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Région PACA : Promesses et illusions programmatiques du FN

ÉLECTION 2015 / Si le discours du FN a largement séduit les électeurs des Alpes du Sud, certaines proposition semblent impossibles à tenir. Explications


-Région PACA-

Dimanche, le Front National est arrivé en tête aussi bien dans les Hautes-Alpes que dans les Alpes-de Haute-Provence. Et lors des différents débats organisés sur Alpes 1, les candidats avaient à cœur plusieurs mesures économiques, liées à de futures compétences de la région, comme « un accès prioritaire aux entreprises locales dans les marchés publics régionaux » déclarait Amaury Navarranne, tête de liste dans les Hautes-Alpes.

 

« Il faudra faire preuve de patriotisme économique au niveau local. »

Déclaration d’Amaury Navarranne, sur Alpes 1. S’il est élu, le Front National peut imposer le choix d'entreprises locales comme seuls prestataires de services pour la région. Mais si un concurrent oppose un recours, faire condamner la région pour atteinte à la liberté d'accès ou à l'égalité des candidats dans les marchés publics. Une telle politique pourrait donc passer sous le coup de la loi et donc coûter plus cher en terme de dépenses publiques.

Mais le parti objecte à ce problème juridique  « les clauses sociales et environnementales » pour espérer contourner la réglementation et privilégier les entreprises locales. Pour autant, l’argument se heurte à une réalité. Il faut d'abord qu'elles puissent s'aligner sur la meilleure offre pour avoir leurs chances, ce qui n'est absolument pas garanti. D’autre part, il faut qu'à prix égal, les entreprises locales présentent de meilleures caractéristiques « sociales et environnementales » que leurs concurrentes, et là aussi rien ne le garantit, notamment de par les proximités frontalières qu’offre la région.


« Le critère prix n'est pas celui forcément prépondérant »

Amaury Navarranne se dit  « prêt à payer 1 centime de plus le kilo de pommes ou de viande pour faire travailler un producteur local (…) Toutes les collectivités et pas seulement celles dirigées par le Front national pratiquant le patriotisme économique et le soutien à leurs entreprises locales le font en prenant les autres critères comme un peu plus important que le seul critère prix ». Mais il est à noter que la proximité géographique est un critère jugé discriminant qui ne peut pas être pris en compte dans le choix.



« Nous exigerons le remboursement des aides publiques aux entreprises qui délocalisent »

Déclaration de Jeannine Douzon, tête de liste dans les Alpes de Haute-Provence. Une proposition qui est en effet applicable, mais pas par un futur président de région qui n’aura aucun pouvoir en la matière, mais par un préfet. Depuis la loi « visant à reconquérir l'économie réelle », dite loi Florange, du 29 mars 2014, les collectivités sont en effet en droit d'exiger le remboursement d'aides publiques allouées à une entreprise qui délocaliserait son activité avec des licenciements à la clé.

Un argumentaire que défend le FN en argumentant que « rien dans la loi française n'interdit à une collectivité d'inscrire dans les conventions de partenariat l'obligation de rester sur un territoire géographique donné et de rendre caduc l'aide en cas de délocalisation, devenant donc remboursable. »

Si la loi prévoit bien cette disposition pour les fermetures d'entreprises, il n'en est rien pour celles qui embauchent des travailleurs détachés, une disposition qui souffre d'abus mais légale.



« Le soutien aux entreprises, apporté par la région durant les quatre dernières années, représente 152.000 euros »

Autre déclaration signée Jeannine Douzon sur Alpes 1, qui compte bien « mettre le paquet pour aider les entreprises. » En effet si la région avait aidé les entreprises à cette hauteur, on comprend que le FN veuille passer à la vitesse supérieure. Sauf que … ce ne sont pas 152.000 euros qu’a versé la région sous forme d’aide aux entreprises, durant ces quatre dernières années, mais 484 millions d’euros. Un chiffre rapporté par la Chambre régionale des comptes, et ce uniquement pour l’année 2013.