Alpes du Sud : quotas sur l’immigration économique, qu’en pensent vos députés ?

POLITIQUE / Le Premier Ministre Édouard Philippe a confirmé ce mercredi l’instauration de quotas pour réguler l’immigration économique

 

- Alpes du Sud -

 

L’immigration économique en France sera donc régie par des « quotas ou des « objectifs quantitatifs, les deux termes me vont » déclarait ce mercredi le Premier ministre, Édouard Philippe, lors d’une conférence de presse à Matignon. L’idée était envisagée, elle est donc aujourd’hui validée. Selon le gouvernement, les quotas fonctionneront comme une « fourchette » qui ne sera pas limitative. Ils seront débattus chaque année au Parlement dès 2020.

 

33.000 titres de séjours par an

L’immigration professionnelle représente 33.000 titres de séjour par an, c’est donc 13 % des titres délivrés annuellement. Selon la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, de « nombreux emplois sont vacants, on n’arrive pas à les pourvoir », tout en ajoutant que la priorité sera de permettre aux demandeurs d’emplois « et aux jeunes de notre pays d’y accéder ». Le recours à l’immigration professionnelle interviendra donc dans un second temps pour combler les besoins non pourvus.

 

« Le sujet n’est pas les quotas, qui sont contre productifs », D. Bagarry

 

Premier avis d’une députée dans les Alpes du Sud : celui de Delphine Bagarry, élue dans les Alpes de Haute-Provence. Si la parlementaire se réjouit de ce débat, elle estime que les « quotas ne marchent pas ». Delphine Bagarry envisage plutôt de faciliter l’embauche des étrangers, « notamment les personnes qui sont en France depuis de nombreuses années », « les autorisations de travailler en adéquation avec les compétences des personnes, les besoins des entreprises et des territoires ».

 

« Une mesure de pragmatisme qui ne conduira pas à une concurrence avec la main d’œuvre locale », J. Giraud

 

Voilà peut être un point de friction entre le Premier ministre et le rapporteur général du budget et député des Hautes-Alpes : Joël Giraud n’aime pas le terme de « quotas. Bien qu’il s’agisse de sémantique, ce mot est souvent utilisé par l’extrême droite qui lui donne un sens très fermé et nauséabond ». Si Joël Giraud se dit opposé à une « immigration choisie », il avance un côté « souple et accueillant » dans les propositions du gouvernement. Selon le parlementaire, beaucoup de secteurs « sous tension » peinent toujours à recruter, « c’est pour répondre à ces pénuries de main d’œuvre sectorielles que le Premier Ministre a annoncé la mise en place d’objectifs chiffrés d’immigration professionnelle ». Une liste de ces secteurs prioritaires devrait être actualisée chaque année « pour mettre fin à un grave retard en la matière qui nous mène à mal identifier la demande de travail ». Joël Giraud veut aussi mettre fin à ce qu’il qualifie de « fantasme : l’immigration professionnelle représente une part très minoritaire du total des flux réguliers. Ce dispositif ne conduira pas à ce que l’immigration professionnelle entre en concurrence avec la main d’œuvre locale ».

 

« Il ne faut pas parler de quotas mais d’objectifs à atteindre pour l’intégration professionnelle des personnes étrangères », P. Boyer

 

L’autre députée des Hautes-Alpes, Pascale Boyer, diffère très peu de l’avis de son homologue. Elle met en avant l’équilibre à trouver entre l’intégration professionnelle des personnes étrangères ayant un titre de séjour, et la difficulté des entreprises à recruter. La parlementaire met aussi en avant « l'intégration professionnelle des femmes migrantes qui bénéficie d'une attention particulière ».

Contactée, Emmanuelle Fontaine-Domeizel, députée des Alpes de Haute-Provence, n’a pu répondre à la question, actuellement en déplacement parlementaire à Toronto au Canada.

 

C. Michard