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Alpes du Sud : législatives, retour sur un week-end d’investitures pour Les Républicains

POLITIQUE / On connaît désormais la liste des candidats Les Républicains pour les élections législatives en juin prochain, officialisée ce samedi à Paris en conseil national. Sur les quatre circonscription des Alpes du Sud, une est réservée à l’UDI. Et déjà une dissidence annoncée.

 

- Alpes du Sud -

 

Le Conseil national du parti Les Républicains a entériné, ce samedi, la liste de ses candidats pour les élections législatives de juin prochain. Au niveau national, 466 candidats ont été investis, loin de réaliser une parité parfaite avec 168 femmes et 298 hommes.

 

Retour sur des investitures très discutées dans les Alpes du Sud

Retour en juin en 2016, avec les premières investitures qui avaient été données, contre l’avis des rivaux de Nicolas Sarkozy, alors président de Les Républicains, souhaitant d’abord connaitre le nom du gagnant de la primaire. Une date où quelques éléments de taille n’avaient pas encore été réglés, comme la parité mais aussi la négociation avec le Centre. Les Républicains qui seraient aujourd’hui prêts à envisager un groupe de 50 députés centristes, mais sans « aucune discussion avec le MoDem », précise Jean-François Lamour.

Deuxième épisode : la victoire de François Fillon à la primaire le 27 novembre et la reprise des dossiers en main par l’équipe Fillon. Exit Christian Estrosi, alors président de la CNI et place à un proche, Jean-François Lamour. Depuis le message est clair, « il faut donner à François Fillon le contre-exemple de ce qui est arrivé à François Hollande : une majorité solide », dit-il. Pas question de se retrouver avec des frondeurs à l’Assemblée en cas de victoire.

Et depuis, chaque candidat à l’investiture dans les Alpes du Sud se trouve une raison (pas toujours valable) de devenir Filloniste après la primaire, dans l’espoir d’accrocher son nom sur la nouvelle liste des candidats investis. Coup de menton et déstabilisation en tout genre, tout y passe dans nos territoires, entre ceux choisis en juin et ceux qui souhaitent récupérer la campagne en route.

 

Les gagnants et les perdants dans les Alpes du Sud :

Dans la première circonscription des Hautes-Alpes, tenue par la socialiste Karine Berger (candidate à sa succession)  :

La perdante : Corinne Chanffray. Un cas, au sein de la famille de Les Républicains, qui a réellement posé problème. Investie en juin, l’assistante parlementaire de la sénatrice Patricia Morhet-Richaud n’aura su apporter une dynamique à sa campagne. Sans soutien, à l'exception de celui de la sénatrice, la candidate n’a su rassembler autour de son nom. Pire, certaines portes se sont même fermées et nombreux sont ceux qui ont remis en question sa légitimité.

La gagnante : Catherine Asso. Candidate malheureuse en juin, après des accords non respectés par certains dirigeants du parti dans les Hautes-Alpes, Catherine Asso (filloniste historique et élus à la ville de Gap), n’aura eu cesse de ronger son frein en silence. Attendant patiemment la victoire de François Fillon à la primaire pour revenir dans le jeu et appuyée dans sa démarche par une autre filloniste, l’ancienne députée et maire de Laragne-Montéglin, Henriette Martinez.

 

Catherine Assso.

 

Fin du suspense du côté du maire de Gap également ? Et dans ce cas, la réponse semble être dans la question, tant il est difficile d’imaginer un scénario dans lequel Roger Didier, qui a toujours voulu garder le silence sur cette question, se lancerait seul contre tous dans une campagne pour la législative, alors qu’il a eu le champ libre de la part de la droite pour remporter la présidence de l’agglomération de Gap.

 

Dans la deuxième circonscription des Hautes-Alpes, tenue par le radical de gauche, Joël Giraud (candidat à sa succession)  :

Le gagnant : Arnaud Murgia, président LR des Hautes-Alpes, conseiller départemental et investi en juin 2016. Il vient d’être conforté comme candidat de son parti par l’équipe de François Fillon.

 

Arnaud Murgia.

Chantal Eymeoud, l’indécise

Si la validation de l’investiture d’Arnaud Murgia devait engager Les Républicains et théoriquement l’UDI dans leurs accords de campagne, selon Chantal Eymeoud, présidente de l’UDI 05, 2ème vice-présidente de la Région Paca et toujours officiellement candidate investie par l’UDI, « chaque parti investit les siens et ensuite l’UDI et LR discuteront sur les circonscriptions. »

En clair, selon le maire d’Embrun, étant toujours investie par son parti et un accord n’ayant pas été trouvé entre la droite et le centre sur la circonscription, celle-ci se réserve toujours l’option de déclarer sa candidature, sans le soutien de Les Républicains, « après la présidentielle », comme elle le signifiait sur Alpes 1.

Et de ce point du vue, la direction de Les Républicains envisage aussi le cas de circonscriptions où seraient présents à la fois un candidat LR et un candidat UDI. « Est ce que cela serait un drame s'il y avait une primaire dans certaines circonscriptions ? Quand on a deux bons candidats potentiels...» s'interroge un proche de Fillon sur France Info. Dans son esprit, cette « primaire » serait en fait le premier tour des législatives, qui permettrait de départager les deux prétendants. Évidemment, Les Républicains ne prendront pas de risques : ce cas serait réservé aux circonscriptions où cette compétition ne peut pas leur barrer l'accès au second tour.

