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Alpes du Sud : neige de culture, entre nécessité pour l'économie et dommages pour l'écologie

STATION / Alors que la neige a été désirée et attendue, certains veulent développer le réseau de neige de culture. Quand d'autres craignent un impact écologique



- Alpes du Sud -

Si la neige ne tombe pas du ciel, il faut la faire sortir de canons ! Alors que la poudreuse a fait son arrivée tardive en ce début janvier dans les Alpes du Sud, de nombreuses voix de socioprofessionnels s’élèvent pour appeler au développement des enneigeurs, communément appelés canons à neige. Des appareils arrivés en France dans les années 80, mais qui ne font pas toujours l’unanimité, certains reprochant de faire passer l’économie avant l’écologie. 


Un tapis de neige de culture pour asseoir le début de saison

 

Les canons à neige sont devenus aujourd’hui nécessaires pour la bonne vie économique des stations. Car quand la neige est là, tout va, les saisonniers sont embauchés à temps et les vacanciers peuvent profiter des pistes ouvertes et consommer des forfaits. Mais quand elle se fait désirer, ce sont les tiroirs caisse des remontées mécaniques qui ne s’ouvrent plus. Pour ces vacances de Noël, la perte est estimée à 40 % pour les stations.



La neige de culture devient donc un outil économique indispensable. "En aucune façon on ne peut envisager de reproduire les cumuls de neige que le ciel nous donne. La neige de culture est un outil d'aide d'exploitation", explique sur Alpes 1 Laurent Reynaud, délégué général de Domaines Skiables de France, la chambre professionnelle des opérateurs des remontées mécaniques et domaines skiables.


En France, le taux d'équipement en enneigeurs est de 30 %. Il est de 60 % en Autriche


La France accuse donc un retard en matière d'équipements de neige de culture. Certains voudraient aller plus loin dans l’équipement des stations, quand d’autres pointent les effets sur l’environnement. Car fabriquer de l’or blanc nécessite d’énormes quantités d’eau. "La neige de culture fabrique de la glace sur la montagne, l'eau se réinflitre dans les sols. De plus, il n'y a aucun produit chimique, c'est de l'eau et de l'air", poursuit Laurent Reynaud.


Et face au réchauffement climatique ?


C’est entre – 10 et – 20 degrés que se forme la neige de culture. Mais face au réchauffement global, investir dans des canons à neige pourrait n’avoir aucun intérêt sur le long terme. Selon certains spécialistes, dès 2 degrés d’augmentation, il ferait trop chaud pour avoir un tapis de neige suffisant. L’échéance est à moyen terme, on parle des 20 prochaines années.

Mais les Domaines Skiables de France avancent d’autres chiffres, même avec une augmentation de température de 1,8 degré, l’enneigement de base avant Noël est garanti jusqu’à 2050. "Le réchauffement ne concerne pas le coeur de l'hiver, la neige de culture réduit donc notre exposition à l'aléa climatique. Qui est aujourd'hui divisé par trois", défend le responsable des Domaines Skiables de France.

Néanmoins, le recours aux enneigeurs n’est pas sans coût : plusieurs centaines de milliers d’euros par an, qui peuvent nuire considérablement aux profits de petites stations. Face à la perte de rentabilité et au risque de faillite, il faut s’attendre à des demandes de subventions des stations dans les années à venir.