Coronavirus : le grand nettoyage des lieux publics ?

En l’absence de consigne nationale, de plus en plus de villes désinfectent leurs rues pour freiner la propagation du Covid-19. Une initiative qui divise et qui comporte des risques.

Depuis quelques jours, plusieurs villes de la région SUD Provence-Alpes-Côte d’Azur, comme Nice et Cannes ou encore Briançon et Sisteron, ont mis en place un dispositif de désinfection de leurs rues ou espaces publics. La municipalité de Briançon traite avec un mélange eau/javel les conteneurs, les bancs publics ou encore les arrêts de bus, à Sisteron la ville a procédé ce mercredi à la désinfection des rues passantes avec en point de mire une seconde opération qui sera vraisemblablement réalisée la semaine prochaine.

Les maires qui pratiquent ce nettoyage des lieux publics ont pris exemple sur plusieurs villes chinoises, comme Wuhan, dont les images de grand nettoyage ont fait le tour du monde. En Corée du Sud, c’est l’armée qui avait été dépêchée pour réaliser ce décapage en profondeur.

En France, les produits utilisés sont de différentes natures (désinfectants, bactéricides et fongicides) et le plus souvent à base d’eau de Javel diluée dans de l’eau. En Chine, des désinfectants ménagers du même type auraient été utilisés par les autorités, mais tous n’ont pas été identifiés.

Un coup d’épée dans l’eau ?

Pour la virologue Christine Rouzioux, interviewée sur BFM, la désinfection des rues et mobiliers urbains à l'aide de javel constitue "un geste tout à fait intéressant et qui rassure les gens, ça incite au lavage de main, ça incite à faire attention".

Cité par l'Agence France-Presse (AFP) au sujet de la désinfection des rues en Chine, le professeur Zheng Zhijie, de l'Ecole de Santé publique de l'université de Pékin, note que ce nettoyage "n'est peut-être pas nécessaire car il n'y a pas de preuve de son efficacité". Toutefois, l'universitaire estime que ce nettoyage, dans des lieux publics fermés ou les moyens de transports, est "important et nécessaire".

Si pour les spécialistes, la javel est efficace pour éliminer le virus des surfaces où il aurait pu se loger, son utilisation en extérieur semble sujette à caution. "Ça n’a aucun intérêt", assure même chez nos confrères de RMC le professeur Didier Pittet, médecin épidémiologiste et infectiologue aux hôpitaux universitaires de Genève. "La Javel, avec ces dilutions-là, ne produit que peu d’effet sur l’environnement."

De son côté, l’Agence régionale de santé (ARS) de Provence-Alpes-Côte-d’Azur indiquait sur franceinfo que "l’efficacité de la désinfection systématique des rues pour lutter contre la propagation du virus n’est pas démontrée". Une position qui pourra évoluer avec l’avis du Haut Conseil.

 

T.Masselis