Alpes du Sud - Une femme tuée tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint, 200 femmes violées chaque jour en France et seulement 10 % des victimes de violences qui osent en parler. Les chiffres avancés à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes sont terrifiants. Afin de marquer les esprits et de dénoncer ces actes, l’heure est à la mobilisation ce lundi dans les Alpes du Sud.
Entre 300 et 350 victimes de violences conjugales poussent chaque année les portes du CIDFF 04. Un chiffre pourtant bien loin de refléter la réalité. « Ce chiffre ne représente que les femmes qui font la démarche de venir nous rencontrer. Il ne représente ni l’ampleur du phénomène, ni le nombre de dépôts de plainte », a expliqué sur Alpes 1, Géraldine Lafond, la directrice du Centre d’Information sur les Droits des femmes et des familles dans les Alpes de Haute-Provence.
Car si dans le 04 la structure existe depuis plus de 30 ans, dans les Hautes-Alpes, les locaux ont été rouverts il y a un peu moins d’un an. 29 victimes de violences se sont rapprochées du centre pour parler de ce sujet encore tabou. « Les violences envers les femmes peuvent s’exercer dans la sphère familiale, mais aussi dans l’espace public ou dans l’univers professionnel. Elles peuvent prendre différentes formes : des agressions sexuelles, des viols, des violences psychologiques, des mutilations sexuelles, des violences physiques ou encore des mariages forcés », confie Brigitte Nectoux, la présidente du CIDFF 05. Et c’est justement pour que les victimes n’hésitent plus à s’exprimer que les CIDFF des Alpes du Sud sont mobilisés ce lundi. Dans les Hautes-Alpes, un accueil de jour pour femmes victimes de violences conjugales doit être inauguré. « Il s’agit d’un lieu convivial pour que les femmes puissent se ressourcer, obtenir des informations sur leurs droits et souffler en amont de dispositifs d’urgence comme par exemple un départ du domicile conjugal », précise Brigitte Nectoux.
Le départ du domicile, un pas souvent difficile à franchir. Souvent les mères procèdent à cette démarche pour leurs enfants. La santé des enfants qui fait d’ailleurs l’objet d’une exposition au CIDFF des Alpes de Haute-Provence. Une exposition intitulée « le monde du silence ». « Les études montrent maintenant que les enfants exposés à ces violences conjugales ressentent les mêmes troubles et subissent les mêmes conséquences que les victimes directes », reconnait Géraldine Lafond.
Sachez enfin que l’an
dernier, 145 femmes sont décédés sous les coups de leurs conjoints sur le
territoire français. Ce lundi soir,
une projection débat autour du film « où va la nuit » est proposée au
cinéma « Le Club » de Gap. Inscription par mail à l’adresse [email protected].
A noter que ce vendredi, la Ministre des Droits des Femmes Najat Vallaud Belkacem, a dévoilé le quatrième plan de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes. Le budget consacré à la lutte contre les violences faites aux femmes va doubler, passant de 30 à 66 millions d'euros pour les trois ans à venir. Le dépôt de plainte sera également généralisé en cas de violences.
