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Alpes du Sud : crise au sein du CHICAS, les origines

SANTÉ / Dans un rapport de janvier 2019, l'Agence Régionale de Santé écrivait au sujet du docteur Raouf Hammami que son retour au sein de l’établissement « n’est pas possible compte tenu des menaces proférées et de l’état d’esprit dans lequel il demeure ». Ce praticien a été réintégré dans ses fonctions en mars. Depuis, c'est une cascade de démissions et d'arrêts maladie

 

 

- Alpes du Sud - 

 

Crise au sein de l’hôpital de Gap : les origines du conflit. Alors que le Ministère de la Santé pourrait trancher prochainement, les arrêts maladie et les démissions s’enchaînent au sein de l’établissement hospitalier. Le retour du docteur Raouf Hammami semble mettre en péril tout le service d’orthopédie, mais au-delà tout l’hôpital avec la continuité des soins qui ne serait plus assurée. Comment le retour d’un praticien a-t-il pu faire basculer tout un établissement ? Alpes 1 s'est procuré le rapport de l’ARS datant de janvier 2019. 

 

2016 : un audit de fonctionnement met le feu aux poudres

Il faut revenir à juin 2016, la direction du CHICAS fait appel à un cabinet de consultants. Il doit réaliser un audit de fonctionnement du bloc opératoire. La conclusion tombe : le docteur Raouf Hammami réalise deux fois moins d’interventions que la moyenne de ses collègues. S’il lui est demandé d’augmenter son activité pour conserver dix plages opératoires, l’audit fait l’objet de vives discussions dans le service. Le docteur Gilles Norotte, mis en cause aujourd’hui dans le dossier de la cimentoplastie discale, aurait alors interpellé son confrère, le traitant de « fainéant ».

 

« La mission fait le constat d'une détermination sans faille de la part du docteur Hammami pour mettre à jour la pratique libérale de ses confrères, qu'il dénonce comme illégale, et de son acharnement à obtenir des sanctions à leur encontre », ARS, janvier 2019

 

L’ARS, dans son rapport de 2019, constate alors un véritable « acharnement » de la part d’Hammami, qui demande à plusieurs reprises à la Commission d’Activité Libérale de vérifier l’activité de son collègue, il demande par ailleurs une enquête pour mettre en évidence des fraudes. Son but : obtenir des sanctions. Les relations se détériorent, les menaces se multiplient de la part d’Hammami, que ce soit auprès de « la direction ou de ses collègues ».  Interrogé par les rapporteurs, le docteur Gilles Norotte témoigne de menaces de mort contre lui et sa famille qui lui « font faire des cauchemars ». Les propos du docteur Hammami montent en virulence, « je vais détruire ce service pour pouvoir le reconstruire » déclare-t-il de multiples fois lors des entretiens. L’Agence Régionale de Santé est claire dans sa conclusion : le praticien fait régner un climat de peur, elle est convaincue que son retour au sein de l’établissement « n’est pas possible compte tenu des menaces proférées et de l’état d’esprit dans lequel il demeure ».

Alors qu’il est mis à pied à titre conservatoire, le docteur Hammami dénonce la pratique de cimentoplastie discale de Gilles Norotte. Une méthode aujourd’hui sous le coup d’une procédure judiciaire, car estimée non valide en France. Pourtant, le praticien en avait connaissance dès mai 2016, puisqu’il était chef du service orthopédie à ce moment-là. Ce serait une véritable chasse à l’homme qu’il aurait engagée pour obtenir des sanctions. Selon l’ARS, il aurait fouillé dans les dossiers médicaux de son confrère. 104 dossiers seront consultés à huit reprises, y compris durant ses arrêts de travail.

Suspendu pendant une période, le docteur Raouf Hammami a été depuis réintégré dans ses fonctions, depuis l’obtention du statut de lanceur d’alerte par le Défenseur des Droits. Ce mercredi, dans le "8:30", retrouvez l’interview du docteur Jérôme Atger, chirurgien viscéral et praticien au sein de l'hôpital depuis 24 ans, et Pierre Yvan Simonoviez, chef du service anesthésie réanimation et directeur médical de la crise COVID, ils sont tous deux démissionnaires. Le podcast est ici

 

C. Cava Michard