Alpes du Sud : gilets jaunes et conséquences économiques

ÉCONOMIE / Plus de deux semaines de mouvement et le monde économique et patronal dressent un constat amer : chômage partiel, embauches annulées, salariés forcés de prendre des récupérations, perte sèche de chiffre d'affaire...

 

- Alpes du Sud -

 

Le mouvement des gilets jaunes a aussi ses revers et ses conséquences… économiques. Comme le constatent les chambres consulaires et les représentants du patronat des Alpes du Sud. Dans les Hautes-Alpes, Laurent Brutinel, le président de l’Union pour les entreprises (UPE 05), s’inquiète. Si le représentant partage les inquiétudes des gilets jaunes quant à une France pays trop taxé, « il faut savoir que le pays est vice-champion du monde avec un taux de prélèvement de 45,3 % du PIB », il dresse le constat d’un mouvement ingérable :

Laurent Brutinel.

 

 

« On creuse notre tombe, Amazon se frotte les mains », L. Brutinel

 

Alors que certains gilets jaunes appellent à durcir le mouvement, Laurent Brutinel dresse déjà un constat chiffré sur les conséquences de la mobilisation.

 

Chômage partiel, embauches annulées, salariés forcés de prendre des récupérations...

Et les victimes directes, selon lui, ce n’est pas l’État mais le commerce local et les emplois qui en découlent. « Dans le Gapençais, ce sont une 50aine d’emplois saisonniers qui n’ont pas pu être embauchées. Dans le Sisteronais, certaines entreprises ont réalisé les week-end derniers seulement 4 % de leur chiffre d’affaires ! », s’indigne le représentant du patronat et des PME dans les Hautes-Alpes. Sans parler de certains commerçants obligés de mettre leurs salariés « en chômage partiel ou de leur faire prendre des récupérations ».

 

« Nous lançons un message d’alerte et d’ouverture »

Dans les Alpes de Haute-Provence, ce sont Daniel Margot, président de la CCI et Didier Long, président de l’Union des Entreprises (UDE 04) qui s’alarment. Avec une double appréhension : celle des commerçants qui perdent patience, voyant s’évaporer « les 30 à 35% de leur chiffre d’affaire annuel réaliser sur ces 2 dernier mois de l’année », et de voir également les consommateurs « partir faire leurs achats sur d’autre zone d’activités, comme plan de campagne. C’est une perte sèche pour notre territoire » :

Didier Long et Daniel Margot.

 

 

« Ils ne faut pas que les gilets jaunes scient la branche sur laquelle ils sont assis », D.Margot.

 

Pour autant le monde économique et patronal « comprennent » l’exaspération des gilets jaunes et se dit « prêt à tendre la main », pour éventuellement rejoindre le mouvement, mais sous condition : « sortir d’une certaine forme radicalité sans bloque l’économie du département » :

Notez enfin que ce week-end sera mis en place un numéro de téléphone direct avec la préfecture, mis à disposition des commerçants du département, afin de signaler tout débordement ou entrave au commerce. Le préfet, Olivier Jacob, qui rappelle qu’il sera « intraitable » sur l’entrave à la circulation dans les jours à venir, assurant également son soutient auprès des commerçants et entreprises en difficulté pour simplifier la mise en place de chômage technique ou partiel ainsi que le report ou l’étalement du paiement des taxes.

 

Retrouvez l'intégralité de l'interview de Laurent Brutinel, avec Cyrielle Michard, ici.

Retrouvez l'intégralité de l'interview de Daniel Margot et Didier Long, avec Alex Cam, ici.