Alpes du Sud : comment l’espionnage a fait basculer la Seconde Guerre Mondiale

Alpes du Sud : comment l’espionnage a fait basculer la Seconde Guerre Mondiale

HISTOIRE / L’historien Antoine Arnoux est l’auteur de « La guerre secrète dans les Alpes du Sud », aux éditions du Fournel. 198 pages qui retracent l’importance de l’action de ces espions, à la veille du débarquement de Provence

 

- Alpes du Sud - 

« Pendant des recherches, je suis tombé sur une information que les commandos anglais avaient fait sauter un pont à Savine le Lac. Et c’est un peu une enquête policière qui s’est ouverte », explique Antoine Arnoux. L’historien embrunais est tombé, presque par hasard, sur le sujet de son prochain livre « La guerre secrète dans les Alpes du Sud ».

 

Le travail « secret » du débarquement de Provence

Patiemment, il a tissé une toile d’araignée historique autour des agents secrets basés dans les Alpes du Sud, les espions britanniques envoyés par Winston Churchill, américains de l’OSS (anciennement CIA) ou français sous commandement du Général de Gaulle. Une guerre secrète, menée dans les coulisses de 39-45 qui a permis la réussite opérationnelle du débarquement de Provence. « Si les alliés ont pu rejoindre Grenoble en trois semaines, et Lyon en moins d’un mois, c’est grâce à l’action des résistants des Alpes du Sud et des agents secrets qui ont empêché l’arrivée des renforts adverses et empêcher les Allemands de remonter jusqu’à Grenoble », insiste Antoine Arnoux qui prend pour exemple le blocage de la Route Napoléon, « ce n’était pas rien », ou encore l’armement des maquis par des parachutages « dans l’Ubaye par exemple » et des « sabotages de voies ferrées ou d’usines comme celle de l’Argentière la Bessée ».

 

« Les historiens reprennent souvent les mêmes livres. J’ai retrouvé des enfants d’agents secrets qui m’ont donné les mémoires de leurs parents et des photos inédites », Antoine Arnoux

 

Au fil de ces 198 pages, on remonte la trace de ces agents secrets, des femmes souvent bien loin de ce qu’on imagine, « on pense souvent à des hommes, virils, à la James Bond. Mais les femmes espionnes ont mené un travail exceptionnel ». L’une d’entre elles vient immédiatement à l’esprit d’Antoine Arnoux, une agent de liaison, ancienne Miss Pologne au service des Britanniques. Une femme à la beauté magnifique et l’intelligence exceptionnelle, « elle parlait plusieurs langues. C’est elle qui a fait libérer, seule, son chef de réseau emprisonné par la Gestapo à Digne les Bains. Elle s’était faite passer pour la nièce de Winston Churchill. Il faut imaginer une femme arriver seule, à vélo, et frapper à la porte de la prison pour parler à la Gestapo ».

Un livre qui permet de mettre en lumière cette guerre secrète menée par des femmes et des hommes dans l’Ubaye, le Queyras, le Briançonnais et bien d’autres vallées des Alpes du Sud.

 

C. Cava Michard