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Alpes du Sud : la médecine de proximité dans le lit du malade

SANTE / Selon le dernier Atlas de la Démographie Médicale, les Hautes-Alpes et les Alpes de Haute-Provence perdent encore des médecins généralistes. Une situation qui va s'aggraver

Alpes du Sud – Un problème, des solutions, mais pas d’espoir… Un problème : les Alpes du Sud n’attirent pas les jeunes médecins. Des solutions incitatives ou coercitives sont avancées. Mais pas d’espoir face à ce constat : le nombre de médecins généralistes continue de décroître dans les Hautes-Alpes et les Alpes de Haute-Provence. Une conclusion de l’Atlas de la Démographie Médicale, sous la direction de l’Ordre National des Médecins.

Dans les Hautes-Alpes, c’est la diminution : entre 2007 et 2013, on a perdu trois généralistes (288 en 2007, 285 en 2013), et la diminution va se poursuivre selon les prospectives. En 2018, le département en aura perdu encore deux. Dans les Alpes de Haute-Provence, la baisse est un peu plus nette : de 277 médecins généralistes en 2007, le département en enregistre 270 aujourd’hui, ils seront 265 en 2018. Un problème qui risque de s’aggraver car la moyenne d’âge des généralistes dans les deux départements est situé à 52 ans, plusieurs vont donc partir à la retraite dans les années qui viennent. Et la relève n’est pas présente puisque les généralistes de moins de 40 ans représentent moins de 10 % des effectifs.  

D’où l’importance aujourd’hui de rendre les départements attractifs aux installations. Mais là encore, on est face à un mur. En 2012, la région PACA enregistrait 398 nouvelles inscriptions. 3,5 % d’entre elles étaient dans les Hautes-Alpes, seulement 1 % dans les Alpes de Haute-Provence, contre 45,8 % pour les Bouches-du-Rhône. L’une des solutions pour attirer les jeunes médecins : les regroupements.

« L’exercice regroupé permet aux médecins de ne pas être totalement dépendants du lieu d’exercice. Ça permet de se partager le temps, les urgences et un jeune médecin pourra prendre conseil sur son confrère », explique Guy Bompard, président de l’Ordre des Médecins dans les Hautes-Alpes. Les maisons médicales sont donc un bon moyen d’attirer les installations. Sauf que… « La maison médicale d’Aiguilles dans le Queyras par exemple n’a rien apporté, car elle fonctionne avec un seul médecin que Séliance envoie », poursuit le président.

Dans les Alpes de Haute-Provence, le département est à la traîne face aux maisons médicales. « Nous n’en avons qu’une seule du côté de Castellane », témoigne Patrice Borel, secrétaire de l’Ordre des Médecins 04.

Alors que faire ? Obliger les jeunes médecins à s’installer dans les territoires ruraux ? Mauvaise idée selon Guy Bompard : « Si on veut les obliger à s’installer, ils prendront un poste de salariés dans un établissement public ou privé », explique-t-il sur Alpes 1. « Il faut donner de l’attrait à nos départements ». Pour le docteur Patrice Borel, tout se joue à la source, au niveau du numerus clausus, le quota qui limite le nombre d’étudiants accédant à la 2ème année de faculté.

Mais depuis trois ans, ils ne bougent pas et restent stables à 7 500 étudiants acceptés chaque année. Et le gouvernement a également annoncé qu’il serait gelé pour 2014 : « Le numerus clausus date de 1971, il était de plus de 8500. 42 ans après, on permet à moins d’étudiants d’accéder à la carrière médicale. Parallèlement, on laisse entrer des médecins étrangers », regrette le secrétaire de l’Ordre des Médecins 04.

Enfin, contrairement aux médecins généralistes, les spécialistes suivent la courbe inverse et augmentent. Dans les Alpes de Haute-Provence, on est passé de 168 en 2007 à 174 en 2013 et une prospective à 178 pour 2018. Dans les Hautes-Alpes, ils étaient 214 en 2007, 233 cette année et 248 pour 2018.