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17 mai : Journée internationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie

Selon une opinion largement répandue dans les pays occidentaux, l’homosexualité serait aujourd’hui plus libre que jamais : partout présente et visible, dans la rue, dans les journaux, à la télévision, au cinéma, elle serait même tout à fait acceptée, ce dont témoignent apparemment les récentes avancées législatives sur la reconnaissance des couples de même sexe.

Certes, quelques ajustements demeurent nécessaires pour éradiquer les dernières discriminations, mais avec l’évolution des mentalités, ce ne serait en somme qu’une simple affaire de temps, le temps de faire aboutir un mouvement de fond lancé depuis plusieurs décennies déjà.

Pour l’observateur un peu plus attentif, la situation est globalement bien différente : et à vrai dire, le XXème siècle a sans doute été une des périodes les plus violemment homophobes de l’Histoire : déportation dans les camps de concentration sous le régime nazi, goulag en Union soviétique, chantages et persécutions aux Etats-Unis à l’époque de McCarthy... Evidemment, tout cela peut sembler loin. Mais bien souvent, les conditions d’existence dans le monde d’aujourd’hui restent très défavorables.

 

L’homosexualité est souvent discriminée

Dans 72 états au moins, les actes homosexuels sont condamnés par la loi (Algérie, Sénégal, Cameroun, Ethiopie, Liban, Jordanie, Arménie, Koweït, Porto Rico, Nicaragua, Bosnie...) ; dans plusieurs pays, cette condamnation peut aller au-delà de dix ans (Nigeria, Libye, Syrie, Inde, Malaisie, Cuba, Jamaïque...) ; parfois, la loi prévoit la détention à perpétuité (Guyana, Ouganda). Et dans une dizaine de nations, la peine de mort peut être effectivement appliquée (Afghanistan, Iran, Arabie Saoudite...).

En Afrique, récemment, plusieurs présidents de la république ont brutalement réaffirmé leur volonté de lutter personnellement contre ce fléau selon eux "anti-africain ". Dans d’autres pays, les persécutions se multiplient. Au Brésil par exemple, les Escadrons de la mort et les skin heads sèment la terreur : 1960 meurtres homophobes ont pu être recensés officiellement entre 1980 et 2000. Dans ces conditions, il paraît difficile de penser que la "tolérance" gagne du terrain. Au contraire, dans la plupart de ces Etats, l’homophobie semble aujourd’hui plus violente qu’hier. La tendance n’est donc pas à l’amélioration générale, tant s’en faut.

 

Une journée pour la réflexion et l'action

La Journée Mondiale de Lutte Contre l’Homophobie et la transphobie a pour but d’articuler action et réflexion afin de lutter contre toutes les violences physiques, morales ou symboliques liées à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre.

Elle entend susciter, soutenir et coordonner toutes initiatives contribuant à l’égalité entre les citoyens en la matière, et cela dans tous les pays où cette démarche est possible.

L’organisation d’une journée de lutte contre l’homophobie et la transphobie dans chaque pays permettra d’inscrire les luttes dans une démarche de solidarité avec toutes les personnes lesbiennes, gaies, bi et trans (LGBT) du monde entier. Mais il s’agit aussi d’inscrire ces luttes dans une démarche plus globale de défense des droits humains.

 

Des chiffres toujours en hausse

Selon les chiffres communiqués samedi par le ministère de l'Intérieur, les actes homophobes ou transphobes ont à nouveau fortement augmenté en 2019, après une année 2018 déjà présentée comme une année "noire". Les injures et agressions homophobes ou transphobes ont connu une poussée de 36% l'an passé en France, symbole du fort "ancrage" de l'homophobie dans le pays selon le ministère de l'Intérieur. Un nouveau bond qui intervient après une année 2018 déjà présentée comme une année "noire" par les associations avec un niveau inégalé d'agressions physiques envers les personnes LGBT (lesbiennes, gays, bis, trans).

L'an passé, les forces de police et de gendarmerie "ont recensé 1 870 victimes d'infractions à caractère homophobe ou transphobe contre 1 380 en 2018", soit une "augmentation de 36% du nombre de victimes d'actes anti-LGBT", a expliqué le ministère dans un communiqué. Les injures et outrages représentent 33% des infractions subies, tandis que les violences (physiques et sexuelles) concernent 28% des plaintes. Les victimes sont majoritairement des hommes (75%), plutôt jeunes : 62% ont moins de 35 ans.

"Ces chiffres témoignent de l'ancrage profond de l'homophobie et de la transphobie dans la société" et "s'inscrivent dans un contexte plus large de progression des actes de haine et des extrémismes identitaires", a commenté le ministère.

 

TM