Alpes du Sud : journée noire dans les écoles et les crèches

SOCIAL / Les professionnels de la petite enfance font grève, pour dénoncer des conditions qui se dégradent. Une situation de plus en plus tendue, notamment dans les crèches qui vont vers du surnombre sans plus de places ou de moyens. Reportage à la crèche des Petits Lutins à Gap

 

- Alpes du Sud - 

 

Journée noire dans les écoles et les crèches. Les personnels de la petite enfance sont en grève ce jeudi en France et dans les Alpes du Sud. Des personnels qui demandent une revalorisation des salaires et des carrières, la prise en compte de la pénibilité. Beaucoup de parents devront donc trouver un plan B pour pallier à l’absence des ATSEM, des agents de cantine, des responsables de l’accueil périscolaire et de certains professionnels de crèche.

 

Crèche : une situation de plus en plus tendue

Dans les crèches, les professionnels dénoncent des structures qui vont vers du surnombre sans plus de moyens. « Même moi en tant que directeur et éducateur jeunes enfants, je me demande parfois si je vais rester longtemps dans le métier. Ça ne répond plus à nos valeurs », témoigne Christopher Brown, le directeur de la crèche des Petits Lutins à Gap.

Les professionnels de la petite enfance n’en peuvent plus, ils sont las des conditions de travail qui se dégradent et des accueils qui vont dans le surnombre. Une situation qui risque d’empirer puisque la réforme envisagée par le gouvernement autorise un accueil en surnombre passant de 110 % à 115 % tous les jours, sans avoir plus de superficie et encore moins de personnel. Exemple à la crèche des Petits Lutins qui a actuellement un agrément de 20 places, « avec le nouveau décret, on monte à 23 ».

 

« Je suis obligé de laisser partiellement la partie administrative pour intervenir auprès des enfants », C. Brown

 

Pour épauler ses équipes, Christopher Brown laisse de côté la partie administrative, comme la secrétaire de la crèche, elle aussi formée au milieu de la petite enfance. « Ça devient de plus en plus lourd au niveau des équipes : on a de plus en plus d’enfants avec des espaces qui ne sont plus adaptés », poursuit le directeur. Pour éviter le surnombre, la crèche a donc libéré des chambres pour en faire des espaces d’ateliers. Et ainsi éviter l’« effet domino » : un enfant pleure, et ce sont plusieurs qui suivent. Un effet qui n’est pas sans incidence sur la santé des petits et du personnel, « la médecine du travail estime que 3-4 enfants qui pleurent en même temps, c’est l’équivalent du bruit d’un marteau piqueur ». Autre point de crispation : le gouvernement prévoit d’assouplir depuis fin août le recrutement de salariés non diplômés et de les former en interne.

À Digne les Bains, les accueils périscolaires des écoles sont fermés dans 10 établissements sur les 11 que compte la ville. Seule l’école de Beausoleil n’est pas impactée. Le service de restauration scolaire sera maintenu dans toutes les écoles, mais la Ville invite les parents à n’utiliser ce service que si aucune solution alternative n’est possible.

 

C. Cava Michard