je cultive ma barbe de trois jours…. Tous les politiques ont un égo surdimensionné, mais moi je le sais ! »

Il fait également partie de ces hommes politiques qui savent que la communication fait également partie de l’exercice. Comme lors du débat sur le projet de loi Sapin II qui ne passionne pas les foules. Alors pour faire parler du texte en dehors de l’Assemblée, Christophe Castaner cite le chanteur du groupe IAM, Akhenaton et sera repris sur les réseaux sociaux :

 

 

 

Plus tard, lors d’un meeting d’Emmanuel Macron à Marseille, Christophe Castaner a fait le tour des réseaux sociaux en faisant sauter la salle sur un traditionnel « Qui ne saute pas n’est pas Marseillais », une écharpe de l’OM autour du cou. Quelques minutes plus tôt, il était monté sur l’estrade avec une écharpe du PSG pour titiller le public. Et à Toulon, concluant son discours sérieux par un « Pilou-Pilou ».

 

 

 

Mention passable, pour le député Christophe Castaner à l’Assemblée nationale :

Mais à l’issue de son mandat, l’élu l’a reconnu lui-même sur Alpes 1 : « je n’ai pas été assez présent dans l’hémicycle (…) mais le travail de député se fait aussi sur le terrain. » En terme de semaine de présence il est à 25 semaines, et ailleurs il est loin d’être le plus assidu. Ainsi le député-maire de Forcalquier ne pointe que 35 présences recensées en commission des finances et de l’économie. Quant aux questions au gouvernement, pas mieux : 2 lors des questions au gouvernement mais 8 questions écrites. Signant également 21 propositions de loi et rendant 1 rapport.

En savoir plus : Alpes du Sud : janvier 2017, l’heure du bilan à l’Assemblée pour les députés

 

Christophe Castaner en une bio :

En témoigne sa biographie, l’ascension de l’élu aura été exponentielle :

3 janvier 1966 : naissance à Ollioules (Var). Marié et père de deux enfants. Diplômé de la faculté de droit d’Aix-en-Provence, il est titulaire d’un DESS de juriste d’Affaires Internationales et d’un Diplôme de sciences pénales et de criminologie ; il complète sa formation en sciences politiques.

Après une première expérience au sein de la Banque nationale de Paris à la direction juridique de la société, il est recruté à la direction de collectivités locales à Avignon et Paris.

1995 : il devient directeur de cabinet de Tony Dreyfus, alors maire du 10e arrondissement de Paris.

1997 : conseiller technique de la ministre de la culture Catherine Trautmann. Il devient son chef de cabinet en 1998.

2000-2002 : chef de cabinet de Michel Sapin, alors ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l'État.

2001 : Christophe Castaner se présente à la mairie de Forcalquier. Il gagne face au maire sortant, Pierre Delmar, élu RPR depuis 1983 – qui fut également député et conseiller général.

2004 : élu au conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, il se voit confié par le président Michel Vauzelle la délégation de l’Aménagement des territoires. Il est le plus jeune des vice-présidents de la région PACA. Il est réélu en 2010 et chargé d’une nouvelle délégation : emploi, économie, enseignement supérieur et innovation.

2007 : Réélu maire de Forcalquier et président de la Communauté de communes du pays de Forcalquier et montagne de Lure.

2012 : il est élu député de la 2ème circonscription des Alpes-de-Haute-Provence aux élections législatives de 2012 face au candidat UMP, Jean-Claude Castel, maire de Corbières.

Juillet 2012 : membre de la commission des finances de l'Assemblée nationale, il est rapporteur spécial des budgets du travail et de l'emploi.

2014 : il est à nouveau réélu maire de Forcalquier à Sébastien Ginet (UMP).

Juin 2014 : Manuel Valls, Premier ministre,  confie à Christophe Castaner la vice-présidence du Conseil d'orientation de la participation, de l'intéressement, de l'épargne salariale et de l'actionnariat salarié (COPIESAS).  Il est rapporteur de la loi pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques, dite loi Macron.

5 fevrier 2015 : Christophe Castaner est désigné tête de liste pour les élections régionales de 2015 en Provence-Alpes-Côte d'Azur par les militants du Parti socialiste par 55 % des suffrages. Il obtient au premier tour 17 % contre 40,55 % pour le FN et 26,47 % pour LR. Suivant la décision du Parti socialiste, Christophe Castaner décide de ne pas présenter sa liste au deuxième tour pour faire barrage au Front national. Ce choix permet l'élection de Christian Estrosi avec 54,8 % des voix.

En savoir plus >>> Alpes du Sud : K.Berger et C.Castaner parmi les députés les plus influents

2016 : il devient l’un des portes-parole d’Emmanuel Macron, et enchaine les rendez-vous médias à Paris. « C’est vrai que je suis pleinement dans la campagne, concède Christophe Castaner, mais j’ai un très bon premier adjoint et une très bonne directrice générale des services. »