Quoi qu’il en soit, du côté d’Arnaud Murgia les affiches de campagne sont prêtes à partir chez l’imprimeur avec les logo Les Républicains et UDI. Et toujours selon une source interne au parti, Jean-François Lamour, président de la commission nationale d’investiture (CNI) de Les Républicains, a été très clair : « des circonscriptions ont bien été réservées à l’UDI et la seconde circonscription des Hautes-Alpes n’en fait pas partie ! »

Mais cette nouvelle ne semble ni ébranler, ni presser Chantal Eymeoud pour donner sa réponse définitive et auquel cas s’effacer derrière Arnaud Murgia : « rien ne presse » annonce l’élue sur Alpes 1. Quand à Arnaud Murgia, il n’a aucun doute sur le fait que le maire d’Embrun se joindra à sa campagne. « Je comprends qu’il lui faille du temps pour encaisser la nouvelle, mais nous l’avons soutenue d’un seul homme en 2012 (pour la campagne des législatives). Je sais qu’elle en fera de même dans ma campagne », déclare le candidat sur Alpes 1, qui souhaite maintenant mettre en place une union forte à droite dans le département pour soutenir la campagne de François Fillon.

 

Dans la première circonscription des Alpes de Haute-Provence, tenue par le socialiste Gilbert Sauvan (pas candidat à sa succession)  :

La perdante : Magalie Surle. Le maire de Colmars perd son investiture au profit d’une circonscription « réservée ». Ce qui signifie que suite aux accords de la CNI, l’UDI se voit la possibilité de proposer un(e) candidat(e) dans cette circonscription avec le soutien de Les Républicains pour les législatives de juin prochain.

Mais Sébastien Ginet, président du parti dans le département, souhaite « tout faire pour que lors des prochains accords, les partis de droite et du centre revoient leur copie et choisissent le maire de Colmars. » Manière d’annoncer qu’il ne soutiendra pas celui qui, depuis des semaines, tente de remporter la mise sur cette circonscription, Bruno Bourjac, qui face à cette annonce doit encore décider de la suite à apporter à sa campagne avec son équipe.

Une annonce qui en dit également long sur les rapports entre la droite et le centre dans le département, puisqu’il n’est donc pas automatique dans l’esprit de Sébastien Ginet, que l’UDI sera fatalement porteur de cette candidature.

Alors qui au centre ? Clotilde Berki, conseillère départementale (UDI) de Manosque-3, déjà investie par son parti, comme indiqué sur le site de l’UDI ? Michel Vittenet, maire (UDI) d’Oraison, « dans les starting block pour la campagne », selon ses proches ? Ou encore la présidente du parti Joëlle Tébar qui ne « s’interdit rien » ? Une seule conclusion à cette heure, au Centre, les discussions seront elles aussi fournies dans les jours à venir.

 

Dans la deuxième circonscription des Alpes de Haute-Provence, tenue par le socialiste Christophe Castaner (candidat à sa succession) :

Les perdants : Jean-Claude Castel et la myriade de candidats en opposition à la candidature de Sébastien Ginet.

Dans cette circonscription, le mot d’ordre, plus ou moins avoué, aura été « tout sauf Sébastien Ginet ». Le président, très largement élu à la tête du parti dans le département, aura fait face à toute sorte d’attaques et de candidatures plus ou moins folkloriques. Avec un avantage de poids depuis le début de cette fronde, aucun accord entre les candidats à une nouvelle investiture afin de faire bloc. Et des candidats sans vrai programme et sans ancrage sur le territoire.

Le gagnant : c’est clairement une nouvelle victoire pour Sébastien Ginet, face à des oppositions dans sa propre famille politique, avec à l’issue l’espoir de voir la droite se reconstruire ? Pas si sûr…

 

Sébastien Ginet.

 

Jean-Claude Castel, maire (LR) de Corbière et conseiller départemental d’opposition a officialisé, ce dimanche dans un communiqué, sa candidature pour tenter de conquérir la circonscription, se lançant dans la course à la députation en dissident. « La décision du conseil national des Républicains de ce jour, de maintenir Sébastien Ginet, le candidat désigné par Nicolas Sarkozy en juin dernier, ne diminue en rien ma volonté de m’investir pour mon département. J’ai décidé d’entrer en résistance face à ce choix dicté par des politiciens qui ne se préoccupent pas de notre territoire », a-t-il déclaré, tout en risquant l’exclusion de son parti.

Et pour tordre le coup tout de suite à d’éventuelle rumeurs d’accord avec le FN, l’élu nous confirme également qu’il ne s’alliera pas avec le parti frontiste, s’il est exclu de son parti. Une droite qui retrouve ainsi ses anciens démons… la désunion, avec en ligne de mire la défaite, comme lors des sénatoriales ?  À moins bien sûr que Les Républicains fassent bloc ? Mais derrière quel candidat ?