Alpes du Sud : « l’économie quatre saisons ne s’est pas mise en place » dans les stations

POLITIQUE / Joël Giraud, secrétaire d'État en charge de la ruralité, était l'invité du "8:30" avant sa visite dans les Alpes du Sud. Crise sanitaire, remontées mécaniques à l'arrêt, restauration au point mort... l'élu se montre favorable à une approche territorialisée de la crise sanitaire. Quant aux stations, il veut accélérer la diversification de l'offre touristique l'hiver, hors ski alpin

 

- Alpes du Sud - 

 

« Est rural la condition des choses et des gens de la campagne », voilà la définition que donne le Larousse. Depuis des décennies, les territoires ruraux se sont battus pour avoir une vraie prise en compte de leur réalité qui ne soit plus en lien avec l’urbain. Une réévaluation de la place de la ruralité qui semble être chose faite depuis le dernier comité interministériel aux ruralités en décembre dernier. Une définition a été apposée sur la ruralité, elle s’attache au critère de la densité de la population. « Cela changera pour la Dotation d’Équipements aux territoires ruraux, explique Joël Giraud, le secrétaire d’État en charge de la ruralité, ce sont ces collectivités denses ou peu denses qui bénéficieront de cette dotation. Au-delà, les enveloppes allouées par département prendront en compte cette définition et seront rééquilibrées. Car nous avions parfois des départements très ruraux avec peu de dotations contre des départements urbains avec une plus grosse enveloppe ».  

 

Les Alpes du Sud, un territoire sinistré ?

Alors que Joël Giraud est en visite aujourd’hui dans les Alpes du Sud, il sera bien évidemment attendu sur le dossier des remontées mécaniques qui resteront à l’arrêt cet hiver. Dans les Hautes-Alpes, l’Agence de Développement craint une casse de l’emploi avec un chômage de masse. Joël Giraud redoute également ces « dégâts sociaux pour ceux qui ne sont pas embauchés par les remontées mécaniques ». Car pour ces saisonniers qui n’ont pas signé de contrats pour cet hiver, il n’y aura pas de chômage partiel, « c’est le trou dans la raquette, de ceux qui sont en dehors des circuits d’indemnisation ». Un travail de recherche est actuellement mené par Pôle Emploi pour repérer les situations les plus graves.

 

« L’économie quatre saisons ne s’est pas mise en place », J. Giraud

 

La crise sanitaire a donc accéléré ce constat : les stations ne doivent pas faire reposer leur modèle économique uniquement sur le produit ski alpin. « L’économie quatre saisons ne s’est pas mise en place », constate le Ministre. Si l’État a arrêté de subventionner les canons à neige, certaines collectivités comme la Région non, « il faut être raisonnable et faire en sorte qu’il y ait une stabilisation de l’offre touristique, car il ne faut pas négliger les remontées mécaniques, mais avoir aussi un certain nombre d’activités hivernales qui fonctionnent quel que soit l’état du manteau neigeux ».

 

Vers une approche territorialisée des restrictions sanitaires ?

Jean-Michel Arnaud, le sénateur des Hautes-Alpes, demande une réouverture des restaurants, estimant que le couvre-feu favorise les fast-foods au détriment des territoires ruraux. Quant à Joël Giraud, il se dit favorable à une approche territorialisée des restrictions, « nous sommes dans un pays très centralisé, c’est quelque chose de difficile à mettre en œuvre mais il faudra y arriver avec des poches de contamination importantes ». Un premier pas pourrait être franchi avec la ville de Nice qui fait face à une flambée des cas de coronavirus, des pistes sont aujourd’hui envisagées notamment un confinement le week-end. Un confinement qui pourrait être nationalisé ? « Si la situation reste sur ce plateau, il faudra prendre des mesures régionalisées mais pas dans une période touristique », estime le secrétaire d’État. Retrouvez ici l'entretien de Joël Giraud, secrétaire d'État en charge des ruralités, dans "Le 8:30". 

 

C. Cava Michard