- Alpes du sud -
Les Alpes françaises pourraient accueillir en 2030 les Jeux Olympiques d’hiver. Le Grand Oral des présidents de Régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur, présenté la semaine dernière devant le CIO semble avoir convaincu. Face à la Suisse et la Suède, la candidature de la France a été la seule retenue par le Comité International Olympique pour poursuivre un dialogue ciblé et unique. Renaud Muselier, président de l'hémicycle marseillais réagit sur Alpes 1 à cette décision.
Vous aviez annoncé vouloir "plier le match" le 21 novembre dernier avant la présentation de la candidature des Alpes devant le CIO. Comment avez-vous fait face aux candidatures suisses et suédoises ?
Renaud Muselier : j'y suis allé avec plus de modestie quand même. À l'issue de la présentation du collectif, j'ai dit que nous n'avions pas commis de faute. C'est l'addition d'une très grande volonté, de beaucoup de travail et des énormes de qualité de nos Alpes. Pour la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, on a réussi à partir très tôt. Nous partions de plus loin parce que dans les Alpes du Nord, ils ont fait déjà trois Jeux olympiques. Et on voit l'aménagement de leur territoire tel qu'il a pu progresser grâce aux Jeux. C'est exactement la même démarche ici dans le Sud mais on a pu prouver que nous, nous allions faire des jeux modernes. Donc une très belle aventure qui s'organise et c'est vraiment un gros, gros succès. Je suis très heureux de ce qui vient de se décider. Cela a été un beau match. Et maintenant, au travail !
"Jamais je n'ai eu aucun soutien de ces collectifs qui ne veulent rien, qui sont peu nombreux, qui parlent beaucoup mais qui sont toujours contre tout." R. Muselier
Le collectif NO JO 2030 regrette que vous engagiez en 5 mois la politique des Alpes pour les 30 prochaines années, sans consulter la population via un référendum. Pourquoi ne pas avoir envisagé d’organiser un référendum ?
Parce que j'ai été élu avec 59 % des voix. Vous savez que j'engage 30 milliards d'euros avec l'Europe pour investir dans la région. Ces moyens sont mis en place dans le cadre du premier budget d'Europe 100 % vert. Jamais je n'ai eu aucun soutien de ces collectifs qui ne veulent rien, qui sont contre tout, qui sont peu nombreux, qui parlent beaucoup mais qui sont toujours contre tout. Moi, j'ai une autre logique. Pendant la crise du Covid, on a injecté beaucoup de moyens financiers pour faire vivre nos vallées. Près de 100 millions d'euros quand même. Et ils n’ont jamais dit "C'est bien". Jamais. À côté, la totalité des élus en réalité, à deux ou trois exceptions près, sont favorables à un vrai projet de territoire dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Du côté de la population, on a fait un sondage : 72 % des gens sont favorables aux Jeux olympiques. Aussi, je constate que dans le passé, moi qui suis garçon de l'Ubaye, nous avions de grands champions, mais qu'au fur et à mesure on a laissé passer nos chances. L'aménagement, c'est le rôle des élus. Moi je l'assume en tant que tel. J'essaye de faire en sorte de faire participer et d'adhérer le maximum de personnes. Le sondage, il est bon. Les élus sont pour, les chambres de commerce pour, tous les athlètes sont pour.
Le Conseil économique social et environnemental de la région Sud-Paca (CESER) a rendu un rapport le 24 octobre dernier dans lequel il indique page 8 qu’il « s’interroge sur la contradiction entre les objectifs du plan climat et les conséquences de certains projets soutenus par la région en termes climatiques, tels que la candidature de la Région pour les JO d’hiver 2030. » Comment rassurer le CESER aujourd’hui ?
C'est la page huit d'une remarque qui a été faite à l'interne du CESER. Mais dans sa présentation lors de l’assemblée plénière qui a suivi ce travail, le président du CESER, en son nom dans l'hémicycle, a validé la candidature en disant que, sous réserve bien entendu de faire attention à l'environnement et d'un certain nombre de conditions, c'était une très bonne initiative. Donc ce dossier est globalement aussi traité de façon positive par le CESER.
"Je ne suis pas un Bisounours par rapport au réchauffement climatique" R. Muselier
En ce qui concerne l’écologie, la neige se fait de plus en plus rare à cause du réchauffement climatique. Vous ne craignez pas que d’ici 2030, les Alpes françaises se retrouvent sans neige ?
Est-ce que vous allez me dire que à Serre-Chevalier ou Montgenèvre il n’y aura pas de neige ? Quelqu'un peut-il oser dire une chose pareille ? Ça ne tient pas la route. Dans les basses ou moyennes altitudes, bien sûr, il y aura moins de neige. Mais dans les stations, entre 1 800 ou 2 000 mètres, il y a de la neige et il y en aura. Parallèlement à cela, il y a trois ans maintenant, une étude a été menée par Clean snow, indépendante qui travaille le GIEC, pour savoir si on aura de la neige en 2050. Ils nous ont dit « Oui, en fonction de l'altitude et en fonction de l'exposition des versants au soleil ». Donc on a de la neige et je ne suis pas un bisounours par rapport au réchauffement climatique. Il y aura de la neige dans nos montagnes, notamment en attitude, à Serre Chevalier comme à Montgenèvre sur le pôle de Briançon.
Qu’est-ce que les JO apporteront au niveau des infrastructures routières ?
Est-ce que vous pouvez accepter de faire Marseille Briançon en cinq heures ? Par les Jeux, on doit trouver des solutions. Demain après-midi (ndlr. vendredi 1er décembre), à la conférence de presse que nous ferons à la Région, dans le contrat de plan Etat-Région, avec le ministre des Transports, Monsieur Beaune, nous allons avoir des moyens financiers conséquents. Près de 1 milliard et demi d'euros dans l'aménagement du territoire de la région Provence Alpes Côte d'Azur sont sur la table. Nous allons aussi avoir une loi d'exception qui permettra d'améliorer la situation routière et ferroviaire sur l'ensemble de notre territoire, notamment le passage entre les Bouches du Rhône, les Alpes de Haute-Provence et les Hautes Alpes, notamment sur le bassin de Tallard, sur Gap ou Briançon. Et pareil sur le ferroviaire. Donc je pense qu'il faut voir ça avec un peu d'enthousiasme et d'objectif et pas de promesses et de contraintes. Ces moyens financiers viendront nourrir un territoire qui a été abandonné pendant des dizaines d'années et qui demain va avancer grâce aux Jeux Olympiques. Donc je suis pour l'aménagement de cet espace au service de nos concitoyens, de façon à ne pas faire cinq heures entre Marseille et Briançon. Donc, on modifiera les dispositifs de façon à accélérer la totalité des travaux pour que les parties livrables pour 2030 soient livrées en 2030.
"Ces moyens financiers viendront nourrir un territoire qui a été abandonné pendant des dizaines d'années" R. Muselier
Toutes ces infrastructures, qui va les payer ?
Comme toujours, c'est l'Europe, c'est l'Etat, c'est la Région et ses Départements. Ce sont des financements multiples et variés, croisés en fonction des territoires et des dossiers. Tout ça se chiffre, se quantifie. Cela a un coût qui sera mis en perspective en fonction des Jeux. Cela arrivera dans le dossier qui sera présenté ultérieurement.
N. Dalbera